Live News

L’essor des influenceurs : leur rôle et les coulisses du métier dans une société interconnectée 

Publicité

À l’ère du numérique, les influenceurs ont acquis une place prépondérante dans le paysage médiatique contemporain, avec un impact indiscutable sur les comportements et les tendances, entre autres. Dans le sillage des Influencers Awards qui se sont tenus la semaine dernière, Le Défi Plus est parti à la rencontre de ces hommes et femmes qui sont tout autant adulés que critiqués. 

Sheryl Smith :  La fille aux cheveux bouclés et des rêves plein la tête

La création de contenu est addictive pour Sheryl Smith.
La création de contenu est addictive pour Sheryl Smith.

Dans l'univers effervescent des médias sociaux, Sheryl Smith s'est récemment distinguée en décrochant le titre de Best Influencer of the Year 2023. C’est avec une grande émotion que la jeune femme aux boucles intrépides nous fait part de son expérience. « Être nominée était déjà une reconnaissance du dur labeur que j'avais fourni, mais gagner était tellement inattendu que j'ai d'abord ressenti une sorte de culpabilité, car tout le monde est talentueux. Cependant, je suis très heureuse et fière en raison de la légitimité que cette récompense me confère », confie notre interlocutrice. 

Sheryl Smith a de quoi être fière. Deux ans de cela, elle a pris le risque de quitter un emploi fixe pour se lancer en tant que freelance dans l’univers digital afin de donner libre cours à sa passion pour l'expression artistique. Un engouement qui trouve ses racines dès son plus jeune âge. En effet, toute petite, elle rêvait de devenir chanteuse, puis comédienne. Cependant, face au manque de débouchés dans ces domaines, elle a su générer des possibilités qui allaient donner naissance à sa carrière d'influenceuse. « Depuis, c'est devenu une véritable addiction, car j'adore créer du contenu et communiquer avec ma famille 2.0 », souligne la lauréate. 

La Best Influencer, qui représentera Maurice au World Influencers Forum et au World Influencers and Bloggers Awards en mai 2024, indique que son métier d'influenceuse est à la fois semblable et différent des professions traditionnelles. L’un des défis majeurs, dit-elle, est d'expliquer aux autres qu'il s'agit d'un métier sérieux. D’ailleurs, comme tout entrepreneur, il faut faire face aux défis administratifs, aux impôts et à la satisfaction des clients. Mais vu que c'est un métier créatif, il exige une passion ardente pour réussir. « La gratification réside dans la liberté de créer, même si cela implique de travailler à toute heure du jour et de la nuit, y compris les week-ends. Les sacrifices sont nombreux, mais les récompenses sont à la hauteur (quand les clients paient) », dit-elle, avec un grand sourire. 

Au-delà de l'accumulation de followers, Sheryl Smith nourrit l'ambition de réaliser quelque chose de significatif dans son rôle d'influenceuse. Elle se dit consciente de la responsabilité qui accompagne le fait d'avoir un effet sur une large audience et souhaite l’utiliser de manière positive. « De plus, on doit trouver le juste équilibre entre contenu authentique et commercial, tout en satisfaisant à la fois son audience et les marques avec lesquelles on collabore », fait-elle ressortir.

Celle qui a des rêves plein la tête ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Avec une passion dévorante et un dévouement indéfectible, elle continuera de repousser les limites et d'inspirer sa communauté.

Fabrice Lotoah : L’adepte du Fitness et du Bien-Être qui inspire

Fabrice Lotoah voue une passion pour le fitness et le bien-être.
Fabrice Lotoah voue une passion pour le fitness et le bien-être.

Fabrice Lotoah,  20 ans, a commencé son aventure en tant qu'influenceur il y a deux ans de cela. Sa première vidéo marquante était une transformation sur neuf mois, préparée pour une compétition. Elle a rapidement gagné en popularité, enregistrant entre 15 000 et 20 000 vues en 24 heures sur TikTok. Depuis, cet habitant de Quatre-Bornes a continué à créer du contenu, se concentrant principalement sur le fitness et la santé mentale. D’ailleurs, c’est dans cette catégorie qu’il a été primé lors des Influencers Awards. En parallèle, il étudie l’ingénierie logicielle à l'Université de Maurice. 

