Le président de la Medical and Health Officers’ Association, lance un appel au ministère de la Santé pour qu’il accepte de discuter d’un modèle acceptable et applicable du système de rotation dans les hôpitaux. Waseem Ballam estime que « ce sera le chaos total » si la décision n’est pas revue.
[blockquote]« Un médecin au bout du rouleau ne va pas pouvoir donner le meilleur de lui-même. »[/blockquote]
Pourquoi la Medical and Health Officers‘Association (MHOA) critique si fortement le Shift System ?
Je voudrais tout d’abord corriger de mauvaises perceptions du public. Avec ses 500 membres, la MHOA n’est pas réfractaire au système de rotation. Loin de là. Pour ceux qui l’ignorent, notre association milite pour l’introduction d’un Shift System depuis 1990.
Deuxième mauvaise perception, on semble croire qu’en ‘refusant’ de nous soumettre à cette condition de travail, nous pénalisons les médecins qui attendent d’être embauchés par le ministère. Cela n’est pas vrai non plus. Nous sommes les premiers à admettre qu’il faut recruter davantage de médecins.
Mais où est le problème alors ?
Le système de rotation est en vigueur depuis le 1er avril, cette année, dans les urgences des cinq hôpitaux régionaux du pays. La MHOA avait demandé d’attendre les recommandations du rapport du Pay Research Bureau (PRB) avant qu’elles ne soient appliquées. Mais le ministère a fait peu de cas de notre requête et cette décision unilatérale nous a été imposée.
On nous avait promis que le système serait revu. Pourtant, après six rencontres avec le ministère, la situation n’a pas changé d’un iota. Aucun consensus n’a été trouvé. C’était supposé être un projet pilote qui aurait été étendu à d’autres départements après discussions. Maintenant, on apprend qu’il sera étendu sans consultation.
C’est ce qui expliquerait le recours à la Commission Conciliation et Médiation…
Effectivement, car nous n’avons pas le choix.
N’est-ce pas là un ‘delaying tactic’ pour gagner du temps ?
C’est notre association qui réclame un Shift System depuis 1990. Pour la première fois en 1993, le PRB a reconnu que les médecins étaient des shift workers. De 1993 à ce jour, qu’a fait le ministère ? En 23 ans, le ministère n’a jugé ni utile ni nécessaire d’organiser un Scheme of Service approprié et efficace. Aujourd’hui, il a mis la charrue avant les bœufs. Les modalités n’ont pas été travaillées.On fonctionne sur une base de trial and error. C’est un cafouillage total.
Ce n’est pas l’avis du ministère…
Forcément, il ne va pas venir dire le contraire.
Toute institution doit accepter des réformes pour son bon fonctionnement…
Tout projet de réforme doit aussi bénéficier à tous. C’est un trafic à deux sens. Évidemment, il faut tenir en ligne de compte le bien-être des patients. Mais quid de celui des médecins ? Nous avons des collègues frustrés qui travaillent under protest. Le nombre de sick leaves a augmenté. Ils sont démotivés et cela a un impact sur les prestations des soins de santé. L’actuel système de rotation est un fardeau pour eux.
Mais il faudrait aussi penser aux patients…
Je le répète: nous ne sommes pas contre le Shift System en tant que tel. Nous sommes contre ce qui nous a été imposé unilatéralement. Nous réclamons des horaires de travail convenables et des conditions adéquates. Est-ce si difficile à comprendre pour le ministère ? On demande des négociations pour trouver la bonne formule.
Dans le concret, qu’est-ce qui vous pose problème dans l’application actuelle du Shift System ?
Depuis des décennies, les médecins travaillaient de 9 à 16 heures en jours de semaine et de 9 à midi les samedis, soit une moyenne de 33 heures par semaine. À maintes reprises, le ministère a tenté de le repousser à 40 heures. Mais le rapport Garrioch était venu maintenir les 33 heures. Malgré cette recommandation, le ministère avait une fois encore tenté d’étendre les heures et l’association avait porté l’affaire devant la justice. Et on a obtenu gain de cause.
