Interview

Mahen Seeruttun: «Produire localement pour assurer la sécurité alimentaire»

Le ministre de l’Agro-industrie encourage les Mauriciens à se lancer dans des micro-projets agricoles, dans le but d’assurer la sécurité alimentaire.

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Êtes-vous satisfait du secteur agricole ? Le secteur agricole comprend les volets sucre et non-sucre. Au sens  large, il rassemble les cultures vivrières, l’élevage, la pêche et l’agro-industrie. Depuis des lustres, notre pays a une vocation agricole et la préservera pour toujours même si notre économie se développe avec l’émergence de nouveaux piliers. Sans le secteur agricole, il n’y aurait pas de vie. Et l’apport du sucre ? Le sucre a été la principale activité de notre économie à un certain moment. Il était même l’épine dorsale. Aujourd’hui, force est de constater que le sucre est confronté aux défis de rester compétitif avec l’abolition des quotas à partir de septembre 2017. Nous en sommes conscients. Concernant les autres activités du secteur agricole, il y a eu des reculades, mais nous, nous faisons tout pour qu’il y ait un retour à la terre. D’ailleurs, nous sommes en voie de présenter bientôt notre plan stratégique pour les secteurs sucre et non-sucre afin d’aborder l’avenir avec confiance. Le secteur agricole à un grand avenir, il est porteur d’espoir et peut offrir un nombre important d’emplois à nos jeunes. C’est un secteur qui évolue. Et quid de la sécurité alimentaire ? La sécurité alimentaire est une préoccupation mondiale. À Maurice, elle a toujours été évoquée à travers les temps. Le pays a toujours œuvré intelligemment et favorisé le sucre car avec les revenus, nous avons pu nous procurer des aliments comme le riz, la farine, les grains secs pour notre sécurité alimentaire. Cette stratégie de financer notre secteur alimentaire a très bien réussi. Avec une limitation de terre agricole pour diversifier les cultures vivrières, nous avons réussi à maintenir une certaine autosuffisance de légumes et de fruits. Les petits planteurs commencent à moderniser leur agriculture. Ils investissent dans des machines agricoles. De son côté, le gouvernement a développé différents plans pour les aider à avancer. Les semences de pomme de terre, d’oignon et d’ail leur sont offertes à des prix raisonnables. Il y a aussi des formations pour les structures hydroponiques, les pépinières, les cultures protégées et l’achat des équipements pour la transformation. À Bois-des-Amourettes le samedi 31 octobre, je me suis appesanti sur cette question de sécurité alimentaire pour que tout le monde en prenne conscience. J’ai fait comprendre qu’il nous faut absolument mettre la main à la terre à cause, notamment du changement climatique. Ce phénomène mondial a des répercussions sur l’agriculture et entraîne des changements dans la production prix. Croyez-vous que l’autosuffisance alimentaire pourrait être un avantage pour notre pays ? L’autosuffisance est certainement un avantage pour notre pays. Il n’y a pas de doute. C’est vrai que nous ne pouvons produire tout ce dont le pays a besoin, comme le riz, le blé pour la farine, l’huile comestible. La superficie de terre requise et les conditions agro-climatiques ne nous permettent pas de produire ces denrées. Cependant, notre autosuffisance s’améliore pour la pomme de terre et l’oignon. Le fait de produire tout ce dont on a besoin pour une année nécessite une attention particulière. Notre production primaire — légumes frais — est satisfaisante. Cependant, nos producteurs doivent se diriger vers la transformation pour avoir de la valeur ajoutée. Il ne faut pas oublier que les consommateurs se tournent de plus en plus vers les produits transformés disponibles dans les supermarchés. Que fait votre ministère pour encourager les Mauriciens à l’autosuffisance alimentaire ? Mon ministère offre des services d’information, de recherche et développement, de formation, de production de semences et de mesures incitatives pour investir dans la modernisation du secteur. Nous encourageons les gens à cultiver dans des bacs, sur la dalle et créer des jardins familiaux dans les arrière-cours. Le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) est responsable des secteurs légumes, fleurs, fruits et l’élevage en ce qui concerne la recherche, la formation et l’information aux agriculteurs. La section Agricultural Services est responsable de fournir les services comme la quarantaine, la production de semences des plantes, le traitement aux bétails, la gestion des terres agricoles de l’État. Les services sont gratuits et nous avons un réseau de bureaux à travers le pays pour couvrir toutes les régions. Mon ministère encourage les producteurs à ne pas abandonner leur terre agricole. Les opportunités de diversification dans les secteurs horticulture et fruitiers sont énormes. Mon ministère investit gros dans la construction d’un National Wholesale Market pour encourager la production et le marketing des produits agricoles, et ce sera un lieu garanti pour le stockage. Croyez-vous dans la culture bio ? Bien sûr ! La culture bio prend une grande ampleur. Il nous faut absolument réduire notre dépendance sur les pesticides pour ne pas mettre en péril notre santé et notre survie. Si nous ne rectifions pas, nous continuerons à utiliser les pesticides et d’autres engrais chimiques et la terre sera fatiguée. Elle deviendra stérile et ne pourra plus produire. Vous imaginez les conséquences ... Y a-t-il une demande pour les produits bio ? Il y a actuellement une demande grandissante pour les produits bio. Les Mauriciens sont conscients de la nécessité des produits sains pour la consommation. Déjà, il y a beaucoup de personnes qui se sont lancées dans le bio dans différentes régions du pays et j’ai eu l’occasion de visiter certains champs. La volonté du gouvernement n’a jamais été aussi claire. Nous voulons produire 50 % de nos aliments selon les normes bio d’ici à 2020. Mon ministère encourage cette pratique, mais il y a des paramètres à respecter : les normes, les conditions, la certification et la législation. C’est un travail colossal, mais il faut commencer par là. Il y a une campagne de sensibilisation de nos producteurs. La formation aussi a déjà commencé. Les normes ont été préparées avec le MSB pour permettre à nos agriculteurs de démarrer sur ce processus de production raisonnée vers une production bio. Où en sont vos discussions avec les responsables de l’agro-industrie ? Nous sommes très confortables avec notre production primaire de légumes et de fruits. Il est très important que nos producteurs soient conscients de la valeur ajoutée et le potentiel du développement de l’agro-industrie, et l’enjeu économique. Déjà, beaucoup de petits entrepreneurs ont été encouragés et ont répondu à notre appel. Notre but est de travailler pour la demande des marchés local et régional. L’agro-industrie peut rapporter gros au pays en termes d’emplois et de revenus.

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