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Mauritius Business Awards : contradictions et manque de clarté se chevauchent 

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Les versions divergent au sein de Mokingo MBA Ltd. D’abord au sujet du poste de General Manager. Si Jamie Walsh, qui se présente comme la Global Brand Manager de National Film Awards (UK, USA, France, Africa), affirme que Maxime Chérubin n’a jamais occupé ce poste, des courriels adressés au Défi Media Group viennent toutefois dire le contraire. Ce ne sont pas les seuls éléments troublants notés.

Poste de General Manager : le flou

Maxime Chérubin était-il, oui ou non, le General Manager de Mokingo MBA Ltd ? Tard dans la soirée du lundi 31 janvier 2022, Jamie Walsh, qui se présente comme la Global Brand Manager de National Film Awards (UK, USA, France, Africa) et membre du Mokingo International Group, a réagi au nom de l’entreprise dans un mail envoyé au Défi Media Group dont elle réprouve la démarche. 

Selon elle, Maxime Chérubin n’a jamais occupé ce poste. « Défi Group Limited published Mr. Cherubin as General Manager, this was not confirmed by us or our company or in writing by our board of Directors », dit-elle dans son mail.  Son poste pas clairement défini, dit-elle. 

Pourtant, dans un courriel en date du 14 janvier 2022, le principal concerné se présente comme étant le General Manager de Mokingo MBA Ltd. D’ailleurs, c’est une employée de la firme, responsable des relations publiques, qui lui a transmis l’appel du Défi Media Group avant que celui-ci lui envoie ses questions par mail. 

Il y a un autre point avancé par Jamie Walsh : Maxime Chérubin avait été employé sur une période probatoire de trois semaines. Or, ce dernier a fourni au Défi Media Group un courriel en date du 14 décembre 2021 qui lui avait été adressé et dans lequel le terme « probation » n’apparaît nulle part (voir Lettre plus loin ). 

Dans une lettre adressée au Défi Media Group le 29 janvier 2022, Maxime Chérubin étale les raisons de sa démission. Il affirme avoir quitté son poste car il a eu des désaccords sur certains sujets avec Jordan Kensington. Parmi : l’absence de clarté sur l’actionnariat de Mokingo MBA Ltd, les conditions de travail des employés, le non-respect des lois du travail (pas de facilités fournies, telles que des tables et des chaises inappropriées et l’absence de thé ou de café, entre autres). Maxime Chérubin a quitté son poste durant la semaine du 24 au 29 janvier 2022. 

Dans une lettre au Défi Media Group, Maxime Chérubin  nous demande de " I would therefore invite you to investigate further on Mr. Kensington's activities in Mauritius and on his fund raising activities through sponsorship."

jordan KensingtonQui est Jordan Kensington ? 

Jordan Kensington se présente comme étant parolier, présentateur radio et télé, fondateur des Urban Music Awards de même que dirigeant de la société Invincible. Sur les réseaux sociaux, il affiche l’image d’un millionnaire et d’un jeune homme d’affaires à succès (jet privé et Rolls-Royce, entre autres). Il a même des photos de sa rencontre avec la reine Elizabeth II, Richard Bronson et d’autres personnalités. 

Cependant, à Maurice, l’homme, qui vit dans la région d’Albion, serait peu connu dans le monde des affaires. Pour certains, ce Britannique de 40 ans serait très discret, et ce bien qu’il ait fait une apparition sur une des chaînes de la télévision nationale en tant que fondateur des Urban Music Awards. 

Loin de sa vie princière qu’il affiche sur les réseaux sociaux, Jordan Kensington vivrait dans une modeste demeure. Il serait véhiculé par un chauffeur local dans une Nissan Almera. Mais quand nous tentons de le joindre par e-mail, c’est la dénommée Jamie Walsh qui répond à sa place. Quant à Gavin Goreeba, il demeure injoignable sur le numéro de téléphone qui lui est attribué. 

 


Former un General Manager en lui conférant des pouvoirs limités pour ensuite ne pas le retenir ? 

Jamie Walsh affirme que Maxime Chérubin a été formé pour le poste de General Manager, mais elle prend le soin de préciser qu’il n’avait que des pouvoirs limités et des accès limités à certaines informations. Or, les courriels qu’il a envoyés au Défi Media Group arborent sa signature et l’intitulé de son poste (voir Image plus bas). 

Dans sa réponse de lundi soir, la Global Brand Manager explique qu’une réunion a eu lieu via ZOOM pour informer Maxime Chérubin de la fin de sa probation. Elle précise qu’il y a un enregistrement vidéo de cet entretien. 

