Société

Les sorties en mer: un divertissement lucratif

L’économie bleue est une réalité à Maurice. Notre pays est entouré d’eau et d’espaces naturels. Le contact avec les clients, l’amour de l’océan, faire un métier qui ne nécessite pas de diplômes avancés sont, entre autres, les facteurs mis en avant par les skippers pour expliquer le choix de leur métier. Pour les plaisanciers, c’est un business très lucratif. Zoom sur un domaine qui promet des débouchés sociaux et économiques importants, mais non sans difficultés. Il n’y a pas d’âge pour aimer la mer. Ils sont issus de diverses régions, ont un passé différent, mais ont en commun leur amour pour la mer. D’où leurs efforts pour obtenir un skipper’s licence délivré par la Tourism Authority (TA).
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/div> Majoritairement originaires du littoral, ceux qui pratiquent le métier de skipper ont un objectif commun : faire carrière dans ce domaine, avoir assez de revenus pour devenir des plaisanciers et embaucher à leur tour d’autres skippers. « C’est une activité très lucrative », soutiennent-ils. Détenir un permis pour cette activité est d’une importance capitale, car sortir en mer sans permis constitue un délit. Outre leurs compétences techniques, il doivent avoir un bon sens du relationnel afin de fidéliser la clientèle. « Une seule sortie en mer avec un client totalement satisfait est suffisante pour faire démarrer cette entreprise très lucrative », soutient un observateur. Subiraj R., 52 ans, détenteur du permis de skipper et plaisancier, exerce depuis une vingtaine d’années dans ce domaine. Ce n’est cependant pas son métier : cet habitant de Trou-d’Eau-Douce, qui avance ne faire qu’un avec la mer, affirme pratiquer cette activité par plaisir. La balade à l’île-aux-Cerfs est certainement la plus connue et la plus réputée de l’île Maurice. Beaucoup de visiteurs souhaitent visiter cet îlot, qui a une magnifique plage de sable blanc. « Notre île jouit d’espaces naturels tout autour d’elle. Ils ont chacun une valeur récréative pour les touristes et les Mauriciens », explique Subiraj R. Ce dernier ne jure que par la mer, son métier et son passe-temps étant skipper et plaisancier. « Je travaillais comme cleaner dans un hôtel cinq-étoiles. J’ai eu la chance d’apprendre les rouages du métier de skipper auprès de mes collègues. J’ai très vite compris que les touristes viennent à Maurice uniquement pour profiter de nos espaces naturels et pour pratiquer les activités nautiques, entre autres. J’ai compris que c’était un moyen pour moi de me faire de l’argent. Un jour, avec mes économies, je me suis acheté un bateau », raconte-t-il. C’est le début d’un nouveau défi pour le plaisancier, qui organise des excursions mémorables et relaxantes à l’île-aux-Cerfs.

Rs 100 000

« Je stationnais avec mon bateau dans un endroit isolé à l’île-aux-Cerfs. J’approchais les touristes avec des grillades de saucisses et de poulet, ainsi que des rafraîchissements. Je me faisais presque Rs 100 000 en une journée », raconte-t-il. « Les touristes aiment beaucoup les fruits de mer et les activités nautiques, comme la plongée en apnée dans le lagon et nager dans l’eau tiède turquoise bordant la plage de l’île », poursuit le plaisancier. « Aujourd’hui, les excursions sont proposées aux touristes et aux Mauriciens. Celles-ci commencent par un transfert en bateau vers l’île-aux-Cerfs, avant de visiter la cascade de Grande-Rivière-Sud-Est. Sur l’île, on propose des activités comme le parasailing, la plongée en apnée pour découvrir la beauté sous-marine. Par la suite, un déjeuner est proposé aux visiteurs sur l’îlot Mangénie », explique Subiraj R. Depuis, le plaisancier ne cesse de grimper les échelons. Aujourd’hui, il est le propriétaire de cinq bateaux de plaisance et possède un vaste bungalow. « J’étais analphabète. Je ne parlais que le bhojpuri. Aujourd’hui, je parle six langues différentes : l’anglais, le français, l’italien, l’allemand, une langue orientale et un peu de chinois. Savoir parler des langues étrangères joue en notre faveur », poursuit-il. Des skippers et des plaisanciers d’expérience ont connu des réussites citées en exemple pour motiver les jeunes à intégrer le métier. Subiraj R. dit que ce sont ses nombreuses relations dans le métier qui ont joué en sa faveur, ce qu’il fait qu’il n’a pas beaucoup eu à démarcher. « La nature nous a donné tant des facilités et de ressources. C’est à nous de les identifier. Le secteur touristique est en pleine expansion. Il n’y a aucune raison de chômer. Il nous faut préserver les espaces naturels », dit Subiraj R. Pour lui, gérer plusieurs bateaux et exercer en parallèle le métier de skipper est possible. Même son de cloche pour Rodriguo E. Ce natif de Goodlands, âgé de 37 ans, est un skipper connu à Bain-Bœuf et à Pointe-aux-Canonniers.