Aujourd’hui, il fait la fierté de ses parents, dont sa grande sœur, même si au début ils étaient un peu sceptiques. Maintenant, ils voient un avenir dans cette voie pour lui, quand bien même cela implique un travail acharné.  « Être un influenceur demande beaucoup de travail en coulisses. De nombreuses entreprises sollicitent les influenceurs, mais moi, je suis sélectif dans mes choix de collaborations. Je privilégie la qualité sur la quantité », avance notre interlocuteur. 

Il confie aussi que la vie d’un influenceur n'est pas facile.  « Il y a divers défis tels que la gestion du temps, la création de contenu de qualité et la recherche de ce qui fonctionne le mieux pour son public. Éditer une vidéo peut prendre trois heures uniquement. À Maurice, on ne peut pas se contenter de cette activité, car la reconnaissance des influenceurs ne fait que commencer à décoller. A l’heure actuelle, la majorité d’entre eux le font à temps partiel », explique-t-il. 

Selon lui, de nombreuses entreprises préfèrent investir dans des publicités Facebook payantes plutôt que de rémunérer les influenceurs. Il soutient également que son évolution en tant qu'influenceur l'oblige à ajuster son style de contenu en fonction de ce qui donne les meilleurs résultats et à réexaminer constamment ses idées. « Cela exige beaucoup de temps et d'efforts. Je suis cependant motivé par mon engagement envers mes fans et ma passion pour la création de contenu », dit-il.

Avec 67 000 abonnés sur les réseaux sociaux et un premier prix remporté à l'âge de 20 ans, Fabrice Lotoah voit son travail d'influenceur comme une récompense pour les efforts investis. Toutefois, sa priorité reste ses abonnés et il apprécie discuter avec eux lorsqu'il les croise. Aujourd’hui, plus que jamais, il  est déterminé à continuer à créer du contenu de qualité et à toucher ses fans. 

Anne Sophie Catherine : Le chemin vers l’authenticité et l’influence 

Anne Sophie Catherine a pu se relever après un passé mouvementé.
Anne Sophie Catherine a pu se relever après un passé mouvementé.

Âgée de 29 ans et maman d'un petit garçon, Anne Sophie Catherine ne s'attendait pas du tout à briller en tant qu'influenceuse dans la catégorie mode et beauté. Celle qui exerce comme content creator pour une agence de digital marketing parle d’une reconnaissance de son travail d’influenceuse.

En tant qu’ambassadrice de plusieurs marques, elle insiste sur le fait qu'être elle-même et faire preuve d'authenticité ont fait toute la différence. « Je ne copie pas les autres. Je reste fidèle à ma personnalité et à mes valeurs, ce qui me permet de me distinguer », précise notre interlocutrice. Cette dernière confie choisir soigneusement les marques avec lesquelles elle collabore, ne représentant que celles qu'elle apprécie réellement et qu'elle utiliserait elle-même. 

En outre, Anne Sophie Catherine attache une grande importance à la communication avec son public. Elle ne se contente pas de publier des photos ou des vidéos, mais raconte sa journée, tout en protégeant sa vie intime.  « Je tiens à préserver ma vie privée, en particulier celle de mon fils, que je montre rarement en dehors de ses apparitions en tant que mannequin lors de certaines collaborations », indique-t-elle.

