Live News

Le rôle et les fonctions de la Child Development Unit

fille Le projet de loi vient davantage encadrer les enfants.
Publicité

L’invité de l’émission thématique de jeudi était Jhorie Rattan, Child Welfare Officer à la Child Development Unit (CDU). Il a répondu aux questions des auditeurs aux côtés de Mélanie Valère-Cicéron, l’animatrice de l’émission.

  • Children’s Bill

Le Children’s Bill est à la source de bien des débats. Qu’en pense Jhorie Rattan ? Ce dernier  est d’avis qu’il faut respecter les décisions du Parlement à propos du projet de loi présenté. « Fazila Jeewa-Daureeawoo avait annoncé l’an dernier qu’elle viendrait avec un projet de loi cette année et elle a tenu ses promesses. Nous savons à quel point son équipe a travaillé jour et nuit pour la présentation de ce projet. Quand celui-ci sera voté, c’est à partir de ce moment que les personnes pourront faire des suggestions. Bien évidemment, nous souhaitons que cette loi soit votée le plus vite possible dans l’intérêt des enfants mauriciens. » 

  • Qui donne l’ordre de prendre en charge les enfants ?

« Nous devons avoir un ordre de la Cour pour que la Child Development Unit (CDU) prenne en charge un enfant. Cet ordre intitulé un Emergency Protection Order est émis par un magistrat. Sans ce document, l’enfant ne peut être pris en charge par la CDU. « La sécurité de l’enfant est importante. L’enfant ne sera pas enlevé à sa famille sans raison valable. Il faut mettre certaines choses au clair : un enfant, c’est comme une fleur et cette dernière doit rester dans un jardin pour s’épanouir. Le jardin d’un enfant, c’est sa famille. Sa place n’est pas dans un shelter », indique Jhorie Rattan. Selon lui, avec les différents programmes proposés, le nombre d’enfants dans les shelters diminue. 

  • Quels sont les types d’abus ? 

Il y a plusieurs formes d’abus :  physique, émotionnel, psychologique, sexuel et la négligence. Jhorie Rattan fait ressortir qu’il y a aussi une section à la CDU dédiée aux enfants qui n’ont pas été déclarés après les 45 jours de délai imposés par la loi. Nous avons aussi eu des cas où des enfants âgées de 8 ans ou 10 ans n’ont pas été déclarés par les parents. Dans cette section, la déclaration des enfants se fait gratuitement et les parents ne sont pas poursuivis.

  • Abandon d’enfant(s)

En 2017, 5104 cas d’abus ont été rapportés à la CDU contre 5565 en 2018. Selon Jhorie Rattan, cette augmentation s’explique par le fait que les Mauriciens sont de plus en plus nombreux à rapporter et à dénoncer les cas d’abus suite  aux campagnes de sensibilisation qui se déroulent à travers l’île. « Pour cela, nous remercions la société civile. D’ailleurs, la majorité des cas sont rapportés anonymement et même si la personne qui dénonce dévoile son identité à la CDU, les cas sont traités avec confidentialité », rassure le Child Welfare Officer à la CDU.

S’agissant des cas d’abandon, Jhorie Rattan révèle qu’en 2017, un total de 68 cas ont été rapportés, alors qu’en 2018 pas moins de 75 cas d’abandon ont été répertoriés. Pour ces cas d’abandon, le Child Welfare Officer indique que la loi est très sévère. « Quand les personnes qui délaissent leurs enfants sont attrapées par la police, elles risquent une amende dépassant Rs 100 000, plus une peine d’emprisonnement ne dépassant pas plus de 10 ans ». Cependant, Jhorie Rattan fait ressortir que la sévérité de la peine varie. « Si l’enfant est abandonné dans un endroit dit en sécurité, par exemple un hôpital, la peine sera moins sévère que pour un enfant abandonné dans une forêt. Nous voyons une augmentation des cas d’abandon et la plupart du temps, les raisons avancées par les parents est la difficulté à joindre les deux bouts. Nous avons aussi eu des cas où les parents se sont rendus à la CDU et ont indiqué leur intention d’abandonner leurs enfants. Dans ce cas, nous les encadrons. De plus, la NEF intervient et, avec l’encadrement proposé, les parents n’ont aucune raison d’abandonner leurs enfants », indique Jhorie Rattan. 

  • Pourquoi un enfant abandonné passe-t-il de nombreux jours à l’hôpital ?
jhorie
Jhorie Rattan, Child Welfare Officer à la Child Development Unit.

Jhorie Rattan explique que la santé de l’enfant prime. « Quand un enfant abandonné est autorisé à quitter l’hôpital, nous le prenons en charge. Au cas contraire, si l’enfant n’a pas l’autorisation du médecin pour quitter l’hôpital ou s’il/elle est toujours sous traitement, nous ne pouvons pas le/la prendre en charge. Le shelter est un endroit temporaire et il y a d’autres portes de sortie. Lorsqu’un enfant intègre un shelter, cela ne veut pas dire qu’il/elle sortira lorsqu’il aura atteint la maturité. Un membre de sa famille peut faire une demande pour récupérer l’enfant ou il/elle peut aller dans une famille d’accueil ou d’autres organisations ». Selon le Child Welfare Officer, quand un enfant de deux ans est abandonné et admis à l’hôpital, ce sont les membres du personnel hospitalier qui feront appel à un membre de sa famille pour se rendre à son chevet. 

