Maurice ne possède pratiquement pas de ressources naturelles, à l’exception de son paysage, attrait principal des touristes, son agriculture désormais de subsistance après les belles années de King Sugar et une mer demeurée largement inexploitée.
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Pourtant, Maurice a mieux réussi que beaucoup de ses voisins africains, mieux dotés en terres, minerais, et énergies fossiles dont le pétrole. Maurice s’est démarqué par son régime parlementaire et sa constitution démocratique ; son État de droit et la séparation des pouvoirs entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire ; et depuis trois décennies par ses ressources humaines éduquées.
La plus-value réalisée par le secteur privé historique à partir de la canne à sucre, quotas et prix garantis sur le marché européen, a été injectée dans des secteurs tels que le textile, le tourisme, les services. Ce qui a contribué à diversifier l’économie. Le secteur financier, dont l’offshore, s’élève à 12% du Produit intérieur brut et emploie quelque 13,000 personnes.
Quel Mauricien en visite en Inde n’est pas quelque peu étonné et fier en même temps de lire dans The Times of India que la petite île Maurice est la principale pourvoyeuse de FDI (Foreign Direct Investment) de la Grande péninsule ? Ainsi, une île de 1,3 million d’habitants serait devenue le principal canal d’investissements d’un sous-continent de 1,3 milliard d’âmes. D’où provient l’argent ? Pourquoi jusqu’à tout récemment il passait essentiellement par Maurice ? Est-ce uniquement en raison de notre régime fiscal et de notre traité de non double imposition avec l’Inde ?
Par ailleurs, en raison de notre politique d’ouverture en vue d’attirer investisseurs et investissements, un nombre croissant d’étrangers obtiennent la nationalité mauricienne ou tout au moins le droit de résidence permanente. Les projets IRS sont vendus aux étrangers avec cet attrait à la clé. Sinon pourquoi achèteraient-ils une villa à 500,000 dollars US, alors que pour la moitié de ce prix, ils trouveraient mieux au Costa Rica, au Maroc ou en Thaïlande ?
C’est dire que pour assurer sa survie économique, Maurice s’est ancré de plain-pied dans le flux et reflux des échanges du monde globalisé − que ce soit en termes de biens, de services … et de personnes. Avec des fois tout ce que cela comporte de débris, si l’on n’y prend garde !
Piètre consolation. En comparaison avec Maurice, Singapour accueille discrètement les biens pas toujours bien acquis de richissimes Indonésiens et depuis peu des Chinois qui préfèrent avoir un pied ailleurs, just in case. Ces citoyens craignent les régimes en place car en l’absence du Rule of Law, garantissant le sacro-saint droit à la propriété privée, dont les biens sonnants et trébuchants, les fortunes peuvent changer de main du jour au lendemain. 40 % des habitants de Singapour sont constitués d’étrangers avec divers statuts de résidence.
À ce niveau, la seule différence entre Maurice et Singapour est qu’à l’indice de perception de corruption de Transparency International, Maurice à la 50e place est à parité avec le Rwanda, tandis que Singapour à la 7e place devance la Hollande et le Canada.
Nous vivons dans un monde où les riches volent aux pauvres. Les États-Unis vivent à crédit en inondant le monde de leur papier-monnaie devenu la devise de référence mondiale, le dollar. L’Afrique possède des montagnes de minerais, exploitées par d’autres qui lui font en retour de la charité. Il est estimé que le détournement des fonds en Afrique par les élites dirigeantes, notamment à travers l’offshore, s’élève à 82 milliards de dollars US, chaque année (source : Overseas Development Institute, UK, 2016). L’absence de l’État de droit et de la bonne gouvernance explique, en grande partie, cette situation. Mais il y a aussi la cupidité des hommes.
Comme souligné plus haut, Maurice, comme bien d’autres pays, est ancré dans le système financier international. Le monde a fermé les yeux jusqu’ici sur les centres offshore plus ou moins opaques. Mais face à la crise et les cris de révolte au sein de leurs propres populations, les maîtres du monde deviennent intolérants envers l’évasion fiscale, le blanchiment de l’argent mal acquis ou l’argent destiné au terrorisme. Maurice a le système démocratique et les institutions nécessaires pour faire face à ces nouveaux défis. Mais avons-nous les Hommes nécessaires qui puissent aider le pays à naviguer à travers les écueils de l’offshore, sans faire de la démagogie d’une part et se remplir les poches, de l’autre ?
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