Avec cette récompense, cette jeune maman, au lourd passé, peut être fière du chemin parcouru, tout en gardant la tête sur les épaules. Elle reconnaît que les réseaux sociaux sont des plateformes où l'on ne sait jamais vraiment qui se cache derrière les profils. Toutefois, malgré les défis, notamment celui de se relever après son passé difficile, Anne Sophie a persévéré. « J’ai puisé le courage dans la naissance de mon fils. Je n'aurais jamais imaginé que je serais aujourd'hui une influenceuse et pour moi, c'est une véritable réalisation. J'aspire à pousser encore plus loin dans ce domaine ainsi que dans mes projets personnels », ajoute-t-elle.

Anne Sophie Catherine explique aussi que son métier d'influenceuse n'est pas simplement de prendre des photos. « C'est un travail qui demande du temps, de l'effort, de la patience et de l'énergie pour canaliser toutes les idées. Si cela ne se concrétise pas comme prévu, cela peut être décourageant. À Maurice, on ne peut pas encore vivre de ce métier, mais cela permet d’arrondir les fins de mois grâce aux collaborations. C’est pourquoi je travaille en parallèle », conclut-elle. 

Carleen Chan : La passion de l’expression créative 

Carleen Chan concède qu’être influenceuse est à la fois gratifiant et exigeant.
Carleen Chan concède qu’être influenceuse est à la fois gratifiant et exigeant.

À 26 ans, Carleen Chan est une créatrice de contenu passionnée qui partage ses intérêts et découvertes avec sa communauté, principalement sur TikTok et Instagram. En parallèle, elle exerce une carrière en marketing digital à temps plein et également en tant que make-up artist. 

Son parcours vers l'influence digitale est né naturellement de sa passion pour l'expression créative. Présente sur les réseaux sociaux depuis plus de 10 ans, elle a rapidement compris que partager ses centres d'intérêt était une évidence et a ainsi commencé à créer du contenu en ligne. « J’ai remporté les Influencer Awards dans la catégorie Food. C’était une super expérience. Cependant, il est essentiel de rappeler que, pour moi, briller signifie surtout avoir la chance de partager ma passion avec un public plus large », confie-t-elle. 

Carleen Chan poursuit que son expertise en marketing, acquise grâce à ses études, l'a aidée à exploiter de manière efficace les médias sociaux. Elle a donc décidé de se lancer dans la création de contenu, fusionnant sa passion personnelle avec ses compétences en marketing. 

En ce qui concerne sa passion pour la gastronomie, elle révèle qu’elle aime explorer de nouvelles saveurs et la recherche de lieux insolites pour se restaurer. « J'éprouve un vif intérêt pour la gastronomie. Au fil du temps, cette passion a grandi et c’est maintenant une partie importante de ma vie en tant qu'influenceuse », soutient notre interlocutrice. 

En tant qu'ambassadrice de marque pour plusieurs entreprises, Carleen Chan considère la cohérence avec ses propres valeurs et intérêts personnels comme essentielle. Elle s'assure que les produits ou services des marques qu'elle représente correspondent à ce qu'elle choisirait et soutiendrait elle-même. « La sincérité et l'authenticité sont mes priorités absolues. Je m'efforce de rester fidèle à moi-même dans chacune de ces collaborations, en faisant attention à ce que mes recommandations et mes évaluations soient honnêtes et reflètent véritablement mon opinion. C'est essentiel pour maintenir la confiance de ma communauté et pour garantir que mes partenariats bénéficient à tous ceux qui me suivent », affirme-t-elle. 

Elle confirme qu’être influenceuse est à la fois gratifiant et exigeant. Les avantages sont nombreux, mais cela comporte aussi des défis, comme trouver le bon équilibre entre sa vie personnelle et sa présence sur les réseaux sociaux. Elle ajoute qu’il est important de noter que beaucoup d’influenceurs ont des emplois à temps plein ou d’autres sources de revenus. « Cela leur permet de ne pas dépendre entièrement de leurs plateformes en ligne pour subvenir à leurs besoins financiers », précise-t-elle. 

Meli Pierre : L’Éclosion d'une photographe autodidacte

Meli Pierre est un créateur de contenus polyvalents.
Meli Pierre est un créateur de contenus polyvalents. 