« His termination was also recorded on video by Zoom and will be made available as material evidence if need be in a court case. Hence, this puts you on alert of printing false information. Mr. Cherubin did not resign, his probatory tenure had come to a natural end and hence, the contract was not offered. We have made this absolutely clear that there is evidence of this fact available and will be used against your company in a lawsuit », lit-on dans le courriel de Jamie Walsh. 

Le principal concerné, lui, affirme que cette vidéo a été enregistrée à son insu. Il maintient qu’il a bel et bien démissionné. 

Capture d’écran d’un courriel de Maxime Chérubin portant sa signature, l’intitulé de son poste de General Manager et son adresse mail professionnelle.
Capture d’écran d’un courriel de Maxime Chérubin portant sa signature, l’intitulé de son poste de General Manager et son adresse mail professionnelle.

Extrait du courriel signé par Jordan Kensington, le CEO :

As discussed, here is our proposal to you :
Job Title : General Manager 

Objectives of this role :

  • Develop strategic plans for optimized productivity
  • Review and improve organizational effectiveness by overseeing employees, establishing a highly motivated work environment, and creating innovative approaches for improvement 
  • Raise targets and reach sales goals both nationally and internationally 
  • Uphold standards of excellence and soaring quality 
  • Seek out opportunities for expansion and growth by developing new business relationships 
  • Provide guidance and feedback to help others strengthen specific knowledge/skill areas

Daily and Monthly Responsibilities :

  • Oversee day-to-day operations, assigning weekly performance goals and assuring their completion, while accomplishing your own goals 

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Fiche de Mokingo MBA Ltd disponible sur le site Web du Registrar of Companies. On y voit le nom de l’actionnaire et ceux des directeurs.

Toujours pas d’explications claires au sujet de l’actionnariat 

Autre anomalie : l’actionnariat de Mokingo MBA Ltd. « Mokingo International Group and companies worldwide are owned by a board of Directors who decide upon any nominee Directors in our key branches within our specific territories. Your article also reports that Gavin Goreeba this too represents another mistruth as you have no written evidence of this by us », indique Jamie Walsh.

Or, au Registrar of Companies, les informations sont claires (voir fiche du Registrar) : Mokingo MBA Ltd a un seul actionnaire et il s’agit de Gavin Goreeba. Malgré cela, la Global Brand Manager le qualifie de Nominee Director. Elle souligne que la maison mère a le droit d’ajouter et d’enlever des gens à ce poste. 

Pourtant, avant le 17 janvier 2022, Gavin Goreeba était l’unique directeur, selon le Registrar of Companies, alors qu’une certaine Louis Marie Marlgozata Fyorelie Rusianita était secrétaire du conseil d’administration. Le 17 janvier 2022, celle qui a contacté le département marketing du Défi Media Group en se présentant comme la responsable des Public Relations, a été nommée directrice au sein du conseil. Maxime Chérubin affirme que Jordan Kensington s’est présenté comme étant le propriétaire et CEO de Mokingo MBA Ltd. Le nom de Jordan Kensington n’apparaît toutefois nulle part (voir Image II). 

Alors que l’organisateur des Mauritius Business Awards rejette ses propres versions et se contredit, Le Défi Media Group a, de son côté, remis tous les documents et les copies des courriels reçus à ses hommes de loi pour la suite de l’affaire.


Une autorisation nécessaire pour utiliser le terme « Mauritius » dans le cadre d’une activité 

L’utilisation, sans permission, du terme « Mauritius », « Republic », « National » et « Municipal », entre autres, a été contestée dans le passé. C’est ce que fait ressortir Penny Hack, avocat d’affaires. Selon lui, la Companies Act de Maurice régit l’utilisation du terme, surtout quand il est question de nommer une entreprise. 

L’homme de loi précise que le fait d’associer le mot « Mauritius » à une activité donne l’impression que l’État la plébiscite. II explique que dans le passé, les décisions de justice ayant trait à des contestations de l’utilisation du terme « Mauritius » ont fait jurisprudence. Pour Penny Hack, il est clair qu’il faut les permis nécessaires pour utiliser le nom du pays dans le cadre d’une activité. 

L’avocat Ajay Daby explique qu’une entité privée n’est pas autorisée à utiliser le nom du pays de même que les termes « National » ou « Republic » pour des activités sans l’aval du Prime Minister’s Office (PMO). Ce que confirme un haut fonctionnaire affecté à la division Home Office du bureau du Premier ministre. Il explique que le responsable de l’entreprise concernée doit formuler une demande par écrit. 

