Le Groupe Swan préconise un 'stimulus package' d’au moins 10 % du PIB 

Une équipe d’économistes et d’analystes financiers du groupe Swan a publié un rapport aujourd’hui, vendredi 15 mai, sur l’impact du Covid-19 sur l’économie locale. Une des mesures phares préconisées est l’adoption d’un 'stimulus package', équivalant à au moins 10 % du PIB. Ce plan qui serait destiné aux ménages les plus vulnérables et les compagnies impactées par cette crise, devrait insuffler une nouvelle dynamique à l’économie mauricienne. Cela se traduirait par une gestion de la crise économique et financière, alors que l’impact du coronavirus sera, selon les estimations des auteurs, le triple de celui de la récession de 2007-2008. 

Nitish Benimadhu, Chief Investment Officer de Swan, fait ressortir que, « Maurice n’a jamais fait face à une crise de cette ampleur. Dans une situation comme celle-ci, il est essentiel qu’il y ait un dialogue entre le gouvernement et le secteur privé afin que nous puissions travailler en bonne intelligence. Pour nous, il est surtout important que nous puissions faire une analyse objective de la situation, et c’est d’ailleurs ce que nous avons voulu faire à travers ce rapport. » 

Au-delà du diagnostic qu’il propose, ce document a pour but de tirer la sonnette d’alarme sur l’état de notre économie qui était déjà en crise bien avant le début de la pandémie. « Des mesures sont nécessaires pour éviter que la crise sanitaire et économique ne débouche sur une crise sociale ». 

Les secteurs clés de l’économie subiront de plein fouet les conséquences de l’épidémie. En cause, la vulnérabilité du modèle économique local engendrée par une dépendance au secteur touristique. 

Les auteurs du rapport sont d’avis qu’une baisse de revenus sera enregistrée pour le tourisme, passant de Rs 63 milliards à Rs 27 milliards en 2020. L’effet domino se fera sentir sur l’offshore et le secteur manufacturier, notamment concernant la rentrée des devises étrangères. Ainsi, une dépréciation de la roupie devrait s’ensuivre. 

En conséquence, la Banque de Maurice se verrait contrainte d’utiliser les réserves en devises étrangères, qui représentent aujourd’hui 12 mois d’importations. Celles-ci pourraient être divisées par cinq et ne représenter que quatre à cinq mois d’importations d’ici la fin de 2020.

Par ailleurs, les estimations ne sont pas réjouissantes pour la situation financière de certaines entreprises. La trésorerie des sociétés devrait également se détériorer. Une évaporation des flux financiers et une crise de liquidité sont à prévoir pour celles dont les dettes arriveront à maturité cette année. 

Les compagnies locales subiront une perte de revenus d’environ Rs 170 milliards et une perte de profit s’élevant à Rs 50 milliards. Dans ce cas de figure, c’est le taux de chômage qui va grimper, atteignant 15 % à 20 % de la population active. Parallèlement, les finances de l’État ne seront pas non plus épargnées, car les revenus issus de l’impôt sur les sociétés vont chuter de Rs 7,5 milliards. 

Les auteurs de ce rapport sont d’avis que l’option Helicopter Money (hélicoptère monétaire) peut de ce fait être une mesure envisageable pour relever les nombreux défis. L’Hélicoptère monétaire ou « monnaie hélicoptère » est un type de politique monétaire consistant, pour une banque centrale, à créer de la monnaie et de la distribuer directement aux citoyens, à la manière d'un dividende citoyen.

Fabrice Larétif

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