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Matricide sur fond de sorcellerie - Le fils : «Mo mama inn zet enn lapoud pou separ mwa ek mo fam»

Mohammad Shakeel et Nishita Juggarnath. Bibi Nazmah Rummun, la victime.
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Drame familial à L’Avenir, Saint-Pierre. Bibi Nazmah Rummun, 64 ans, a été tuée par son fils, Mohammad Shakeel Rummun, âgé de 32 ans. Ce dernier aurait bénéficié de la complicité de sa compagne, Nishita Juggarnath, 21 ans. C’est après que l’époux de Nazmah a signalé sa disparition que cette affaire a pu être résolue. Arrêté, le fils a avoué s’être débarrassé du cadavre de sa mère à Le Souffleur. À l’origine de cette tragédie, une relation que la mère désapprouvait et une histoire de sorcellerie.

Dès samedi soir, les limiers de la CID de Moka avaient procédé à l’arrestation du fils de la victime et de sa compagne. Chacun a expliqué ce qu’il s’est passé le jour du drame. Selon les dires du suspect aux hommes de l’inspecteur Vishal Cowlessur, Nazmah s’immisçait dans sa vie sentimentale depuis un an. Elle voulait qu’il se sépare de la jeune femme et sa relation avec sa mère s’était détériorée. « Elle voulait notre rupture. Elle m’a même dit qu’elle userait de sorcellerie pour arriver à ses fins », a-t-il expliqué aux enquêteurs.

Le fils relate que jeudi soir, il y a eu à nouveau une dispute : « Mama ti pe fer longanis pou li separ nou. Mo madam ti pe komans malad. Monn al koz ek mo mama pou li arete. » Et selon lui, les choses se sont envenimées : « Linn pran enn lapoud linn avoy lor mwa. » Puis, sa mère se serait saisie d’un couteau de cuisine. « Li pe rod piker », poursuit-il, ajoutant avoir alors essayé de calmer sa mère, mais en vain. C’est à ce moment que l’irréparable a été commis : « Ler mo pe anpes mo mama pike, linn tombe, kouto la inn pik avek limem », précise le suspect. 

Sa compagne était également présente au moment des faits. Celle-ci explique qu’elle a entendu les deux se disputer et n’a pas voulu s’interposer. Cependant, après le coup de couteau, la dame s’est écroulée et a rendu l’âme rapidement.  Shakeel Rummun a alors informé sa compagne du drame qui s’est produit. « Nou finn pran enn valiz e nou finn met li andan. Nou finn met kouto tou ensam », poursuit-il. Les deux ont mis le corps sans vie de la mère dans la voiture et l’ont conduit à Le Souffleur, dans la région de l’Escalier, où ils s’en sont débarrassés.

Le couple n’a pipé mot à personne de ce qui s’était passé. Rentré de sa journée de travail, le père de Shakeel, s’inquiétant de ne pas voir son épouse, s’est rendu à la police de Saint-Pierre, jeudi soir, pour signaler sa disparition. La police criminelle de Moka a alors été alertée.

La voiture du couple a été vue dans les caméras de Safe City, se dirigeant vers Le Souffleur. C’est ainsi que Shakeel et sa compagne ont été interpellés vendredi par les policiers. Lors d’un interrogatoire serré, ils ont fini par avouer ce qui s’était passé. Les enquêteurs ont accompagné les suspects à Le Souffleur. Le fils a indiqué qu’ils se sont débarrassés du corps dans la mer, du haut d’une falaise de plusieurs mètres. Les policiers de la police scientifique ont prélevé sur les lieux des traces de sang et un brin de cheveu suspecté d’appartenir à la victime. Le couple a été conduit en cellule policière. Shakeel et sa compagne ont comparu devant la Bail and Remand Court (BRC) samedi, sous une charge provisoire de meurtre. Le véhicule utilisé par le couple sera examiné ce dimanche, selon le procédé Blue star, pour rechercher des traces de sang. La maison de la victime sera également passée au peigne fin par les éléments du Scene of Crime Office.

