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Mahmad Mittoo: «L’e-book cohabitera avec le livre-papier à l’avenir»

Le couple Mittoo posant pour la photo souvenir.
Ils ont évolué dans le monde de l’édition. Quand ils décident de se mettre à leur compte, c’est tout naturellement que Bibi et Mahmad Mittoo ouvre BM Bookcentre. L’entreprise a su se faire une place. «Je suis née dans une famille très pauvre, pas du tout modeste », indique Bibi Mittoo, codirectrice de BM Bookcentre. À Curepipe Rd, où le couple a investi ses économies dans une ancienne librairie, les livres sont de la même variété qui constituait leur monde aux Éditions Le Printemps. « C'est le seul métier que nous savons exercer », disent Bibi et Mahmad en cœur. Originaire de Mesnil, Bibi, née Rojah, a vu sa scolarité financée par son frère Sulliman, l'actuel directeur d'ELP, contraint de cesser ses études au primaire par manque de moyens. « Notre père Cassim vendait du poisson et du pain, notre mère Zubeida était femme au foyer ». Après l'école, Bibi part au collège de Lorette de Vacoas, à l'époque payante. À 15 ans, Sulliman loue un local à la Route du Club, Vacoas, qu'il appelle Au Printemps. Là, il loue des livres, dont les magazines Filmfare et Picturepost achetés à Port-Louis pour Rs 3. Durant le week-end, Bibi le rejoint. « Cela a marché très vite, si bien qu'il a fallu trouver un autre espace », se souvient Bibi. En 1989, Sulliman achète un local à Vacoas, à l'endroit où se situe ELP. Il monte sa librairie familiale, qui connaîtra un essor sans précédent. C'est là que Bibi rencontrera Mahmad, employé comme vendeur.

Point de rencontre

Sans concurrent direct à Vacoas, ELP deviendra vite le point de rencontre des jeunes, parents et autres aficionados de la lecture. « Sur le plan national, notre seul concurrent était les Éditions de l'Océan Indien, qui, d'ailleurs, n'est pas une entreprise privée ». Pendant de longues années, Bibi a développé le business, s'occupant de la vente en gros, puis en 1990, elle se vit confier le département de la publication. « Au départ, il nous manquait l'expérience dans ce domaine, on a recherché la collaboration d'Amode Taher. L'ouvrage qui nous a véritablement lancés a été le ‘Code de la Route’, car il exigeait un travail de graphie très pointu, une mise en page impeccable et le respect des délais. » En 2008, à la suite de  profondes divergences avec Sulliman, Bibi et son époux quittent ELP pour créer la leur. « C'était une décision dure à prendre après 28 ans à ELP », raconte-t-elle. C'est sur une ancienne librairie, à Curepipe Road, que le couple jette son dévolu. « À l'achat, nous avons eu un bon deal ». À un moment, la perspective d'investir dans l'ouverture d'un showroom pour la vente de voitures leur est venue à l'esprit. « Mais nous n'étions pas sûrs, car il fallait recommencer à zéro. Nous avons été rattrapés par notre passion pour le livre », raconte Mahmad. Il n'a pas fallu longtemps pour que les fournisseurs retrouvent leurs traces à Curepipe Rd et ils seront même rejoints par certains employés de leur ancienne boîte. « Nous sommes partis en Inde, en Angleterre et à Singapour pour nouer des contacts avec des éditeurs. À ce jour, nous avons un catalogue de 100 auteurs. C'est un très bon résultat en sept années d'existence ». Dans le milieu de l'édition, il faut veiller aux modifications dans des programmes d'études. Ainsi, l'année dernière, lorsque l'université de Cambridge décide de modifier son programme, le couple Mittoo engage les meilleurs profs pour travailler sur l'édition des ouvrages scolaires étudiés à Maurice. Pour y arriver, il compte sur un personnel éditorial de quatre professionnels, dont Neguib Lallmahomed et Ibrahim Alladin. Depuis ces dernières années, BM Bookcentre exporte des manuels scolaires vers le Botswana, les Seychelles et la Malaisie, entre autres. « Le marché africain est très intéressant », explique Mahmad. Est-ce que le livre électronique constitue-t-il une menace pour des maisons d'édition où le papier est le principal support ? « L'apparition du livre électronique a bien provoqué la fermeture de certaines librairies, mais la demande pour le traditionnel est toujours présente. Cela dit, nous pensons sérieusement à investir dans le digital, l'e-book cohabitera avec le livre-papier à l'avenir. L'essentiel est d'intéresser la jeune génération à lire. Et si les parents donnent l'exemple, les enfants suivront », font ressortir les Mittoo.
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