Economie

Maroquinerie : l’affaire est dans le sac chez S. Bags Ltd

Maroquinerie

S. Bags Ltd fait partie de ces petites entreprises qui résistent aux vagues destructrices des produits importés. Nichée à Phœnix, elle continue de respirer grâce à son réseau de clients qui fait toujours confiance au savoir-faire mauricien.

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L’entreprise opère dans un segment en voie de disparition de l’industrie manufacturière. C’est un créneau où le produit fabriqué selon les directives du client doit attirer le regard, voire attiser la convoitise. Sinon, le client se tournera vers le Made in China ou ailleurs (voir hors-texte). C’est la dure réalité dans le monde de la maroquinerie de base. Pourtant, pour Sohundat Ramcheram, directeur de S. Bags Ltd, ce secteur de la fabrication n’a aucun secret pour lui, car il a plus de 35 ans de métier.

S. Bags Ltd, dont l’atelier se trouve en la résidence de Sohundat Ramcheram à Phœnix, emploie cinq personnes à mi-temps. La production porte sur les sacs à main, les bananes (sacoches en forme d’arc de cercle ; NdlR), les sacs à dos et les sacoches, pour ne citer que ceux-là. Les principales matières premières sont le maroquin et le nylon. Avant d’arriver à ce niveau de l’entrepreneuriat, le directeur de l’entreprise est passé par une route sinueuse. Et c’est étroitement lié à son premier et unique emploi en tant qu’apprenti.

Sohundat Ramcheram n’a à peine seize ans quand il se joint à un atelier engagé dans la production artisanale de cabas et d’accessoires. Chaque jour, il enfourche sa bicyclette pour se rendre sur son lieu de travail. Il travaille six jours par semaine. Le salaire hebdomadaire est de Rs 90.

Le début est encourageant. Il s’y plaît. Le patron, un Mauricien ayant la nationalité française, se réjouit du talent du jeune Sohundat Ramcheram. Le déclic vient à l’étape en amont de l’assemblage. Pour la découpe, l’atelier sollicite les services d’une entreprise à Pailles. Mais notre entrepreneur en devenir dit qu’il peut effectuer cette tâche. « Le patron a alors acheté une guillotine industrielle de France. J’ai commencé à faire le découpage dans l’atelier sans qu’il y ait du gaspillage. J’ai monté en grade. C’est ainsi que j’ai fait mon apprentissage. »

«Je faisais la livraison à vélo»

Comme tout jeune, Sohundat Ramcheram se lasse de ce métier. Il aide sa mère dans la tabagie familiale. Il fait moins de quinze jours dans une usine textile des Plaines-Wilhems. Son ancien patron, relate-t-il, revient à la charge, lui demandant de revenir. Au début des années 2000, en raison de soucis familiaux, le patron quitte Maurice pour s’installer à l’île de La Réunion. Sohundat Ramcheram se retrouve installé à son compte. En 2004, il lance sa compagnie S. Bags Ltd.

« J’allais à Port-Louis pour acheter les matières premières et les équipements. Ces machines, je les ai transportées en autobus jusqu’à Phœnix. Je faisais la livraison à bicyclette, avec les produits de chaque côté du guidon à faire le tour des commerces », se souvient ce père de cinq enfants, dont quatre filles.

Aujourd’hui, la journée du directeur de S. Bags Ltd commence parfois plus tôt que d’habitude. Quand les employés arrivent sur le coup de 8 h 30, ils savent à quoi s’attendre comme production. La livraison se fait à bord d’un mini-van. Mais les commandes, il faut toujours les chercher auprès des clients qu’il côtoie depuis le début. « Tras, trase », s’enorgueillit-il.

Environnement d’affaires : l’appétit fou pour les accessoires venus d’ailleurs

L’engouement des Mauriciens pour l’habillement, les chaussures et les accessoires importés de Chine et d’ailleurs ne cesse de croître. Tout est une question de prix et de design, histoire d’être branché sans trop débourser. Les données de Statistics Mauritius démontrent qu’au premier semestre, la facture des importations de produits dans la catégorie Miscellaneous Manufactured Articles est passée à Rs 7,32 milliards, contre Rs 7,07 milliards pour la période correspondante en 2016. Cette catégorie comprend six sections qui rassemblent tous les produits fabriqués qu’achètent les Mauriciens. L’habillement se taille la part du lion, avec Rs 1,48 milliard, suivi des chaussures avec des importations pesant Rs 639 millions, toujours au premier semestre. Pour l’année 2016, le pays a casqué Rs 15,86 milliards à l’item Miscellaneous Manufactured Articles, contre Rs 14,67 milliards en 2015. Et cette tendance ne se renversera pas de sitôt.

 

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