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Le meurtre d’Iqbal Ramjaun élucidé 12 ans plus tard : après la veuve, un bijoutier arrêté pour avoir fourni le cyanure

Fawzia Ramjaun, âgée de 49 ans, habitante de Glen Park, n’aurait pas digéré le fait que son époux, Iqbal, âgé, lui, de 41 ans à l’époque, puisse contracter le ‘nikka’ avec une autre femme, en l’occurrence leur voisine.

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Ne pouvant supporter cette situation, au cours de la soirée du 25 janvier 2005, elle a ajouté du cyanure dans le verre d’eau qu’elle a donné à boire à son époux. Ce père de trois enfants n’y a pas survécu.

Mais 12 ans plus tard, Fawzia Ramjaun est rattrapée par son passé. Après avoir repris ce ‘cold case’ en main il y a trois mois environ, les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) ont élucidé cette affaire. Ils ont procédé à l’arrestation de Fawzia Ramjaun, la veuve de la victime mardi. Mamad Salim Mungly, 44 ans, un bijoutier, soupçonné d’avoir remis le poison à cette dernière, a également été arrêté mercredi.

Au cours de son interrogatoire, la veuve est revenue longuement sur la relation qu’elle entretenait avec Iqbal, gérant d’une quincaillerie dans la localité.  « Je me suis mariée à l’âge de 16 ans », a-t-elle expliqué aux enquêteurs. De leur union, sont nés trois enfants. Si tout allait pour le mieux, elle soutient qu’en 2003, les choses allaient changer.

« Il (Iqbal) a commencé à entretenir une liaison avec la voisine », devait-elle poursuivre dans son récit à la police. Leur relation s’est détériorée depuis. « En 2005, il a contracté le ‘nikka’ avec elle. J’étais contre cela », a-t-elle soutenu.

« Iqbal passait la journée chez elle, puis revenait à la maison dans la soirée. C’est son père qui s’occupait alors de la quincaillerie », a précisé Fawzia Ramjaun aux limiers. Cela engendrait alors des disputes au sein du couple. « Lors de nos disputes, il me frappait », allègue-t-elle.

 Le jour du drame, aux dires de Fawzia, avec sa famille, ils planifiaient de se rendre au Plaza pour manger une glace. Mais, l’époux s’est décommandé à la dernière minute pour se rendre chez sa seconde épouse. « Nous sommes quand même sortis », a-t-elle expliqué aux enquêteurs.

Le cyanure dans la cuisine

Quand ils sont rentrés un peu plus tard dans la soirée, Iqbal était déjà à la maison. « Ma fille, qui venait de se marier, est repartie chez elle avec son époux. Nos deux autres enfants encore mineurs avaient, eux, regagné leur chambre », a-t-elle poursuivi. Mari et femme étaient dans leur chambre quand une nouvelle dispute a éclaté. « Il m’a demandé de l’eau à boire. J’avais caché le poison dans la cuisine et je l’ai mis dans son verre d’eau ».

Iqbal, ne se souciant de rien, se désaltère. « Après avoir bu, il s’est mis à crier. Il se tordait de douleur. Les enfants sont venus aux nouvelles. Nous avons prévenu mon beau-frère et il a transporté Iqbal à l’hôpital ».  Une fois à l’hôpital de Candos, le personnel soignant a constaté que l’homme avait déjà poussé son dernier souffle. « Je croyais qu’à l’hôpital, ils allaient pouvoir le soigner », dit-elle avec regret. L’autopsie, pratiquée à l’époque par le Dr Maxwell Monvoisin, avait conclu à une défaillance cardiaque. Cependant, le médecin légiste avait demandé à approfondir l’enquête.

Des prélèvements effectués avaient, par la suite, conclu qu’il y avait du cyanure dans l’organisme de la victime. Les proches et les veuves du défunt avaient été interrogés par la CID de Vacoas. Il y a eu une ‘judicial enquiry’ qui a conclu qu’il y avait des zones d’ombre et qu’il fallait une enquête plus poussée pour faire la lumière sur ce drame.

L’affaire a alors été confiée aux enquêteurs de la MCIT. Fawzia Ramjaun a été convoquée par les limiers, mardi, avant d’être placée en état d’arrestation. Mercredi matin, elle a comparu devant le tribunal de Curepipe sous une charge provisoire de meurtre. La police a objecté à sa remise en liberté sous caution.

Un bijoutier arrêté

Mamad Salim Mungly, s’est également fait épingler dans cette affaire. C’est Fawzia Ramjaun qui a balancé le nom de ce bijoutier, habitant de Glen Park également. Selon la veuve d’Iqbal, elle lui avait parlé en quelques occasions de ses problèmes conjugaux. « Je lui avais dit que j’étais victime de violences.  Je lui ai demandé du poison. Il m’a donné du cyanure en me disant que cela allait être mortel pour mon époux », devait affirmer la suspecte.

Le bijoutier a reconnu avoir remis du cyanure à Fawzia. « Je ne savais pas qu’elle tuerait son époux. Elle m’avait dit que c’était pour des rats », a-t-il expliqué aux limiers. Il a été placé en état d’arrestation. Il devra comparaître, ce jeudi matin, en cour de Curepipe sous une charge provisoire de meurtre.

Choc au domicile familial

À la rue Edoo, où habite Fawzia Ramjaun, ses proches sont sous le choc. « Pour l’heure, nous ne pouvons pas dire ce qui s’est passé. Nous ne ferons aucun commentaire. Nous le ferons en temps et lieu », nous explique un ami de la famille. En ce qui concerne la voisine, il soutient qu’elle n’est plus au pays. « Elle a longtemps quitté l’île pour l’Angleterre », nous dit l’ami.

Un voisin : « Un couple uni »

Selon un voisin, c’est difficile à croire. « Ils ont été mes premiers voisins. Le couple était bien ensemble. Ils étaient les heureux parents de trois enfants. Nous n’avons jamais eu de problème. Au contraire, la dame et son époux étaient toujours prêts à aider les gens. C’était un couple uni. Quelque temps avant cette mort tragique, j’avais aperçu le couple, main dans la main. Ils venaient de marier leur fille aînée à cette époque. C’est incroyable qu’une telle chose ait pu se produire. C’est très dur pour la famille », nous explique-t-il.

Farida, la mère de la victime : « Mo latet fatigue »

Cette nouvelle a surpris la famille d’Iqbal Ramjaun. Il était l’aîné de la famille. Sa mère Farida est effondrée. « Pa fasil, mo latet fatigue », dit-elle. « J’ai perdu mon fils aîné il y a 12 ans jour pour jour. C’est un jour bien triste. Cela me chagrine d’entendre ce que ma belle-fille a fait. Je laisse la police faire son travail ».  

La belle-sœur d’Iqbal : « Sa veuve était préoccupée par les conclusions de l’autopsie »

Une belle-sœur de la victime, sous le couvert de l’anonymat, explique que le jour de l’enterrement d’Iqbal, Fawzia agissait bizarrement. « Elle semblait préoccuper par les conclusions de l’autopsie. Elle voulait savoir ce que l’autopsie avait révélé », dit-elle. Pour cette proche, l’autre femme (la voisine) était la source de tous ses ennuis. « Ils rencontraient des problèmes conjugaux en raison de cette situation ».
 

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