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Les avis divergent entre le retour aux Chagos et s’épanouir ailleurs

Une délégation composée de Chagossiens et de techniciens de l’État se rendra prochainement aux Chagos.

Le relogement des Chagossiens est bien plus qu’une question de restitution des terres. C’est un pas significatif en matière de justice sociale et de reconnaissance des droits humains. Mais combien de natifs des Chagos et de leurs descendants souhaitent aller vivre sur les îles Salomon et Peros Banhos, où tout reste à construire ? Aucune étude ne le dit pour le moment.

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«Bel demars sa. Difisil pou al res laba. Kapav al vizite. Me pa al reste », dit J.M., une mère de famille de 31 ans domiciliée à Cassis. Ses parents, qui sont des Chagossiens natifs, sont originaires des îles Salomon. La jeune femme, qui sera bientôt citoyenne britannique par naturalisation, compte partir au pays de Sa Majesté l’année prochaine. « Je suppose que les îles Peros Banhos et Salomon seront développées au fil du temps. Mais cela prendra au moins cinq ou six ans. D’ailleurs, tout dépendra de la volonté des prochains gouvernements. Je serais ravie de passer des vacances sur Peros Banhos ou Salomon. Pas plus. Je pense que ce sont les natifs qui aimeraient retourner vivre sur leurs terres, car leur déracinement a laissé des séquelles dans leurs vies. Ils souffrent toujours et cette souffrance est visible dans leur regard », explique-t-elle.

J.M. se dit convaincue que son grand-père maternel, décédé à l’âge de 61 ans en 2002, aurait été la première personne à s’enregistrer lors du processus de relogement. Sa grand-mère maternelle, qui selon elle rêvait de retourner aux Chagos, est également décédée sans réaliser son souhait. « Granper touletan ti pe rakont nou bann zistwar dan zil. Linn montre nou fer toufe pwason, kouma fer seraz ek baka. Il disait qu’il était toujours disposé à retourner sur son île natale. Ziska li mor linn dir sa koze la », raconte-t-elle.

Rita Flore et Elsie Constant

Olivier Bancoult, le leader du Chagos Refugees Group (CRG), est né à Peros Banhos. Il avait 4 ans lorsqu’il a été déporté vers Maurice. « Oui. Je suis disposé à vivre sur les îles des Chagos. C’est mon droit. Mo gagn drwa vinn lor landrwa kot monn ne. Dan sa mond kot nou pe viv, person pa inior kot sa linn ne. La terre qui vous a vu naître restera toujours dans votre cœur », dit-il. Selon Olivier Bancoult, il y a 339 Chagossiens natifs vivant à Maurice. Les plus âgés sont Rita Flore (98 ans) et Elsie Constant (99 ans). Elles sont domiciliées à Roche-Bois et Beau-Bassin respectivement.

« Mo pa anvi al laba »

Vanessa, 41 ans, est à l’aube de sa nouvelle vie… au Royaume-Uni. Elle a déjà été naturalisée britannique. « J’aime les îles Chagos. Me mo pa anvi al laba. Mo bann zanfan mem pa pou kontan al laba. Pena nanie laba. L’avenir est au Royaume-Uni », soutient la mère de famille. Le père de Vanessa est né à Peros Banhos. Aujourd’hui âgé de 65 ans, il avait 9 ans quand il a été déporté à Maurice dans les années 60. « Mon père a toujours signifié son intention de ne plus jamais retourner aux Chagos. Linn dir mwa non. Li dir zame li pa pou al res laba. So leker touletan inn fermal kan linn kit so pei. Akoz samem li pann oule tann koz Chagos », confie la quadragénaire. 

Pour elle, le relogement des Chagossiens est-il une mesure réalisable ? « Pou ena dimoun ki pou rod ale. Surtout des natifs. Mais une partie de ceux qui ont été déracinés, comme mon père, ne veulent plus entendre parler d’un retour aux Chagos. C’est du passé pour eux », poursuit Vanessa.

Recensement

Le gouvernement, pour rappel, envisage de mener des études en vue d’aménager le territoire sur les îles Salomon et Peros Banhos. La délégation officielle, qui effectuera le déplacement dans l’archipel des Chagos, sera composée de Chagossiens et de techniciens attachés auprès de divers ministères et départements. Le but de la mission est de préparer un éventuel relogement des Chagossiens dans l’archipel. Il s’agira notamment de définir un programme pour l’aménagement du territoire. C’est-à-dire faire diverses études, voire établir des plans pour la construction de maisons, de routes, d’écoles, de lieux de culte, d’un débarcadère, d’un aéroport, entre autres. 

Une source fiable au Bureau du Premier ministre indique qu’en « l’absence d’informations précises sur le nombre de Chagossiens souhaitant s’installer sur l’archipel des Chagos, il est essentiel de mener un processus transparent et inclusif ». Et notre interlocuteur d’ajouter : « Un recensement permettrait d’établir une base solide pour la planification du relogement, en assurant une prise en compte adéquate des besoins de la communauté chagossienne. »

Olivier Bancoult, leader du CRG : « Je suis en consultation avec le gouvernement »

Le leader du Chagos Refugees Group (CRG), Olivier Bancoult, a été interrogé sur les négociations entourant la mission d’évaluation. « Je suis en consultation avec le gouvernement pour obtenir plus de détails concernant la mission d’évaluation. Je dois prendre connaissance de tous les plans. J’informerai la communauté chagossienne par la suite », a-t-il déclaré.

La présence de journalistes mauriciens dans la délégation envisageable

Au Bureau du Premier ministre (PMO), on avance que la possibilité de permettre à davantage de personnes de participer à la nouvelle mission aux Chagos, après celle de l’an dernier, est à l’étude. « Des médias internationaux accordent un intérêt particulier à ce sujet. Plusieurs organisations ont déjà formulé une demande pour que leurs représentants puissent faire partie de la prochaine mission. Du coup, on va voir si on pourra accommoder les journalistes locaux. Mais pour le moment, tout est encore au stade embryonnaire », indique une source proche du dossier.

 

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