Quelle politique de logement pour les plus démunis ? C’est le thème abordé dans l’émission de Radio Plus, samedi. Des sinistrés de Berguitta ont dû avoir recours à une grève de la faim pour tenter d’obtenir une maison de la National Housing Development Company Ltd. (NHDC). Pourtant, selon leurs dires, ils attendaient un logement depuis plusieurs années.
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Quels sont les critères pour obtenir un logement social ? Pourquoi cette longue liste d’attente ? Tant de questions abordées par le directeur de la NHDC, Gilles L’Entêté. « Il y a des demandes qui sont en suspens depuis des années, car les dossiers n’ont pas été complétés. Il manque certains documents ou les personnes n’ont pas effectué le dépôt de 10 % de la valeur de la maison », explique Gilles L’entêté.
Toutefois, il est catégorique. « La NHDC ne compte pas céder sur la rigueur », soulignant qu’il y a actuellement 20 000 demandes pour un logement. « Ceux qui sont toujours en grève doivent attendre, comme tous les demandeurs », lance-t-il.
Toutefois, le directeur de la NHDC affirme que certaines personnes sont de mauvais payeurs. Ou encore d’autres ont des difficultés à rembourser leur prêt-logement, ayant perdu leur emploi ou ayant été victime d’un accident. Gilles L’Entêté a, par ailleurs, annoncé que la NHDC envisageait de livrer 2 500 nouvelles maisons d’ici la fin de l’année.
Kursley Goindoorajoo, de l’ONG Caritas, se dit contre une catégorisation des demandeurs de logements sociaux. « Il ne faut pas mettre toutes les personnes dans le même panier », estime-t-il. Selon lui, il faut louer des maisons de la NHDC à ceux qui ne peuvent pas contracter de prêt.
Pour Lindsay Collen, du Muvman Lakaz, la NHDC devrait mettre en place un système de location de logement social pour permettre à ceux n’ayant pas les moyens d’avoir un toit. « On dit que neuf Mauriciens sur 10 sont propriétaires, mais ce n’est pas le cas », déplore-t-elle.
Quand Alain Wong s’explique
Le ministre de l’Intégration sociale a tenu à mettre les points sur les i. Ses propos ont été mal compris, dit-il. « J’ai dit cela dans une phrase et on a titré dessus. Ce qui m’a valu pas mal de préjudice », explique Alain Wong. Cependant, il indique que nombreux sont ceux qui ont compris ce qu’il voulait dire. « J’ai juste voulu faire comprendre qu’il faut une certaine discipline », lance-t-il.
Il soutient qu’une enquête a été initiée après le passage du cyclone Berguitta pour déterminer combien de familles étaient affectées. « 70 familles ont dit que leurs maisons n’étaient pas en bon état. Elles ont accepté des travaux de rénovation, alors que certaines familles ont affirmé vouloir une nouvelle maison. Or, il y a déjà 20 000 demandeurs en attente », déclare le ministre. Ajoutant qu’il n’est pas normal que les sinistrés aient une maison en priorité, car ce serait injuste vis-à-vis des autres.
Alain Wong indique, dans la foulée, avoir eu une rencontre avec le cardinal Piat. « Il a compris. Je lui ai expliqué ma démarche pour aider au maximum les personnes en difficulté. Il a toutefois déploré la lenteur de certains services. J’ai moi-même eu des soucis. C’est cela la difficulté à faire de la politique et à administrer », dit-il.
Par ailleurs, il est d’avis que « la générosité de l’église ne doit pas devenir une faiblesse ». Selon lui, « il y a des profiteurs, alors que certaines personnes sont vraiment en détresse. »
Le vicaire général : « Soyez un peu plus humain »
Jean-Maurice Labour ne manque pas de souligner que les propos d’Alain Wong ont fâché. « Ce qui est plus révoltant, c’est la rigueur dans l’application des procédures et des conditions financières d’accès aux avantages sociaux à ceux au bas de l’échelle, alors qu’il y a des largesses financières au plus haut », s’insurge le vicaire général du diocèse de Port-Louis. Il cite en exemple les per diem, les voitures de luxe ou encore les allocations mirobolantes versées à certaines personnalités.
« Quand vous avez les bons contacts, si vous êtes bien nés et si vous portez les bons patronymes, les portes s’ouvrent », déplore-t-il. évoquant la misère des personnes vulnérables, il parle d’une disparité qui leur fait beaucoup de tort. « Notre rôle est d’accompagner socialement ces personnes à être responsables et indépendantes », explique le vicaire général. Et concernant le cas des sinistrés de Berguitta, il estime qu’il faut des solutions d’exception face à une situation exceptionnelle.
« J’ai comme l’impression que certains décideurs sont bloqués dans la bureaucratie de l’état et ne sont pas assez sur le terrain. Il faut de la miséricorde et de la compassion. Soyez un peu plus humain, soyez plus proche de la misère de ces personnes », lâche Jean-Maurice Labour.
Le vicaire général pointe aussi du doigt le système dans lequel on évolue et qui transcende tous les gouvernements. Le plus important, dit-il, c’est de travailler avec toutes nos capacités afin d’aider les pauvres, pour qu’ils aient leur part du gâteau national.
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