Meli Pierre, âgée de 27 ans, est photographe depuis maintenant quatre ans. La photographie a toujours été une passion, nourrie dès son plus jeune âge à travers des moments de partage en famille et des cours pour apprendre à manier une caméra.  Toutefois, à l'origine, elle envisageait de devenir acheteuse de mode. Elle a intégré cet univers lorsqu'elle a déménagé en Angleterre pour étudier la gestion de la mode de luxe à Londres et à Florence, en Italie, où elle a obtenu son master. C’est ainsi qu’elle s’est spécialisée dans le management du luxe. 

« Après mes études, j’ai effectué un stage de six mois chez Givenchy à Paris, puis j’ai travaillé pour Selfridges, un grand magasin de luxe très réputé à Londres. Cependant, j’ai rapidement réalisé que ce n'était pas le chemin que je souhaitais emprunter et que je n’étais pas épanouie », se rappelle-t-elle. Elle a donc décidé de prendre du recul, ce qui lui a permis de découvrir sa passion : créer des contenus. 

Lors de son retour à Maurice pour des vacances, elle a été prise de court par les complications liées à la pandémie de Covid-19, ce qui l'a empêchée de quitter à nouveau le pays comme prévu initialement. « Cette expérience m'a fait prendre conscience que je ne voulais plus repartir. J'ai commencé à photographier des produits pour une femme qui possédait une ligne de vêtements de plage dans le quartier où résident mes parents. Au lieu d'une rémunération, j'ai reçu des maillots de bain en compensation. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'adorais créer des images commerciales de produits », explique-t-elle.

Meli Pierre a donc poursuivi sa carrière dans le domaine de la photographie. Elle a décroché un emploi pour une marque de textile comme photographe. Par la suite, elle a décidé de se lancer en tant que photographe freelance, et c’est ainsi que sa carrière a décollé. « À Maurice, où le bouche-à-oreille est puissant dans un petit marché, je me suis fait un nom rapidement », dit-elle.

En décrochant le titre de Content creator, elle se dit fière d'être reconnue dans son métier, même si elle déplore le fait  que les influenceurs ne sont pas toujours valorisés à leur juste mesure à Maurice. « Pour beaucoup, il peut sembler que les influenceurs font cela pour l'argent et le show-off. Certains ne réalisent pas qu’on y met notre coeur, notre temps et des efforts considérables nécessaires pour créer du contenu de qualité », fait-elle ressortir. Elle dit concevoir des contenus polyvalents, s'adaptant aux besoins et au budget de ses clients, tout en gardant sa créativité et son style distinctifs. 

Aujourd’hui, c’est une femme comblée. « Chaque jour est un nouveau défi. J’apprécie la variété des projets qui se présentent à moi, allant des séances photos corporatives aux shootings de mode sur la plage. Je me sens privilégiée d'avoir trouvé ma voie dans la photographie. Je nourris aussi le rêve de me spécialiser dans ce domaine, notamment dans la photographie sous-marine, une passion qui me fascine profondément vu mon amour et admiration pour la mer et la plongée », confie-t-elle.

vecteezy_professional

Thierry Wong : L’Homme derrière la Marque 

Thierry Wong, également connu sous le nom de L'Homme, a fait son chemin en tant qu’influenceur. Cela fait un an qu’il a pris son envol. Bien qu'il n'ait pas reçu de prix, il a réussi à se bâtir une audience fidèle grâce à une approche unique et innovante. Sa base de fans s'étend désormais aux quatre coins de l'île. De plus, il a eu la chance de collaborer avec des marques prestigieuses qui ont souhaité s'associer à son influence croissante.

