Livre : Alain Jeannot sur la route des églises de Maurice

Comment raconter l’histoire de Maurice sans aller à la découverte des églises, de leur histoire et, surtout, de leur mission d’évangélisation. Chacune d’entre elle a une histoire en rapport avec l’endroit où elles ont été construites et avec les familles qui ont financé leur édification. Dans son ouvrage récemment lancé, ‘Échappées belles à travers nos églises’, Alain Jeannot tente de reconstituer un pan de cette histoire.   

D’abord l’auteur. A son actif deux ouvrages, ‘Faut le dire’ et ‘Letters to my kid’, Alain Jeannot, titulaire de la distinction Member of the Order and Key of the Indian Ocean, est aussi fondateur de l’Ong Prévention Routière Avant Tout. Souvent sollicité par la presse et habitué des réseaux sociaux, il s’est fait un nom pour ses réflexions sur la prévention routière.

Ce dernier livre, qui renvoie à sa capacité comme membre de la Commission Justice et Paix de l’église catholique, est une immersion dans le passé de Maurice, celle de sa construction physique et spirituelle.  Bien entendu, à voir son épaisseur (94 pages) et son sujet, l’auteur ne prétend pas restituer ‘toute’ l’histoire des églises qu’il a étudiées en contextualisant leur apparition à Maurice. Encore que par endroit, il livre ici et là des réflexions qui laissent deviner son opinion sur l’esclavage, mais il prend le soin de nuancer  que  « La quête de la vérité ne peut se faire sous les auspices  du sensationnalisme qui ne cesse de nous marteler l’idée d’un clergé plein de vices encore moins sous l’égide d’un angélisme vide de sens. » D’ailleurs, en choisissant le ‘je’ comme mode narratif, Alain Jeannot prend la partie d’un subjectivisme assumé tant il reste convaincu que la mission de l’Eglise à Maurice a réussi à porter avec humanisme et humilité le message évangélique. C’est sans doute ce double trait qui a permis l’enracinement sans violence du catholicisme, religion du colon blanc, à travers l’ile, grâce à ses églises construites par les soins de ce dernier.

Architecture gothique

Que ce soit l’édifice en pierres de taille, à l’architecture gothique – l’église Saint-Sacrement, à Cassis – à celui ‘tendance’ années 60 de St Patrick, toutes les églises participent à cette même fonction spirituelle qui cimente le tissus pluriculturel mauricien. Elles sont parfois au cœur même des catégories sociales ou des communautés distinctes, lorsqu’elles accueillent des motards à Bel-Air ou les Indo-catholiques de St Anne, à Stanley.

L’échappée à laquelle nous convie l’auteur est loin d’être une sorte de missel destiné à convaincre le non-chrétien, car son style conjugue avec bonheur le ton léger du voyageur-découvreur - l’auteur l’est, étant chef de cabine à Air Mauritius – et celui du pédagogue, rendant ainsi le récit fluide à lire. Mais, il ne contente pas d’un simplisme au ras des pâquerettes. De la description savante des lieux, du plus petit espace aux endroits communs dans une église, au sens des vitraux, tout indique qu’Alain Jeannot est à son affaire, la tradition chrétienne à travers ses principaux symboles étant restituée avec rigueur.

Aumônier de Napoléon Bonaparte

Il convient de reconnaitre que cet ouvrage, dont la documentation emprunte à feux Liliane Berthelot, Monique Dinan, Benjamin Moutou, Mgr Amédée Nagapen ou Auguste Toussaint, offre suffisamment de références historiques pour rendre crédibles ses affirmations. Il en est ainsi de ce fameux abbé corse Antonio Buonavita, vicaire de la paroisse St-Louis et enterré au vieux cimetière de Pamplemousses. Ce dernier, élevé à la dignité de protonotaire par le pape et ancien aumônier de Napoléon Bonaparte en exil à l’ile St Helene, était arrivé à Maurice en décembre 1828. On pourra citer d’autres noms de familles, celles des donateurs qui ont offert des terrains ou de l’argent – ou les deux – pour construire des églises.

C’est sans aucun doute ses escales à l’étranger où il a visité une diversité d’églises qui ont permis à Alain Jeannot de prendre la mesure du sens de nos propres édifices religieux. Le père Philippe Goupille, préfacier de l’ouvrage et membre du Conseil des Religions, résume parfaitement le sens que l’auteur donne à ces périples : « Le voyage est un cadeau qui nous permet d’élargir notre âme et notre esprit au contact des cultures et religions qui tissent l’histoire de tant de peuples. »

Echappées belles à travers nos églises,
d’Alain Jeannot
Publié par Dynamic Publications