Après les révélations du couple, les recherches ont débuté à Le Souffleur aux petites heures samedi. Les éléments de la garde côtière, ceux de la MCIT, une équipe du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM) et ceux de la CID ont entamé des recherches afin de trouver le moindre indice dans la région pouvant les mener jusqu’au cadavre. Un drone de la Police Head Quarters, aux Casernes centrales, a été mis à contribution pour optimiser les recherches.

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La maison où s’est joué ce drame familial.

Recherche à Le Souffleur dans des conditions difficiles

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Les opérations de recherche se sont avérées compliquées à cause d’une mer démontée.

L’ASP Reddy Luchmoodoo, de la National Coast Guard, était sur place afin de superviser les recherches en mer. Pour ce dernier, la tâche n’est guère aisée. « La mer est démontée. Il y a des fortes houles, ce qui rend la tâche encore plus difficile lors de cette opération. Nous avons demandé à être assistés d’un drone, afin de concentrer nos recherches dans la zone où le fils dit avoir jeté le corps, mais il n’a rien détecté de suspect », explique le haut gradé. « Depuis jeudi, il s’est débarrassé du corps et avec les marées de ces derniers jours, il est fort probable que le corps ait été emporté par le courant. Les conditions sont difficiles, mais nous poursuivrons quand même nos efforts pour la retrouver », ajoute l’ASP.


Le voisinage sous le choc : «Ki kaliter leker sa !»

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À L’Avenir, c’est l’incompréhension. Un proche explique que le fils de la victime est quelqu’un de sournois. « Li ti ena so karakter. Le jour de la disparition, sa mère est sortie de la maison vers 9 heures. Son époux, chauffeur de taxi, est rentré à la maison et ne l’a pas vue.  Nous l’avons cherchée auprès d’autres membres de la famille, mais sans succès. Nous en avons informé la police. Son fils est rentré à la maison vers 23 heures jeudi », explique ce dernier. 

Dans le voisinage, c’est un véritable choc. « Cela fait des années que je vis ici et je connaissais la dame. Elle était une personne calme. Son fils, quant à lui, ne fréquentait presque personne. Il sortait peu. Nous ne savons pas ce qui a pu se produire », lâche un voisin. Une autre habitante du quartier ne s’attendait pas non plus à une telle nouvelle : « Ki kalite leker sa ! Sa montre kouma nou sosiete ete. C’était une dame que je connaissais de vue, mais elle avait l’air sympathique. »


Ces mères qui ont succombé aux coups de leurs fils 

Septembre 2018 : Randirsingh Choytun tue sa mère de 93 ans

Randirsingh Choytun, 55 ans, a été arrêté en septembre 2018 pour le meurtre de sa mère, Dhanon Dawoonath, 93 ans. Face aux enquêteurs de la CID de Moka, il a avoué qu’il tabassait souvent sa mère après des beuveries et avait déclaré qu’il faisait en sorte que personne ne vienne à leur domicile afin d’éviter de se faire épingler pour violences domestiques. Dans la matinée du mercredi 5 septembre 2018, le corps de Dhanon Dawoonath avait été découvert dans une mare de sang à son domicile de Saint-Pierre.

Septembre 2011 : le policier Noorah brûle sa mère

Alors que sa mère Rashida, 65 ans, était en train de dormir, Ziaoudeen Noorah, avait incendié la chambre de la victime. L’ex-policier voulait en finir avec cette dernière, car il la jugeait responsable des conflits qu’il vivait au sein de son propre couple. Le policier, qui s’était séparé de son épouse, avait expliqué qu’il tenait sa mère pour responsable, car elle se serait trop mêlée de leur vie conjugale. La cour d’assises a déjà infligé une peine de 25 années de prison à l’ancien policier.

Mars 2018 : Irshaad tue sa mère de plusieurs coups de couteau

Farozia Bibi Peerally, 60 ans, habitant Highlands, a été tuée par son fils Irshaad, 30 ans, en mars 2018. Elle a reçu six coups de couteau. Son fils, qui souffre de troubles mentaux, avait tenté de se suicider, avant d’être interné à l’hôpital psychiatrique Brown Sequard. La veille du meurtre, le père avait ramené le fils à la maison après avoir signé une Discharge against Medical Advice (DAMA). Le lendemain matin, Irshaad tentait de se suicider avec un couteau. Sa mère Farozia, qui essayait de l’en empêcher, a été poignardée à six reprises.

 

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