Vous chipotez sur sept heures additionnelles de travail par jour…
Nou pa pe galoup deryer kas nou. S’il faut travailler 40 heures ou plus, nous le ferons. Car nous sommes là pour travailler. Mais que les heures additionnelles soient rémunérées. C’est 28 heures de plus que nous faisons par mois, à raison de sept heures par semaine. Tout travail mérite son dû. Cela ne peut être différent pour les médecins.
Et le serment d’Hippocrate, vous en faites quoi ?
Nous n’avons jamais dit que nous refusons de travailler ou de sauver des vies. Nous sommes aussi des humains avec une famille, des responsabilités et des engagements financiers. Qu’on ne vienne pas nous dire que nous sommes super bien payés, avec des facilités de voiture hors taxe, de passage benefits etc. Parce que les autres fonctionnaires et les ministres ont les mêmes facilités, selon leurs barèmes salariaux. Chaque rapport du PRB revoit à la hausse la grille salariale, y compris les allocations des fonctionnaires. Dans le cas des médecins, l’application de ce système de rotation dans sa forme actuelle, notre hourly rate (taux horaire) accuse une baisse de 17,4 %. Du jamais vu dans l’histoire du PRB.
Mais le budget de la Santé pour les heures supplémentaires des médecins est de plus de Rs 110 millions…
Pour les heures supplémentaires., les médecins reçoivent une allocation. Et elle tourne autour de Rs 10 000 à Rs 15 000 par médecin, par mois. Nous demandons que le ministère ajuste notre salaire pour les 28 heures que nous travaillons en surplus. Il n’est pas question d’ overtime ici. S’il fallait vraiment comptabiliser les heures supplémentaires, le budget de la Santé aurait avoisiné les Rs 400 millions. Cette déclaration du ministre peut créer des problèmes à l’avenir car cela nous porte préjudice et nous démotive.
Comment cela ?
J’ai été informé d’un cas où un parent a commenté la décision d’un médecin affecté à un dispensaire de référer le patient à l’hôpital. Il aurait lancé au médecin de service : « Ou gagn Rs 110 milyon overtime ek ou pa kapav tret mo zanfan ou pe avoy mwa lopital ? » Il faut faire très attention. Les déclarations publiques peuvent provoquer des incidents. Le ministère doit être vigilant dans ses propos car cela peut déboucher sur des violences à l’encontre des médecins.
Quid de l’attitude de certains médecins envers les patients ?
La frustration entraîne la démotivation. Le métier de médecin ne peut être comparé à un autre corps de métier. Il faut savoir dans quelles circonstances on travaille souvent. Un médecin au bout du rouleau ne va pas pouvoir donner le meilleur de lui-même et, forcément, cela s’en ressentira sur les soins au patient.
Que réclamez-vous en fin de compte ?
Qu’on gèle cette décision et qu’elle ne soit pas étendue à d’autres départements. Sinon, ce serait le chaos total. On ne peut du jour au lendemain venir avec un système parfait. Il faut trouver la bonne formule.
Où trouver cette bonne formule ?
Il faut s’asseoir, discuter et trouver un consensus. Notre priorité, c’est que le public et les médecins ne souffrent pas de cette situation. Nous voulons une win-win situation pour tout le monde.
Et si le ministère ne revoit pas sa position ?
Définitivement, les deux parties vont souffrir. Il n’y aura pas de suivi des dossiers des patients. Que va-t-il se passer à l’heure du dîner ? Le service sera-t-il couvert ? Je prévois de gros problèmes, si le ministère ne revoit pas sa position.
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Médecin en milieucommunautaire
Waseem Ballam, 36 ans, est Community Physician. Il est à la tête de la Medical and Health Officers’ Association depuis 2010. Marié, il est père d’un garçonnet. <Publicité
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