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Les nouveaux défis de l’éducation : le métier d’enseignant à l’ère numérique

enfant primaires

Nouvelle année, nouvelle aventure, nouveaux collègues pour l’enseignant qui côtoie des enfants de divers milieux et de différentes cultures. Son métier est exigeant et épuisant. Enjeux de la profession à l’ère numérique.

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L’enseignant a beaucoup de jours de congé, un salaire confortable, mais sa profession n’est pas aussi facile qu’on peut l’imaginer. Travailler avec des enfants n’est pas une tâche facile. Durant les vacances, l’enseignant récupère.

Deepak Bhaghirattee

De nos jours, les élèves défient l’autorité, indique Deepak Bhaghirattee, 47 ans, enseignant à l’école primaire de Mare-d’Albert. Il dit avoir côtoyé trois générations, après avoir exercé pendant 25 ans dans le domaine.

« Le comportement des élèves a drastiquement changé au fil des années. Auparavant, ils avaient du respect et éprouvaient de la crainte vis-à-vis du prof. C’est une attitude qu’encourageaient les parents. Après les heures de classe, les parents trouvaient du temps pour suivre leurs enfants. Aujourd’hui, au lieu de continuer à faire cela, ils leur donnent des jeux ou d’autres sources de distraction », explique-t-il.

Il déplore que la punition corporelle soit désormais condamnable par la loi. Aujourd’hui, ajoute l’enseignant, le bullying est chose courante dans les écoles primaires. « Il y a des enfants avec des agissements agressifs, qui développent l’attitude de bullying. On fait de notre mieux pour que l’enfant victimisé bénéficie d’un suivi psychologique », dit-il.

De nouvelles stratégies

« Pour restaurer un bon environnement dans la classe, tout en maintenant la discipline, on met en place de nouvelles stratégies. Nous sommes désormais à l’ère des nouvelles technologies. On est censé mettre en œuvre une pédagogie moderne, en utilisant des jeux pour enseigner. Avec ce moyen, on attire les enfants, qui sont curieux et fascinés par les dernières technologies », poursuit-il.

Il demande aux parents, malgré leur emploi du temps chargé, de trouver le temps d’être à l’écoute de leurs enfants. « Sinon, les enfants, par manque d’affection et d’attention, dérapent », explique-t-il.

Priya (prénom modifié), 28 ans, est enseignante de langue orientale dans un collège à Flacq. Pour cette habitante du Nord, la profession est devenue un défi, car les établissements scolaires accueillent des élèves différents, venant de divers milieux et cultures.

« Contrairement à quand j’étais étudiante, les classes avec ces jeunes élèves sont plus difficiles à gérer. Les conditions d’apprentissage ont changé durant ces dernières années. Nous vivons désormais à l’ère du numérique. Les élèves ont accès à toutes les informations », explique-t-elle.

De plus, les nouvelles technologies sont présentes au sein de la société mauricienne. Tous les établissements scolaires primaires et secondaires sont équipés d’ordinateurs. Tel n’était pas le cas dans le passé.

Patience et persévérance

« En tant qu’enseignants, nous sommes appelés à apprendre aux élèves à se servir de ces nouveaux outils d’apprentissage », indique-t-elle. En ce qui concerne le comportement des élèves, la patience et la persévérance sont de mise.

« Les élèves d’aujourd’hui connaissent bien leurs droits. On essaie de partager des connaissances académiques. On leur inculque les valeurs morales, mais les élèves font preuve de manque de respect et de reconnaissance. Ce qui est décourageant », fait-elle ressortir.

Hansraj Beeharry Panray

Hansraj Beeharry Panray, 62 ans, éducateur au Royal College Port-Louis, confie qu’il est difficile pour un jeune enseignant de gérer une classe de 40 à 42 élèves. « L’année scolaire vient de démarrer. Pour gérer le comportement des élèves et instaurer la discipline, les jeunes enseignants sont appelés à suivre une formation d’un mois. On les prépare à faire face aux défis du métier », explique celui qui est dans la profession depuis plus de 36 ans. « Les jeunes profs sont, bien sûr, épaulés par les seniors », ajoute-t-il.

Il note que les élèves sont de plus en plus indisciplinés, car ils utilisent constamment les réseaux sociaux pour se divertir. « Le téléphone cellulaire est un outil à double tranchant et Facebook est la racine de tous les maux chez les jeunes. Les parents sont insouciants quant aux activités de leurs enfants et ils leur consacrent peu de temps », fait-il observer.
Il dit avoir travaillé avec des enfants issus de familles brisées.

« Ils sont souvent indisciplinés et turbulents, mais on ne doit pas oublier que ce sont des innocents. Ce sont les difficultés de la vie qui les rendent ainsi. De plus, l’atmosphère chez eux est souvent pesante. C’est très dur de travailler avec eux et de leur inculquer des valeurs. à mon avis, chaque enfant est différent et on ne peut pas les rejeter ou les mettre dans un coin. En effet, l’enfant a besoin d’une attention particulière. On doit le préparer à devenir un bon citoyen », soutient-il.

Dans cette optique, Hansraj Beeharry Panray propose d’avoir des mentors, vers qui les enfants peuvent se tourner pour trouver des solutions. « Cette initiative a pour but d’encadrer les élèves », dit-il.

Comprendre la psychologie des petits

Pour Aisha, enseignante en préscolaire, il faut comprendre la psychologie des petits. « Une bonne dose de patience et d’affection est recommandée pour gérer les petits. Il faut savoir instaurer le respect dans la classe », explique cette enseignante d’une trentaine d’années.

Elle dit qu’elle doit se familiariser avec le milieu dans lequel vivent les élèves. « Il nous faut, avant tout, comprendre la psychologie de l’enfant. On n’est ni trop amical, ni trop sévère avec les petits. Et on s’assure que la classe se déroule comme il faut, dans le respect des règles », poursuit-elle.

Elle indique que les enfants sont bien informés de leurs droits. « Les enseignants n’ont désormais pas le droit de les réprimander. Un reproche met parfois la vie et la carrière de l’enseignant en danger », déplore-t-elle.

« Le rotin n’a jamais fait du tort à un élève »

Pravesh, 53 ans, enseignant de Grade VI et assistant maître d’école d’un établissement de la région est du pays, est d’avis que le rotin n’a jamais fait du tort à un élève.

« Auparavant, les élèves avaient peur de leurs enseignants. Ils craignaient qu’ils soient punis pour leur indiscipline. Les punitions corporelles avaient pour objectif de responsabiliser l’élève », explique-t-il. « Mais la mentalité des parents a changé au fil des années. Les enfants sont devenus très vigilants, par rapport à leurs droits », poursuit-il.

« La moralité des enfants laisse à désirer. Ils ont un comportement violent et agressif, donnent des coups de pied dans les tables et insultent les enseignants, entre autres. Le bonjour a disparu », fait-il remarquer.

Pour exercer le métier d’enseignant de nos jours, selon l’assistant maître d’école, les aspirants profs ont besoin d’un bagage professionnel solide, de compétences pédagogiques, d’être des personnes disciplinées, patientes et persévérantes.

 

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