Dans le cas de Mokingo MBA Ltd, le PMO dit attendre l’avis du State Law Office pour savoir s’il peut divulguer ce type d’information à la presse et si l’entreprise a déposé une demande pour être autorisée à utiliser le nom du pays. Du temps où était toujours en poste à Mokingo MBA Ltd, Maxime Chérubin avait laissé entendre, dans un mail, qu’il n’y avait aucune obligation légale pour une entité commerciale ou l’organisateur d’un événement de demander la permission d’utiliser le nom d’un pays. 

Cependant, après avoir quitté l’entreprise, il a avoué avoir interrogé Jordan Kensington à ce sujet. « Il m’a simplement dit que si c’était interdit, une des banques commerciales de Maurice ne l’aurait pas fait… Je lui ai dit que cette banque existe depuis presque 200 ans et qu’elle a été nommée ainsi depuis le début de son existence. Il (Jordan Kensington ; NdlR) m’a dit qu’il ne me devait aucune explication », a confié Maxime Chérubin. 

Il assure qu’il n’est jamais tombé sur une autorisation quelconque pour l’organisation des Mauritius Business Awards. Le Défi Media Group a une fois de plus contacté Jamie Walsh pour obtenir des éclaircissements sur les permis obtenus par Mokino MBA Ltd pour cette remise de prix, mais il attend toujours une réponse.


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La lettre du Défi Media Group envoyée le 19 Janvier

Dans sa Notice of Legal Action en date du 29 janvier 2022, Mokingo MBA Ltd soutient n’avoir jamais reçu de lettre l’informant que Radio Plus se dissocie de cette remise des prix. « …Furthermore, regarding your lawyer sending a letter on the 19th of January 2022. We have received no such letter and a legal letter must be quantified as received when signed, sealed, and delivered. Also, in your correspondence to us there was no forewarning given to look out for such a letter at our head office. No member of staff signed off on the receipt of any letter from you… » Cependant, le 19 janvier, à 12 h 53, la lettre rédigée par les hommes de loi du Défi Media Group a été postée à l’adresse officielle de l’entreprise telle qu’enregistrée auprès du Registrar of Companies (Voir le reçu).


Une activité peu réglementée 

Le Défi Media Group a interrogé plusieurs organismes publics au sujet de la réglementation de ces activités. Une remise de prix, sans vente de billets ni tirage au sort, ne nécessite pas de contrôle de la part des autorités. 

Le ministère du Commerce indique, à travers son service de communication, que ce sont les salons, les foires et les expositions où se font des ventes qui sont sujets non seulement à son contrôle mais aussi à celui de la Mauritius Revenue Authority et parfois à celui de la Gambling Regulatory Authority. Pour une remise de prix, ce n’est que l’autorité du pays où a lieu la cérémonie qui doit être notifiée. Il faut qu’un permis soit délivré à l’organisateur pour une activité qui se tient en public et qui réunit des centaines de personnes. 

Au ministère de la Technologie de l’information, de la communication et de l’innovation, on explique que le vote en ligne est similaire à un sondage et qu’il est mis en place par une entité privée. Le ministère n’intervient donc pas. Celui du Développement industriel souligne, à travers son service de communication, que les activités, telles qu’une remise de prix organisée par une entreprise privée, ne le concernent pas.


Radio Plus maintient qu’elle ne veut pas participer à la remise de prix 

Radio Plus Ltd n’est en aucune manière associée aux Mauritius Business Awards. C’est ce qu’a fait comprendre l’homme de loi du Défi Media Group dans une correspondance en date du 19 janvier 2022 envoyée au département marketing de Mokingo MBA Ltd. 

Dans cette lettre, elle évoque quatre points pour se dissocier de cette remise de prix : 

Elle informe l’entreprise que cela ne l’intéresse nullement de participer à ces « alleged Mauritius Business Awards ». Dans un courriel qu’elle lui avait envoyé précédemment, Radio Plus Ltd avait déjà signifié son refus de prendre part à l’événement. 

 Elle somme Mokingo MBA Ltd de ne plus l’associer à cette compétition d’une quelconque manière. 

 Elle lui enjoint de n’utiliser en aucune circonstance le nom et le logo de Radio Plus pour éviter de créer la fausse perception que la radio est associée aux « alleged Mauritius Business Awards ».

 Finalement, Radio Plus Ltd somme l’organisateur de ne plus prendre contact ni avec elle, ni avec ses employés au sujet de cette remise de prix. 

 

 

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