Au lieu de se considérer uniquement comme un influenceur, celui qui se distingue des autres de par sa perspective novatrice, a toujours vu sa présence sur les réseaux sociaux comme un moyen de promouvoir son entreprise, dont sa ligne de vêtements L’Homme.  « Les vidéos sont devenues l'élément clé pour promouvoir de manière à la fois créative et captivante mon entreprise. Au début, je réalisais des vidéos sur ma vie au quotidien et c‘était avant tout un passe-temps. Par la suite, j’ai commencé à promouvoir ma ligne de vêtements. Ensuite, lorsque le succès s'est manifesté, cela m'a ouvert la porte à des collaborations avec des marques telles que Samsung et Ascencia, qui ont montré un vif intérêt pour une collaboration avec moi. Cela met en lumière l'efficacité du marketing d'influence pour atteindre un public spécifique », renchérit notre interlocuteur. 

Selon Thierry Wong, l'avenir du marketing d'influence est très encourageant. Comparé à la publicité traditionnelle, il estime que ce secteur offre un meilleur retour sur investissement grâce à l'influence authentique des créateurs de contenu sur leur public. « Les tarifs des influenceurs varient considérablement, allant de Rs 3 000 à Rs 5 000, voire Rs 100 000 pour une vidéo ou plus en fonction de l'influence de la personne et du projet de la marque. Auparavant pour une publicité à la télé, il fallait compter au moins Rs 300 000 », fait-il remarquer. 

Certes, dit-il, quiconque peut devenir un influenceur s'il excelle dans son domaine respectif. Cependant, avertit Thierry Wong, un effort conséquent se cache derrière chaque vidéo influente. De plus, les entreprises cherchent à collaborer avec des personnes qui incarnent authentiquement leurs valeurs et leur message.  « L’intérêt des entreprises pour les influenceurs qui ont une certaine audience est grandissant. Ces derniers, de leur côté, doivent obligatoirement signer des partenariats pour avoir une source de revenus, car à Maurice, pour chaque 1 000 vues en moyenne, il faut compter 10 centimes, alors qu’États-Unis, les influenceurs sont mieux rémunérés avec 5 dollars pour chaque 1 000 vues en moyenne ». 


La naissance des influenceurs

Le concept d'influenceur a pris de l'ampleur au cours de la dernière décennie, mais son origine remonte aux premiers jours des médias sociaux. Des individus charismatiques et créatifs ont commencé à partager leur vie et leurs passions en ligne, attirant progressivement des audiences fidèles. Des plateformes comme YouTube, Instagram, TikTok et Twitter ont rapidement propulsé ces individus au statut de célébrités numériques.

La diversité des influenceurs

Les influenceurs ne se limitent pas à un seul créneau. Ils couvrent une multitude de sujets, de la beauté et de la mode à la technologie, la nourriture, le voyage, et même l'activisme social. 

La création de contenu

La vie d'influenceur ne se résume pas à des paillettes, des séjours dans des lieux idylliques et des voyages de luxe. La création de contenu est un travail acharné qui exige de la créativité, de la constance et de l'engagement. Les influenceurs passent des heures à planifier, filmer, éditer et publier du contenu pour maintenir leur présence en ligne.

Les pressions psychologiques

La vie publique sur les médias sociaux n'est pas sans son lot de pressions. Les influenceurs sont souvent confrontés à des commentaires négatifs, à la pression de maintenir leur image, et à la compétition féroce pour attirer l'attention. Certaines études ont révélé que cela peut entraîner des problèmes de santé mentale tels que l'anxiété et la dépression.


Interview - Roukaya Kasenally, Associate Professor à l’université de Maurice : «Les influenceurs sont une force à ne pas négliger » 

Comment les influenceurs ont-ils transformé le paysage de la communication et du marketing. Quel est leur impact sur les stratégies publicitaires traditionnelles ?
Les influenceurs sont une force à ne pas négliger. Leur ascension s'est réellement produite, puis a explosé avec l'avènement des médias sociaux. Dans leur forme la plus traditionnelle, ils peuvent être des acteurs ou encore des célébrités, mais la tendance est en train de changer rapidement. Aujourd'hui des citoyens ordinaires sont désormais des influenceurs. Cela s'est produit parce que ces citoyens ordinaires ont généré de l'influence en créant du trafic et des adeptes (followers). 