  • Abus sexuel

Il y a trois types d’abus sexuels : le viol, l’attouchement et la sodomie. « D’après les statistiques, dans la majorité des cas, l’accusé est un proche de la famille. L’éducation sexuelle est quelque chose de très important. Dans notre société, les jeunes et les parents ne communiquent pas sur ce sujet. C’est dommage, car au lieu de faire confiance aux parents, les jeunes préfèrent se tourner vers leurs amis et c’est là qu’ils tombent dans le piège. Lors de nos causeries, nous recommandons aux parents d’aborder eux-mêmes le sujet avec leurs enfants, mais certains ont honte d’en parler. Dans cette optique, nous avons un projet nommé ‘Atelier Partage Parent’ qui aide les parents à trouver les mots justes pour aborder ce sujet avec les enfants », explique le Child Welfare Officer. Concernant les cas d’attouchements entre mineurs dans les shelters, Jhorie Rattan avance que les procédures sont les mêmes que pour les cas enregistrés hors d’un foyer. C’est-à-dire que la police est informée et que la victime passe un examen médical. De plus, quand il s’agit d’abus sexuels, les procédures se font rapidement pour empêcher la disparition de preuves.


National Adoption Council

Il faut se rendre au ministère de l’Égalité des genres pour se renseigner sur les détails concernant une éventuelle adoption.


After Care Unit (ACU)

Depuis le mois d’octobre 2018, la CDU est divisée en deux parties, avec une section baptisée After Care Unit (ACU). « Ce département est dédié à la protection de l’enfant. Le rôle des employés des shelters n’est pas de remplacer la mère ou le père et cela beaucoup de personnes ne le comprennent pas.  L’After Care Unit (ACU) a le pouvoir de placer un enfant dans une famille d’accueil ou le ramener dans sa maison d’origine. Il y a un autre projet appelé le ‘Back to home’ où un officier se rend sur place pour une visite afin de s’assurer que la famille de l’enfant ne manque de rien. Ce département aide en quelque sorte la famille à se remettre sur pied. Par la suite, l’officier retourne vers la CDU pour donner des informations sur le dossier et les parents retourneront en Cour avant que celle-ci ne leur accorde à nouveau la garde des enfants », informe Jhorie Rattan.

Ce dernier poursuit en disant qu’il y a eu de nombreux cas de success-story où certains membres de la famille ont changé leurs mauvaises pratiques. Les enfants ne sont pas en reste, car ils sont eux aussi suivis par le Child Monitoring. Là aussi, un officier se rend chez eux pour des observations qui sont ensuite rapportées à la CDU, tout cela dans le but de favoriser le développement de l’enfant au sein de sa famille. 


Questions des auditeurs

jhorie
L’invité du jour a répondu aux questions de l’animatrice Mélanie Valère-Cicéron.

Razia de Vallée-des-Prêtres : « La CDU a récupéré mes enfants et ils sont allés vivre chez ma mère. Depuis, je n’ai plus de nouvelles de mes enfants. Je ne les vois pas, je ne reçois pas d’appel et je n’entends plus leur voix »

«Ce n’est pas la CDU qui accorde des visites. Il faut savoir ce qui s’est passé au niveau de l’enquête. Cette mère peut se tourner vers le magistrat pour demander un droit de visite, indique le Child Welfare Officer de la CDU».

Jean de Quatre-Bornes : « Il y a un procès en cours où j’ai été accusé d’attouchements. Je souhaiterais savoir que fait la CDU s’il s’avère que le cas est faux »
«Cela dépend du cas. Parfois, les cas se sont produits lorsque l’enfant était mineur et quand le cas est appelé en cour, l’enfant a grandi et a peut-être aussi atteint sa majorité. C’est la cour qui est apte à prendre une décision. Parfois, ces enfants ne se rendent même pas en cour et le cas ne va pas de l’avant. C’est pour cela que nous essayons de traiter ce genre de cas plus rapidement », explique le représentant de la CDU». 

Parfois, les cas se sont produits lorsque l’enfant était mineur et quand le cas est appelé en Cour, l’enfant a grandi et a peut-être aussi atteint sa majorité.»

Ramona de Riambel : « Ma fille a 20 ans et deux enfants. Elle a eu un problème avec la police et comme elle n’a pu payer sa caution, elle est allée en prison. Les enfants ont été confiés à la CDU jusqu’à sa sortie de prison. Quand elle a quitté la prison, elle s’est tournée vers la CDU pour récupérer ses enfants. Un an a passé et elle et toujours rien»
« Il faut aller à l’ACU et non pas la CDU. Elle peut aussi se tourner vers le magistrat où toutes les personnes concernées seront convoquées et une décision sera prise, » a répondu Jhorie Rattan.

Mary de Port-Louis : « Je suis d’avis que lorsque les enfants sont enlevés du confort familial, ils doivent être formés pour l’avenir. Certains ne sont pas scolarisés, restent dans un shelter jusqu’à la majorité et n’ont aucune formation. Par ailleurs, je voudrais connaître le nombre d’enfants dans les shelters. Il y a eu aussi un Fact Finding Committee et des recommandations qui ont été faites et il serait bien de savoir ce qui est fait en ce sens ».
« C’est une bonne question. Il y a eu beaucoup de recommandations et nous ne pourrons pas tous les implémenter d’un coup, mais petit à petit. Concernant le nombre d’enfants dans les shelters, tout est respecté à la lettre. Il est bon de faire ressortir qu’il y a aussi des visites surprises par des magistrats et l’Ombudsperson for Children.


Que doit faire un parent pour récupérer son enfant ?

Si un enfant a intégré un foyer suite à un ordre de la Cour signé par le magistrat, le parent devra se rendre en Cour et faire appel. Le parent de l’enfant peut aussi se tourner vers l’ACU, mais encore une fois, la décision reviendra au magistrat. 

Coordonnées

Le numéro à contacter pour une plainte est le 113

Jhorie Rattan explique que lors d’une plainte, un officier interviendra le plus vite possible. Auparavant, la ligne était souvent engagée. À présent, il y a une trentaine de lignes attachées et il y a moins de plaintes. 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !