Une vingtaine de taximen basés à l’hôtel La Pirogue, Flic-en-Flac, affirment qu’un « business parallèle » s’est développé à leurs dépens. Selon eux, des « personnes venues d’ailleurs » et qui rouleraient pour des tour-opérateurs s’accapareraient des courses qui devraient leur revenir.
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Mardi, 14 heures. Armand et ses camarades sont assis sous un kiosque, en face de l’entrée de l’hôtel La Pirogue. « Vérifiez sur le tableau. Depuis ce matin, nous n’avons fait que cinq sorties à tour de rôle. C’est comme ça tous les jours. On reste assis à longueur de journée, sans travail », affirme-t-il, se faisant le porte-parole de ses camarades.
Banqueroute
Du kiosque, on a une vue imprenable sur le va-et-vient des clients de l’hôtel. Armand pointe du doigt un taxi arrêté devant la barrière (gate) : « Ce véhicule vient tous les jours. Voyez avec quelle facilité il entre dans la cour. Il y a 500 clients dans cet hôtel. Mais il n’y a pas de travail pour nous. Les courses sont accaparées par des taxis venus d’ailleurs. Ils présentent un voucher à l’entrée pour prendre des clients. Ces taxis sont des contract cars qui nous volent des clients, notre gagne-pain. »
« Un business parallèle s’est développé au sein des hôtels, assure Armand. Des chauffeurs de compagnies qui ont fermé leurs portes ont acheté chacun trois contract cars qui minent la vie des taximen réguliers. Ces compagnies ont cessé d’exister en raison de ces employés qui les ont menées à la banqueroute en développant ce business parallèle. Une situation qui nous affecte aujourd’hui. On ne nous laisse que des miettes, des petits trajets. Ces opérateurs venus d’ailleurs refusent de faire les petits trajets qu’ils estiment non rentables. »
Xplik Ou K a voulu en savoir plus auprès de la direction de l’hôtel La Pirogue. L’assistant-manager a décliné notre invitation.
Une course à 150 euros au lieu de 60 euros
Marc, un collègue d’Armand, confie comment un taxi « étranger » a réclamé individuellement un montant en euros aux trois passagers à son bord, alors qu’il aurait dû réclamer un montant collectif. « Le taximan a donc exigé trois fois plus que le tarif réel. »
« J’avais transporté un client à Cascavelle. Je lui ai réclamé Rs 1 000 pour l’aller-retour. J’ai attendu durant quatre heures. Quand je lui ai demandé s’il comptait encore sortir, il m’a répondu que son agence avait déjà organisé un transport, au coût de 50 euros par personne. On leur a donc réclamé 150 euros pour se rendre à Pamplemousses, alors que nous, chauffeurs de taxi, ne réclamons que 60 euros pour le même trajet, qu’il y ait un ou trois passagers. Voilà comment on plume les touristes. Et ce sont les taximen qui portent le blâme, le client assurant que c’est un taxi d’hôtel qui lui a réclamé autant », raconte Marc.
La réaction de l’AHRIM
Selon la Federation of Hotels Taxi Associations, l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) est opposée à l’aménagement d’un Taxi Information Desk et l’aurait fait retirer dans un hôtel. Ce que L’AHRIM a démenti : « Il est faux de dire que l’AHRIM s’oppose au projet. La question ne se pose pas. Nous sommes pour un package proposé par le gouvernement qui inclut le Taxi Information Desk et d’autres éléments. » En fait, c’est l’Association of Inbound Operators (Mauritius) qui aurait demandé au gouvernement de geler la création de ces Taxi Desks dans les hôtels.
Taxi Information Desk
Le problème de « business parallèle » n’existe pas qu’à l’hôtel La Pirogue. La Federation of Hotels Taxi Associations (FHTA) avait sollicité du gouvernement l’installation d’un Taxi Information Desk dans chaque hôtel. Le 7 avril, la mesure a été approuvée, conformément aux recommandations d’un comité ministériel présidé par le Premier ministre adjoint Xavier-Luc Duval.
Ainsi, les hôtels de plus de 50 chambres doivent se doter d’un Taxi Information Desk. Dans une déclaration à Xplik Ou K, Yashpal Murrukhun, président de la FTHA, a révélé que « les tour-opérateurs feraient pression sur les hôtels pour qu’ils refusent ce desk qui devait entrer en vigueur dans la troisième semaine de septembre. Seule une poignée d’hôtels s’y est conformée : les autres s’y opposent. »
L’Information Desk devait permettre aux touristes de s’informer des taxis à leur disposition et des tarifs pratiqués. « Il devait nous mettre sur un pied d’égalité avec les canvasseurs et les tour-opérateurs. Les contract cars ne pourraient plus se faire passer pour des taxis », explique Yashpal Murrukhan. Les taximen accusent des marchands de plage de démarchage auprès des touristes.
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