De nos jours, de plus en plus d'entreprises s'appuient sur le marketing et la publicité sur les médias sociaux comme Facebook, Instagram et Tiktok, entre autres. La popularité est surtout ressentie par la génération Z, mais aussi par d'autres groupes démographiques.  Ce qui est intéressant à noter et à retenir, c'est que les influenceurs ont développé un 'business model' qui minimise peu à peu le modèle traditionnel de marketing et de publicité. Ces dernières années, on a constaté une présence croissante d'influenceurs mauriciens qui utilisent astucieusement les médias sociaux pour créer leur base de fans.

Comment les influenceurs peuvent-ils contribuer à renforcer les marques et à susciter l'engagement du public, et quelles sont les meilleures approches pour une collaboration fructueuse dans le cadre d'une stratégie de communication ?
Il s'agit de la validation (endorsement) d'un produit particulier. Les produits établis ou haut de gamme n'ont pas nécessairement besoin d'influenceurs, mais plutôt de célébrités. Ce sont essentiellement les nouvelles entreprises qui aspirent à plus de visibilité et, souvent, les influenceurs (en fonction de leur popularité) peuvent servir de déclencheur.  Il n'existe pas de modèle unique, car tout dépend en grande partie du produit, du type d'image ou du récit que l'on souhaite construire autour du produit. Cela dépend également de votre groupe cible.

Quel rôle jouent les valeurs, l'authenticité et la crédibilité dans la réussite des influenceurs en tant que communicateurs, et comment les marques peuvent-elles aligner leurs valeurs avec celles des influenceurs pour des partenariats fructueux ?
Il ne fait aucun doute qu'il s'agit là de caractéristiques importantes. Cependant, je pense que la compétence la plus précieuse d'un influenceur est sa capacité à persuader. En outre, les influenceurs mettent l'accent sur leur personnalité et l'esthétique, ce qui crée le sentiment : je veux être comme vous.  Cela dit, les marques ou les concepts qui ont une certaine philosophie, telle que la non-cruauté envers les animaux ou le soutien aux produits verts, etc., privilégieront sans aucun doute les influenceurs qui ont une philosophie similaire. 

Comment la psychologie du suiveur (follower) contribue-t-elle à l'influence des influenceurs et de quelle manière, les spécialistes en communication peuvent-ils utiliser cette compréhension pour concevoir des campagnes plus efficaces et éthiques ?
Le modèle économique des followers consiste à engendrer du trafic qui, à son tour, génère des clickbaits. Il s'agit donc d'un modèle très commercial qui peut s'avérer extrêmement rentable. Malheureusement, l'éthique est rarement la considération la plus importante, car l'objectif est d'atteindre un nombre maximum de followers. Lorsque la frénésie autour des influenceurs diminuera, nous pourrons alors évoluer vers un modèle plus éthique et inclusif, mais pour l'instant, c'est un peu le Wild Wild West !

 


Questions à - Yanis Sookloll, Business Director and Creative Strategist chez FCBCREAD : « L’influenceur doit trouver son élément; une balance entre sa passion et sa rentabilité »

YANIS SOOKLOLLComment décririez-vous l'évolution du rôle des influenceurs dans le paysage médiatique ces dernières années, et quelles tendances anticipez-vous pour l'avenir ?
Le marketing d'influence a connu une croissance fulgurante et continue de se développer de manière constante. Cette stratégie, ayant fait ses preuves, joue un rôle de plus en plus crucial dans le modèle des relations entre les marques et leurs consommateurs. Grâce aux influenceurs, nous bénéficions d'un accès à une audience vaste, mais aussi plus ciblée.

Avec l'avancée technologique et l’accès gratuit aux outils de création de contenu, davantage de personnes se laissent séduire par le métier d’influenceur. Cette tendance est portée par une jeune génération sensible de manière accrue à l'authenticité, aux contenus personnalisés et aux influenceurs qui s'adressent personnellement à eux.