Prospérité

« À l’âge de 17 ans, j’ai réalisé qu’un meilleur avenir et la prospérité sont assurés dans le secteur du tourisme. Cependant, il faut de la persévérance et faire des sacrifices pour y parvenir », dit-il. Cela fait plus d’une vingtaine d’années que ce père de deux enfants exerce le métier de skipper. Rodriguo E. est aujourd’jui propriétaire de cinq bateaux, dont un trimaran, un catamaran et un bateau de pêche. Il gère plusieurs compagnies dans le nord de l’île. L’une d’elles est Blue Wind Cruise Ltd. En compagnie de ses trois frères, Rodriguo E. organise des excursions à l’îlot Gabriel, Coin-de-Mire et l’île Ronde, entre autres. « Pour les étrangers, l’île Maurice est le paradis. C’est leur destination préférée. C’est pour cette raison qu’ils viennent ici. Ils aiment aussi la gastronomie et la culture locales. Ils s’intéressent plus aux qualités pittoresques de la nature et de la mer. L’île Maurice, c’est l’une de plus belles créations de Dieu. Pou bann zanfan lakot kuma nou, lamer li kuma petrol. Ena bokou risess ek prosperite asire ar sa. Nous devons exploiter la beauté marine et les espaces naturels, tout en les préservant », soutient notre interlocuteur.
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Parc marin

Le parc de Blue-Bay est considéré comme l’un des plus beaux sites pour découvrir les fonds marins mauriciens. Il est prisé pour la plongée en apnée. La zone est riche en coraux et en poissons sur une superficie d’environ un kilomètre carré dans le lagon. « Les clients sont éblouis par la vue qui s’offre à leurs yeux : une eau bleue exceptionnelle, ainsi que d’incroyables plages de sable blanc », soutient un skipper. La couleur bleue turquoise du lagon explique bien le nom Blue Bay. Le lagon offre des nuances infinies de bleu. « Dans le parc marin, les clients profitent du magnifique spectacle, grâce au fond de verre du bateau. Certains se jettent à l’eau pour une baignade ou font de la plongée en apnée. La faune et la flore du parc sont absolument merveilleuses, avec de plus de cinquante espèces différentes de coraux et des poissons de toutes couleurs, entre autres », dit Rodrigo E.

Bonne qualité du service

Selon Rodriguo E., son personnel fait de son mieux pour satisfaire les demandes des clients. « Les clients, étrangers ou locaux, sont rois. On les accueille avec gentillesse et un grand sourire. La bonne qualité du service joue en notre faveur. En sus du barbecue, on propose de savourer des plats typiquement mauriciens aux étrangers, comme le curry de poisson avec du “farata”, le samoussa, le gâteau piment accompagnés de cocktails faits maison. Après le déjeuner, on fait danser les clients au rythme du séga », indique-t-il. Il avance que la pêche au gros intéresse beaucoup les étrangers. « La pêche de marlins et de thons près de l’île Ronde est une activité tout aussi lucrative », poursuit le skipper. « Le bonheur des clients passe avant tout. Notre philosophie, c’est de mettre le client au cœur de l’entreprise. Nous avançons au quotidien avec pour objectif la volonté de toujours mieux connaître nos clients, afin de leur proposer le meilleur service », poursuit Rodriguo E.  
 

