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Les raisons de l’arrestation de Shakeel Mohamed

Shakeel Mohamed figurait depuis jeudi dernier sur une liste de personnes que le Central Criminal Investigation Department (CCID) comptait convoquer. Aux Casernes centrales  lundi, en compagnie de son homme de loi Gavin Glover, le député travailliste a pris connaissance des charges pesant contre lui. Des accusations qu’il conteste.
La police soupçonne Shakeel Mohamed d’être impliqué dans le triple meurtre survenu à la rue Gorah-Issac, Plaine-Verte, le 26 octobre 1996. Le CCID se base sur la récente déposition de Swaleha Joomun, veuve de l’une des victimes, et sur des dépositions de Khadafi Oozeer. Le lundi 9 novembre, Swaleha Joomun avait dit au CCID que les personnes qui ont procuré des armes à feu dans le meurtre de son mari, Babal Joomun, sont toujours libres. Elle avait donné sept noms à la police, dont ceux de quatre personnalités. Khadafi Oozeer avait allégué, dans une déclaration à la police, qu’après le meurtre en 1996, Shakeel Mohamed serait venu le voir et lui aurait donné un sac contenant plusieurs armes à feu ainsi que des balles. Shakeel Mohamed lui aurait dit : « To pena police case, pa pu ena supson lor twa ». Cependant, la police avait fait une descente chez Khadafi Oozeer et avait saisi le sac rempli d’armes chez lui. Le département des laboratoires médico-légaux devait par la suite découvrir que l’une des armes saisies avait été utilisée dans le triple assassinat de la rue Gorah-Issac. Ce revolver appartenait à la police et avait été volé lors du braquage d’un casino, sur un policier qui y assurait la surveillance. Le jour du meurtre, la police avait reçu une information à l’effet qu’on avait attaqué un couple étranger qui était sur la plage de Flic-en-Flac pour voler leur véhicule. C’est ce même tout-terrain qui avait été utilisé lors de la fusillade à la rue Gorah-Issac. À l’époque, Shakeel Mohamed habitait Morcellement Anna, Flic-en-Flac, et selon Khadafi Oozeer, Shakeel Mohamed aurait donné des informations sur ce couple qui était une proie facile pour voler leur véhicule. Avant l’incident de Gorah-Issac, Shakeel Mohamed avait consigné une déposition aux Casernes centrales pour dire qu’il avait eu un accrochage avec des adversaires politiques et qu’on avait formulé des menaces à son encontre. À leur tour, ses adversaires avaient consigné une déposition contre lui.

19 ans après

La réouverture de l’enquête sur le triple meurtre à la rue Gorah-Issac et l'inculpation de Shakeel Mohamed ont suscité son lot de réactions. Pour le Parti travailliste, c'est une vendetta politique. Arvin Boolell a fait un parallèle avec l’arrestation de Gaëtan Duval. « Je me rappelle de la position du PTr dans cette affaire. Nous sommes contre le fait que les institutions ne soient pas respectées et ‘ki ena dominer’. Tou ban insidan ki ena tre enn vanzans politik pa amenn nil par », dit-il.   Du côté des légistes, l'on comprend que la réouverture de toute enquête est nécessaire si les autorités sont en présence de nouvelles preuves concrètes. Selon Doorgesh Ramsewak, ancien DPP, « on peut poursuivre quelqu'un 10, 20 et 30 ans après.  La Cour devra statuer sur tous les points de droit qui seront soulevés ». Pour sa part, Me Dev Ramano estime que la justice doit suivre son cours pour que les coupables soient identifiés. « Justice delayed is justice denied », soutient-il. Me Hervé Duval Jr pense, lui, qu'il sera « plus difficile, après 20 ans, d'établir un 'prima facie case'. Ce sera à la Cour de décider sur la base des éléments dont dispose la police ».