Les influenceurs sont souvent perçus comme des experts dans leurs domaines respectifs. Comment peuvent-ils préserver leur crédibilité et leur authenticité tout en établissant des partenariats rémunérés avec des marques ?
Comme dans tous les métiers, les influenceurs sont souvent confrontés à devoir choisir entre passion et rémunération. Certains d’entre eux choisissent leur niche et sont sélectifs dans leurs partenariats. En revanche, d’autres sont plus génériques et touchent un peu à tout. Hélas, ceux qui collaborent avec tout le monde finissent souvent par diluer leur identité et même perdent leur crédibilité. Les comptes avec un grand nombre de followers ont tendance à recevoir beaucoup de « likes », mais il faut savoir que cet indicateur a perdu une grande partie de sa pertinence.

Selon moi, l’influenceur doit trouver son élément ; une balance entre sa passion et sa rentabilité. Courir derrière l’argent rendra son parcours certainement fructueux, mais malheureusement éphémère. 

Les influenceurs ont un impact significatif sur les décisions d'achat des consommateurs. Pouvez-vous expliquer comment les marques peuvent maximiser les avantages du marketing d'influence tout en évitant les écueils (obstacle / danger / piège) potentiels, tels que la saturation du marché ?
L'erreur courante que je remarque sur le marché, c'est lorsque les marques se focalisent excessivement sur la quantité de followers. Cependant, certains ont déjà commencé à délaisser les méga-influenceurs au profit des nano et micro-influenceurs. Nous parlons ici des communautés de followers plus modestes, mais nettement plus impliquées et fidèles. Ces dernières favorisent l'établissement de relations authentiques et durables avec leur audience. Cette approche permettra de créer des relations plus fortes, tout en étant cohérente et consistante dans le message de la marque. Je pense que la confiance entre un influenceur et son collaborateur est cruciale pour la marque. Plus le contenu est authentique, plus l’audience a des chances d’être convaincue.

Dans un futur proche, je pense que les partenariats à long terme seront davantage privilégiés que les campagnes « one-off ». L’efficacité de la répétition et de la récurrence s’applique tout autant au marketing d’influence. 

Je découragerais donc de trop dicter l’influenceur, pour vraiment laisser place à sa spontanéité et son rapport naturel avec son audience. L’influenceur connaît sa communauté, interagit avec elle tous les jours et sait comment leur adresser le message de la bonne manière.

Parlez-nous de votre agence et de la manière dont elle s’adapte à cette tendance ? Quelle est votre vision de l'avenir dans un marché en constante évolution, et quelles stratégies envisagez-vous d'adopter pour exploiter les opportunités offertes par le marketing d'influence et maintenir un esprit d'innovation ?
Pour être honnêtes, nous nous sommes plongés dedans avant même de l’avoir complètement maîtrisé. Nous sommes une agence qui célèbre nos 40 ans d'existence cette année et nous devons ce succès à notre culture du « never finished », que nous pouvons traduire par la transformation et réinvention constante de notre métier. Ces années d’expérience, avec une équipe à la fois jeune et mûre, nous permettent de prendre des risques calculés, tout en étant créatifs, curieux et assoiffés de nouveautés.

Comme de la veille concurrentielle, nous surveillons attentivement l’évolution des technologies, des comportements, des tendances. Chez FCBCREAD, nous refusons de ressembler aux autres, en particulier dans notre utilisation des influenceurs. Nous développons des stratégies d’engagement qui parlent au cœur des audiences en faisant preuve d’innovation constante, à la quête de l’extraordinaire. Nous co-créons de manière agile, à la fois avec les marques et les influenceurs. Plus qu’un simple pont, nous créons collectivement de la valeur en encadrant professionnellement nos collaborateurs.

