- Son fils Ravin Bara : «Il s’est battu jusqu’au bout»
Son nom ne vous dit peut-être rien. Sooven Bara a été le premier patient dialysé à avoir contracté le Covid-19 en mars 2021. Il s’est battu pendant 29 jours avant de guérir. Il est décédé jeudi, affaibli à la suite d’une réinfection.
«Rise and shine. » Cette devise s’appliquait bien à Sooven Bara, 69 ans. Il a été le premier patient sous traitement de dialyse à avoir contracté le Covid-19 l’année dernière. Malgré la maladie, il ne s’était pas laissé abattre, bien au contraire. Chaque matin, il se réveillait et essayait de profiter au maximum de ce que la vie lui offrait.
Mais après une réinfection cette année, il s’était affaibli davantage. Et le sexagénaire a poussé son dernier souffle le jeudi 18 août. Son fils Ravin Bara se souvient de lui comme d’un « fighter ».
- Il a été hospitalisé plusieurs fois entre sa première et seconde infection. Le Covid-19 l’avait affaibli»
Natif du Sud, Sooven Bara habitait le village de Tyack. Marié et père de deux enfants, une fille et un fils, il a travaillé dur et s’est beaucoup sacrifié pour le bien-être de sa famille. « Mon père était laboureur à l’établissement sucrier de Britannia. Il a pris sa retraite à l’âge de 55 ans. Ce n’est pas pour autant qu’il chômait. Issu d’une famille pauvre, il avait appris à faire des travaux de plomberie et d’électricité. À la maison, il faisait des réparations. Il avait aussi appris à coudre. Il cousait ses vêtements. Il en achetait rarement », se souvient Ravin Bara.
Il s’est aussi assuré que ses deux enfants aient un toit sur leur tête et qu’ils puissent gagner leur vie. « Notre père comme tout le monde avait ses défauts mais il était un peu extraordinaire. Il nous a toujours soutenus et nous a inculqué les valeurs familiales. Il était lui-même un homme très familial. Il s’est battu pour sa famille mais aussi pour sa santé », raconte son fils.
En effet, Sooven Bara avait quelques soucis de santé. Il avait subi une « bypass surgery » il y a 16 ans. « Il a eu des complications, la plaie ne se refermait pas. Il ne s’est pas laissé abattre. Il a fait preuve de patience. Il a commencé des sessions de dialyse un an avant la pandémie de Covid-19. Encore une fois, il gardait le moral », poursuit Ravin Bara.
Sooven Bara se rendait trois par semaine à l’hôpital de Souillac pour ses sessions de dialyse. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a contracté le Covid-19 le 26 mars 2021. Il a passé 29 jours en traitement, sans voir sa famille qui lui était d’un soutien indéfectible. Le sexagénaire qualifiait cet épisode de « passage dans le couloir de la mort » en faisant référence à l’hôpital de Souillac où de nombreux patients dialysés avaient été infectés, dont certains n’ont pas survécu. Les 29 jours loin de sa famille avaient été pénibles.
Notre père comme tout le monde avait ses défauts mais il était un peu extraordinaire»
« Les premiers jours n’ont pas été faciles à gérer, surtout qu’il fallait attendre longtemps avant de recevoir les repas. De plus, les sessions de dialyse étaient inconfortables, le personnel soignant utilisant du plastique », racontait le sexagénaire à Le Dimanche/L’Hebdo. Il avait tenu bon grâce aux appels de sa famille qui lui avaient donné de l’espoir.
Sooven Bara devait poursuivre qu’il lui arrivait de pleurer au téléphone avec son épouse tant il souffrait. « J’étais inquiet et je me demandais si j’allais rentrer chez moi. Il y avait aussi la crainte omniprésente de mourir après avoir appris que certaines personnes dialysées n’ont pas survécu. Étant donné que je suis aussi un patient cardiaque, j’avais la boule au ventre, pensant que le virus allait m’affecter encore plus », confiait le défunt l’année dernière.
De retour à la maison, il craignait d’être réinfecté. Et c’est ce qu’il s’est produit en mars de cette année. Sooven Bara, qui gardait des séquelles de sa précédente infection, s’est affaibli davantage. « Il a été hospitalisé plusieurs fois entre sa première et seconde infection. Le Covid-19 l’avait affaibli. Malgré tout, il a tenu bon. Il était brave. Il prenait l’ambulance pour sa session de dialyse et des fois il prenait le bus pour rentrer à la maison. Même malade, il se réveillait à 5 heures pour faire une marche. C’est après sa deuxième infection que son état s’est détérioré », soutient Ravin Bara.
Il explique que la semaine dernière, son père a ressenti des douleurs et a dû être transporté à l’hôpital. « Il a gardé le sourire jusqu’à la fin. La famille garde de bons souvenirs de lui. »
Les souvenirs de son voyage en solo en 2013 avec son père Sooven en Malaisie, en Inde et au Bangladesh défilent dans sa tête. Tout comme le voyage en famille, avec ses parents, sa sœur, son épouse et les enfants, en 2018 à Dubaï et en Inde.
La famille Bara, qui est très pieuse, essaie de se consoler dans la prière. « C’est difficile à accepter mais c’est la volonté de dieu », affirme Ravin Bara.
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