Interview

Mahen Seeruttun : «On encourage le recours aux biofertilisants»

Mahen Seeruttun Mahen Seeruttun

Depuis son arrivée, le ministre a initié plusieurs projets pour relancer le secteur agricole. Il dévoile son plan de redressement du secteur agricole et se réjouit de son bilan.

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L’agriculture est l’industrie pionnière de Maurice. Ces derniers temps, des efforts sont entrepris pour la relancer. Comment cela se passe-t-il ?
Maurice est un pays qui a bâti son économie sur l’agriculture et qui s’est fié au secteur agricole. Beaucoup de familles dépendent de l’agriculture. Toutefois, depuis un certain temps, le changement climatique affecte grandement les cultures, c’est pourquoi nous avons présenté un plan stratégique en 2015. Nous voulons redynamiser le secteur, encourager les planteurs, nous assurer que les terres abandonnées sont remises sous culture, assurer la qualité des produits, développer une agriculture organique et offrir des facilités aux planteurs. Nous voulons aussi réduire les pertes lors de la production et de la récolte. D’ailleurs, ces mesures portent leurs fruits, les chiffres du bureau central des statistiques pour 2016 le prouvent. C’est un signe encourageant.

Ces changements ont-ils été faciles à assimiler pour le planteur ?

Il y a le vieillissement des planteurs qui acceptent difficilement le changement. De plus, les jeunes ne sont pas intéressés par l’agriculture. Nous avons donc des défis à relever. Il faudra attirer les jeunes. Nous avons déjà contacté des jeunes diplômés en agriculture pour les former davantage, afin de les encourager à planter et à faire de cette activité leur gagne-pain. C’est un projet pilote, mais nous voulons qu’ils plantent, transforment et vendent leurs produits. Ce secteur sera appelé à s’adapter avec l’urbanisation.

L’abandon des terres agricoles au profit de l’urbanisation est-il un danger pour Maurice ?
Oui. C’est pourquoi nous avons mis sur pied la Land Abandoned Management System. Nous identifions les terres abandonnées avec l’aide de la Mauritius Cane Industry Authority et le ministère des Coopératives. Pour le moment, nous savons que plus d’un millier d’arpents de terres agricoles ont été abandonnés. Nous voulons mettre sur pied une production responsable et soutenable pour atteindre l’autosuffisance.

Sommes-nous loin de l’autosuffisance concernant certains légumes et autres produits agricoles ?
Concernant la pomme de terre nous sommes à 80 % autosuffisants. Le ministère discute avec l’Agricultural Marketing Board, afin de mettre sur pied des facilités de stockage. La pomme de terre est un légume que nous ne pouvons produire tout au long de l’année à cause du climat. Une chambre froide aiderait certainement à conserver le stock de pomme de terre pour être vendu hors saison. Nos discussions avancent très vite avec l’AMB. Nous avons aussi un accord avec Cope Sud, un producteur de ce légume. Concernant l’oignon, notre mission à Agalega consistera à examiner le potentiel de l’île à produire de l’oignon.

Il y a aussi le poulet et le bétail. Y a-t-il un plan pour ces produits ?
Concernant la viande, la fièvre aphteuse a retardé nos plans. De plus, ces derniers temps il y a eu une baisse dans la production de viande, car l’usine de nourriture pour bétail, gérée par le ministère a été fermée par l’ancien gouvernement. Cette usine fournissait de la nourriture à un prix abordable. à la suite de la fermeture, les élevages et les pâturages ont été abandonnés. Nous travaillons sur la réouverture de l’usine et en même temps nous ouvrirons un espace pour l’élevage bovin dans la région de Melrose. L’appel à candidatures a été lancé.

«Nous avons déjà contacté des jeunes diplômés en agriculture pour les former davantage, afin de les encourager à planter et à faire de cette activité leur gagne-pain»

Ce plan comprend aussi des mesures pour éviter la propagation de maladie comme la fièvre aphteuse?
La biosécurité est un aspect que nous ne négligeons surtout pas. J’étais en Turquie la semaine dernière et le ministre de l’Agriculture turque nous a donné l’assurance qu’il nous aidera. Une équipe de vétérinaires se rendra à Maurice. Ils comptent évaluer le niveau de sécurité que nous avons mis en place pour ensuite proposer une meilleure solution. Nous travaillons aussi avec des pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Nous voulons hausser le niveau de biosécurité  à Maurice.

Concernant la redistribution des terres à bail, où en est le projet ?
Depuis 2014, nous avons recensé un peu plus de 1 000 arpents de terres agricoles louées à bail qui ne sont plus sous culture. Nous avons donc commencé à reprendre ces terres pour les redistribuer. Nous les utilisons pour promouvoir la culture organique. Il y a quelques mois, nous avons aménagé et distribué 66 arpents à Britannia et, dans les semaines à venir, 100 arpents seront distribués à Plaine-Magnien pour la culture bio. Je pense que la culture bio doit être propagée, car la santé de Mauriciens est primordiale. Nous décourageons l’utilisation à outrance des fertilisants et encourageons les biofertilisants. Nous avons même établi des certifications bio pour les produits locaux.

Est-ce que les produits bios trouveront leurs places à Maurice ?
Il y a une perception que les produits bios sont hors de portée en raison de leurs prix. Avec de la pratique et les nouvelles méthodes de production, nous arriverons à aligner leurs prix.

Parlons du wholesale market de Wooton. Il existe des contestataires surtout les encanteurs de l’Est. Le leader de l’opposition a même critiqué ce projet. Qu’avez-vous à répondre ?
Nous sommes en 2017. Je trouve inconcevable que la vente des légumes se fasse dans de telles conditions. Il n’y a aucune norme d’hygiène, pas d’infrastructures et surtout pas de sécurité. Lors des ateliers de travail, les encanteurs avaient donné leurs accords sur le plan du marché. Je reste convaincu que c’est un projet qui répond aux attentes de tous. Il faut un système moderne.

 

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