Le Premier ministre Boris Johnson se prépare à un face à face musclé avec les députés britanniques mercredi après la démission spectaculaire de deux de ses ministres.
Les ministres britanniques de la Santé Sajid Javid et des Finances Rishi Sunak ont annoncé à quelques minutes d'intervalle leur démission mardi soir, lassés des scandales à répétition qui secouent le gouvernement depuis des mois.
Les deux anciens ministres seront assis parmi les autres députés conservateurs pour la séance hebdomadaire de questions au Premier ministre qui s'annonce encore plus animée que d'habitude.
Boris Johnson fera ensuite face aux présidents des principales commissions de la Chambre des Communes, parmi lesquels certains de ses plus virulents opposants chez les Tories.
Les deux démissions choc ont été annoncées alors que le Premier ministre venait de présenter des excuses après un énième scandale, reconnaissant avoir fait une "erreur" en nommant en février dans son gouvernement Chris Pincher, "whip" en chef adjoint chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs. Ce dernier a démissionné la semaine dernière après avoir été accusé d'attouchements sur deux hommes.
Mardi, après avoir affirmé l'inverse, Downing Street a reconnu que le Premier ministre avait été informé dès 2019 d'anciennes accusations à l'encontre de M. Pincher mais qu'il les avait "oubliées" en le nommant.
Pas de confiance
La démission de Rishi Sunak, 42 ans, intervient en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni. "Le public attend légitimement que le gouvernement soit conduit de manière compétente et sérieuse" et "c'est pourquoi je démissionne", a écrit M. Sunak dans sa lettre à M. Johnson.
De son côté, M. Javid, 52 ans, qui avait précédé à M. Sunak au ministère des Finances, a jugé que les Britanniques étaient en droit d'attendre "de l'intégrité de la part de leur gouvernement".
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Le vote de défiance qui a visé M. Johnson en juin aurait pu être l'occasion de faire preuve d'"humilité" et de montrer une "nouvelle direction", a-t-il écrit. "J'ai le regret de dire toutefois qu'il est clair pour moi que ce ne sera pas le cas sous votre leadership --et vous avez donc perdu ma confiance".
Boris Johnson a déjà remplacé les deux démissionnaires en nommant son ministre de l'Education Nadhim Zahawi aux Finances et Steve Barclay, jusque-là chargé de la coordination gouvernementale, à la Santé. Mais pourra-t-il survivre à cette énième crise, lui qui a toujours refusé d'envisager la démission ?
Déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street pendant la pandémie, il a survécu il y a quelques semaines à un vote de défiance de son propre camp.
Se sont ajoutées plusieurs affaires à caractère sexuel au Parlement : un député soupçonné de viol a été arrêté puis libéré sous caution mi-mai, un autre a démissionné en avril pour avoir regardé de la pornographie à la Chambre sur son téléphone portable en avril et un ancien député a été condamné en mai à 18 mois de prison pour l'agression sexuelle d'un adolescent de 15 ans.
Le départ de ces deux derniers députés a provoqué des élections législatives partielles et de lourdes défaites pour les conservateurs. Et, ce, alors que le parti avait déjà essuyé un très mauvais résultat aux élections locales de mai.
De quoi exaspérer les Britanniques qui font face à une inflation au plus haut depuis quarante ans, à 9,1% en mai sur douze mois.
Après une grève historique des cheminots fin juin, les syndicats ont déjà appelé à un "été du mécontentement" et plusieurs professions --avocats, personnels de santé, enseignants-- ont organisé ou annoncé des mouvements sociaux.
Selon un sondage de l'institut YouGov mardi soir, 69% des électeurs britanniques estiment que Boris Johnson devrait démissionner. Plus de la moitié (54%) des électeurs conservateurs de 2019 pensent que le Premier ministre doit quitter son poste.
AFP
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