Notre plus récente fierté réside dans notre campagne Eski , intitulée « Melanz kouler nou zil », lancée cette année à l’occasion de l’indépendance de l'île Maurice. Son objectif était de réveiller et démontrer notre plus grande richesse : notre diversité sous toutes ses formes.  Nous avons aussi créé la toute première « Filter Campaign » à Maurice, qui a reçu une reconnaissance  officielle (badge vérifié) de TikTok. Notre filtre s’est classé parmi le « Top 5 % of effect creators »  (% des créations les plus efficaces), générant plus de 3 millions de vues en ayant été utilisé plus de 145 000 fois. 

Ce succès n’aurait jamais été possible sans la confiance de notre client Phoenix Bev et la collaboration avec nos influenceurs hors du commun.


Catherine Capdor : « Ce que nous pensions être un one-off en est à sa 4ème édition » 

La fondatrice des Influencers Awards, entourés des autres membres organisateurs, dont Ally Boolaky, Bobby Ramasawmy & Ashley Rambhojun.
La fondatrice des Influencers Awards, entourés des autres membres organisateurs, dont Ally Boolaky, Bobby Ramasawmy & Ashley Rambhojun.

Catherine Capdor, fondatrice des Influencers Awards, relate qu'avec son équipe, ils ont lancé la première édition en 2020. « Nous voulions promouvoir la destination et mettre en avant le travail remarquable des influenceurs mauriciens. Évoluant au sein du secteur hôtelier et avec la Covid-19, l'idée était de maintenir une effervescence et de rappeler l'attrait de notre île », ajoute-t-elle. 

Les Influencers Awards ont débuté, dans un premier temps, avec  les catégories axées sur les artistes et la culture mauricienne : Artist & Entertainment, Food, Travel & Lifestyle, ainsi que Fashion & Beauty et Fitness & Wellness. Puis, le succès étant au rendez-vous, l’aventure s’est poursuivi. « Ce que nous pensions être un one-off en est à sa quatrième édition cette année », dit-elle avec fierté. 

Entre-temps, d'autres catégories ont été ajoutées. Par la suite, les Influencers Awards ont pris une dimension internationale l'année dernière en s'associant avec les World Bloggers & Influencers Awards à Cannes. « D'ailleurs, cette année, notre Best Influencer de 2022, Neeshi Beeharry, a participé et a remporté un prix. Il sera de même pour la Best Influencer de 2023, Sheryl Smith qui va se rendre aux World Influencers & Bloggers Awards de 2024 », précise Catherine Capdor.

Notre interlocutrice estime que les influenceurs mauriciens ont progressé d'année en année. Elle soutient que de plus en plus de compagnies locales les sollicitent pour accroître leur visibilité et promouvoir leurs produits. « Nous sommes, certes, encore loin des influenceurs internationaux qui sont rémunérés pour leur talent et sont invités sur les tapis rouges. Mais je connais certains influenceurs à Maurice qui se consacrent à temps plein à leur activité et en ont fait leur métier. Aujourd'hui, certaines compagnies nous contactent suite aux awards pour les conseiller sur le choix des influenceurs et leur en proposer quelques-uns », souligne-t-elle.

Catherine Capdor ajoute, par ailleurs, que non seulement les compagnies locales, mais aussi des chaînes internationales à Maurice, utilisent les influenceurs, à l'exemple de Nespresso, Coca-Cola, Courts, Ibiza et Brasilia, entre autres.

Les lauréats de cette 4ème édition sont:  

• Best Influencer :  Sheryl Smith  
• Fitness & Wellness: Fabrice Lotoah  
• Artist & Entertainment:  Ashwina Thakooree Taujoo  
• Food:  Carleen Chan  
• Automobile: Kairav Kirtne  
• Travel & Lifestyle: Sabrina Dulloo  
• Content Creator: Meli Pierre  
• Fashion & Beauty: Anne Sophie Catherine  
• Most Promising:  Mevin Sanassee  
• Most Artistic:  Tamlyn Marot 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !