D’abord, ces élections constituent un réel défi pour l’observateur-analyste car elles présentent une lutte à trois après l’élection de 2014 qui avait vu des franges tant du Parti Travailliste (PTr) que du MMM déserter leurs partis respectifs pour assurer la victoire surprise de l’Alliance Lepep.
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Malenn Oodiah Citoyen, observateur- analyste
Le fait majeur de cette campagne est la remontée du MMM. Affaibli par les dissidences, il a su tenir bon pour créer une dynamique de retour de ses partisans. Le MMM a repris des couleurs de forte belle manière. Le meeting du parti à Bar Chacha, Rose-Hill, qui a réuni une belle foule a réconforté les partisans sur la dynamique de retour des Militants. Le MMM est plus que jamais au centre de la campagne, et les militants mauves commencent à y croire en se référant même à 1982. Les plus lucides, tout en étant optimistes, parlent d’une vingtaine d’élus. Un programme gouvernemental solide et sérieux et à la hauteur des enjeux constitue un plus. Fait intéressant, le MMM semble attirer de plus en plus les jeunes. La dynamique de retour de segments de l’électorat se poursuit.
Guerre des clips
L’autre fait marquant est la suite de la guerre des clips. Le Sherrygate mettant en scène Sherry Singh de Mauritius Telecom (MT), avec ses sous-entendus sur « la cuisine » et l’évocation de montants de transactions chiffrées en plusieurs milliards de roupies a fait - et fait toujours - mal. La population a pris connaissance à travers les réseaux sociaux et elle suit le bras de fer qui continue entre Top TV et MT avec une guerre de communiqués et d’affidavits. Sur un autre registre, le NavinGate2 n’a pas percuté, et l’Alliance Nationale annonce un NavinGate 3 qui serait du « porno » pour reprendre les propres mots de SAJ. Pour en arriver là, le camp de l’Alliance Morisien démontre un signe de panique. D’autres mini-clips venant de ces deux alliances sont balancés sur la toile accompagnés d’annonces d’autres clips-chocs avant le scrutin. Le dégoût provoqué par ces clips joue objectivement en faveur du MMM.
« Vot blok » et « Koupe-transe »
Depuis une semaine, l’appel à « Vot blok » contre le vote « Koupe-transe » se fait de plus en plus pressant. Le vote « Koupe-transe » peut renvoyer à des mots d’ordre sectaires venant d’organisations « socio-culturelles » et autres organisations para-religieuses : On demande de voter les candidats d’une même caste ou communauté ; il y a actuellement des mots d’ordres dans ce sens. Mais le vote « Koupe-transe » renvoie aussi au libre arbitre des électeurs qui veulent voter selon les critères d’intégrité, de sérieux et de compétence en opposition au seul critère partisan. Ce vote serait le résultat de mutations sociologiques opérant dans une partie du corps électoral.
Guerre de pronostics, intox et infox
Dans cette campagne, nous assistons aussi à la guerre des pronostics sur la toile ; elle prend la forme d’intox et d’infox où on entend de tout et son contraire. Tout le monde prétend avoir eu accès au brief du service d’intelligence (NSS). Cette campagne d’intox évolue au fil des jours. Dans un premier temps c’était à l’avantage de L’Alliance Nationale avec plus de 30 élus et le MSM en deuxième position suivi du MMM. Ensuite, c’était L’Alliance Nationale toujours en première position avec le MMM passant en deuxième position suivi du MSM. Et puis, on a eu affaire à tous les chiffres possibles, tous revendiquant la NSS comme source. C’est ainsi qu’on a eu la version L’Alliance Morisien en première position loin devant L’Alliance Nationale et le MMM qui se partagent le reste de manière égale. Il y a eu aussi une version donnant le MMM 30 sièges, voire plus. Les réseaux sociaux amplifient cette campagne d’intox. Le dernier « sondage » qui circule sur les réseaux et attribué à DCDM donne 21 élus au MMM, 12 à L’Alliance Morisien et 27 à L’Alliance Nationale.
Lutte serrée et bascules
À ce jour, compte tenu des dynamiques en cours et la lutte à trois, avec en plus des votes panachés dans certaines circonscriptions, la lutte sera serrée. 300 votes - voire moins – pourraient faire la différence entre le/la 3e et le/la 4e élu/e. Ce qui aurait pour résultat plus ou moins 5 sièges pour l’un des trois protagonistes. Il est donc plus réaliste de parler en termes de fourchettes : 27 à 33 élus pour L’Alliance Nationale ; 18 à 23 pour le MMM ; et 12 à 15 pour L’Alliance Morisien car affaiblie par le rejet des transfuges, la montée du MMM et le fait que dans certaines circonscriptions elle n’a pas de base électorale.
Nous écrivions ceci dans le précédant point sur la campagne : Paul Bérenger et le MMM s’installent aucentre de la campagne. Navin Ramgoolam commence à se méfier et déclare qu’après les élections Paul Bérenger va demander un partage du pouvoir autour du poste de premier ministre. Navin Ramgoolam craint ce scenario et le fait savoir en brandissant l’épouvantail d’un Paul Bérenger premier ministre en s’adressant à l’électorat vase-communiquant MSM-PTr. Navin Ramgoolam en a depuis fait un thème de ses discours. Est-ce-que cela va mordre pour faire glisser une partie de cet électorat avec au final suffisamment d’élus pour une majorité confortable ? Les avis sont partagés sur l’impact de cette stratégie. Devant cette offensive de L’Alliance Nationale, le MSM est sur la défensive et essaie detrouver une parade en disant que voter MMM c’est un vote pour Ramgoolam, et en même temps, Pravind Jugnauth dit que le MMM est « enn lezo kinn reste, laviann inn vinn ek ar nou isi ». Visiblement, il y a un problème. Le MMM quant à lui, apprécie cette guerre entre ses deux adversaires et persiste à dire qu’il va gagner pour gouverner seul. Nous sommes déjà dans l’après-élections avec des coalitions post-électorales.
Les scénarios
Il y a plusieurs scénarios : l’un des blocs remporte la majorité pour gouverner, c’est simple mais très peu probable. Ce qui est plus probable c’est que l’on se dirige vers une coalition post-électorale ave théoriquement trois variantes : MSM-PTr, MMM-PTr, MMM-MSM. Une coalition MMM-PTr pose le problème de la place du PMSD, une coalition MMM-MSM serait moins problématique dans le cas de transfuges non élus. Ce n’est qu’après les résultats que les tractations vont commencer réellement pour la concrétisation d’une de ses variantes.
Dimanche, les trois principaux blocs vont tenir rassemblement ; le MMM à Port-Louis, L’Alliance Morisien à Vacoas et le PTr à Quatre-Bornes. Ils vont y mettre le paquet, et utiliser la toile pour créer l’effet psychologique d’un « nous-sommes-les-plus-forts ». Y aura-t-il des bombes lors des meetings de L’Alliance Nationale et de L’Alliance Morisien, sachant qu’elles peuvent avoir l’effet contraire voulue ? La tension va monter dans les jours suivant les meetings jusqu’à jeudi, la vigilance totale doit être de mise contre la tentation des pyromanes de blesser notre pays par désespoir.
Toutefois, l’île Maurice de l’espoir triomphera ! *
Analyse publiée sur la page Facebook de Malenn Oodiah le 1er novembre 2019.
* Les trois mots qui resume la campagne - Panique, Inquiétude et confiance. C’etait il y a quatre jours... C’est toujours le cas !
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