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Les hommes de l’ACP Jangi ont décidé de loger les charges suivantes contre Shakeel Mohamed : « Conspiracy to commit murder », « procuring revolver used in the commission of murder », « possession of revolver carried off, abstracted and obtained by means of crime », « giving instructions to commit larceny of van whilst being armed with offensive weapon».Il devrait retourner au CCID ce mardi. Il sera de nouveau interrogé sur de nouveaux éléments de l’enquête. [row custom_class=""][/row]
 

Réactions

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Ibrahim Joomun: « Il n’y a pas de fumée sans feu »

Ibrahim Joomun, un des frères de Babal Joomun, espère que la lumière sera enfin faite sur cette affaire. « Les commanditaires du crime sont encore toujours dehors », affirme-t-il avec conviction. Se faisant le porte-parole de la famille, Ibrahim Joomun souligne que « le nom de Shakeel Mohamed a été cité depuis le début, mais il n’a jamais été arrêté. Il a certes déjà été interrogé par la police, mais il ne s’est rien passé après. Il n’y a jamais de fumée sans feu ». Le frère de Babal Joomun espère qu’il n’y aura aucune d’interférence dans l’enquête.  

Paul Bérenger: « On suit l’affaire de près »

Les événements du jour ont été discutés lors de la réunion du bureau politique du MMM lundi en fin d’après-midi. « Nous ne sommes pas satisfaits du rôle de la police ces temps-ci. Sous Ramgoolam, c’était déjà la même chose », déclare Paul Bérenger, leader du MMM. Il fait référence à « la méchanceté et la mesquinerie de la police », mais précise « ne pas être là pour défendre Bachoo et les autres ».  
 

Une journée éreintante

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] 10 h 38: Shakeel Mohamed arrive aux Casernes centrales, en compagnie de son avocat Gavin Glover. 11 h 15: La SSU ferme aux piétons la petite porte donnant accès au CCID. Les sympathisants de Shakeel Mohamed sont priés de quitter les Casernes centrales. 12 h 22: Après près de deux heures dans les bureaux du CCID, Shakeel Mohamed est conduit sous forte-escorte à son domicile, à Calebasses. 12 h 45: Arvin Boolell arrive aux Casernes centrales. Il s’interroge sur l’indépendance des institutions, puis il quitte les lieux. 14 h 08: Arvin Boolell retourne aux Casernes centrales en compagnie de plusieurs membres du PTr (Anil Bachoo, Ezra Jubhoo et Akil Bissessur). 14 h 12: Shakeel Mohamed est de retour aux Casernes  à l’issue de la perquisition chez lui. 14 h 28: Shakeel Mohammed est placé en état d’arrestation. 14 h 41: D’autres avocats arrivent au CCID, notamment Nadeem Hyderkhan et Ritesh Ramful. 15 h 03: Shakeel Mohamed quitte le CCID pour la New Court House. 15 h 10: Comparution devant la Cour correctionnelle de Port-Louis (2e division) 15 h 20: Yahia Nazroo, l’un des avocats de Shakeel Mohamed, se rend en Cour suprême pour demander un mandat d’habeas corpus, afin que Shakeel Mohamed ne soit pas détenu sans raison valable. La demande est dirigée contre le Com-missaire de police. Mais l’ordonnance n’a pas pu être logée en Cour suprême vu l’heure tardive. 15 h 28: Navin Ramgoolam fait son entrée à la New Court House. 16 h 00: Shakeel Mohamed est traduit devant la Bail and Remand Court vu que la poursuite objecte à sa remise en liberté. 19 heures: La magistrate Manjula Kumari Boojharut donne lecture de sa décision concernant la demande de remise en liberté de Shakeel Mohamed. 19 h 01: La Cour accorde la liberté conditionnelle à Shakeel Mohamed. Il quitte la New Court House, sous les applaudissements de ses partisans et les pétarades. Son père Yousuf Mohammed, est en larmes. 19 h 06: Shakeel Mohamed annonce qu’il sera présent à l’Assemblée nationale ce mardi. Nasif Joomratty
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