Dauphins et baleines

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17233","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-29196","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Dauphins"}}]] Nager avec les dauphins constitue souvent un vieux rêve. Petits et grands se plaisent à le réaliser à Maurice, dans les eaux turquoise de l’océan Indien. « La baignade avec les dauphins et, des fois, avec des baleines est l’une des excursions les plus prisées. Nous, les skippers de l’Ouest, bénéficions de la popularité des activités nautiques propres à cette région et surtout du dolphin watching ». « La baie de Tamarin est le seul endroit où il est possible d’admirer les dauphins et c’est ce qui rend cette activité très lucrative », relate Steeve. Âgé de 43 ans, ce skipper de la région raconte que son expérience dans le secteur portuaire est à l’origine de son intérêt pour la mer. En d’autres mots, sa motivation est liée à son métier, qui lui permet de voyager régulièrement. Comme d’autres jeunes, il s’est lancé dans le « skipping » avant la fin de sa scolarité.
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N’étant pas porté sur les études, il était tout naturel pour lui de s’intégrer dans cet environnement, dit-il. Connaissant personnellement un grand nombre de skippers et de plaisanciers, il a été invité à poursuivre dans cette voie. Son expérience sur les bateaux de plaisance l’a rendu passionné de ce métier, qu’il pratique aujourd’hui depuis sept ans. Pour rien au monde, il ne l’abandonnerait. C’est quand il a eu son skipper's licence que les choses se sont réellement concrétisées. Aujourd’hui, il travaille à plein temps pour une compagnie privée dans la région ouest. « C’est une chance que les dauphins viennent se reposer ici où l’eau de la mer est calme. Ils sont nombreux durant la saison hivernale, soit entre juin et août. Pour nos clients, nager avec les dauphins en pleine mer est une expérience unique ! » raconte Steeve. « L’embarquement se fait tôt le matin, aux environs de 8 heures, afin de profiter au maximum du calme et de la sérénité des lieux. Les dauphins peuvent être vus le matin lorsqu’ils jouent ou se reposent », ajoute le skipper. Une fois à bord de l’embarcation, le guide accompagnateur fait un exposé complet sur les types de dauphins et comment les approcher sans les déranger. Quinze à 30 minutes après avoir quitté la rive, le bateau coupe les moteurs et les voyageurs se munissent de masques, de tubas et de palmes prêtés par la compagnie. Ils nagent dans une eau cristalline, à la recherche des dauphins, qui sont toujours au rendez-vous et se déplacent par groupes. Le code de conduite de la Tourism Authority, à respecter par rapport aux dauphins, est abordé pendant la présentation. « Il faut garder une distance de 50 mètres avec les dauphins, afin de ne pas les déranger, et le bateau doit respecter une certaine vitesse », avance Steeve.

Être débrouillards

Les membres de l’équipage s’occupent de l’accueil des clients, du paiement des excursions, des repas et des boissons pour les sorties. « Nos sorties dépendent du nombre de touristes et nous nous organisons selon leurs demandes ou encore le type d’excursion souhaité. Après leur rencontre avec les dauphins, on les conduit à l’île-aux-Bénitiers, traversant par la “roche crystale” », explique le skipper. Le travail ne consiste pas uniquement à amener les touristes à bon port, il est crucial de les divertir, dit-il. « L’une des qualités demandées dans ce secteur, c’est le sens de la débrouillardise. Au fil des rencontres avec les clients et grâce à leur expérience en mer, les membres de l’équipage se forgent une réputation qui se consolide d’année en année », lâche Steeve. Aujourd’hui, ce skipper, qui a connu les affres de la misère, songe à s’acheter un bateau. Tout n’est cependant pas rose dans ce secteur. Si, dans les régions mentionnées, les affaires semblent aller pour le mieux, dans d’autres régions, skippers et plaisanciers peinent à joindre les deux bouts. Certains d’entre eux ne respectent pas les rayons d’opération, entre autres. « Il y a un nombre croissant de demandes pour des excursions, car les gens aiment passer du temps dans la nature et observer la beauté marine. De ce fait, il y a de la compétition », expliquent certains skippers.
 

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