Composé en partie de nanoparticules aux effets sanitaires méconnus, le dioxyde de titane, dont la France voudrait suspendre l'utilisation dans l'alimentation, est un additif utilisé notamment pour les produits alimentaires, cosmétiques et les médicaments. Le dioxyde de titane (TiO2), plus communément appelé E171 sur les étiquettes des produits alimentaires, est un minéral dont les plus gros gisements se trouvent en Australie et en Afrique du Sud.
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Après traitement, il se présente sous forme de poudre blanche contenant des particules de diverses tailles, dont des nanoparticules (moins de 100 nanomètres, soit 10 000 fois plus petit qu'un cheveu humain). Selon un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de septembre 2016, le dioxyde de titane utilisé comme additif alimentaire n'est pas considéré comme un « nanomatériau » (qui doit comporter « au minimum 50% de particules de dimensions comprises entre 1 nm et 100 nm »).
Selon l'EFSA, la proportion de nanoparticules dans le TiO2 peut aller jusqu'à 39% par rapport au nombre total de particules, et jusqu'à 3,2% de son poids. Mais certaines ONG assurent qu'il en contient parfois bien plus. Confiseries, plats cuisinés, chocolat, pâtisseries industrielles, crèmes glacées... L’E171, considéré principalement comme un colorant, est couramment utilisé dans l'industrie alimentaire.
Il permet de blanchir ou d'intensifier la brillance des bonbons, de modifier la teinte d'autres colorants ou d'apporter de la texture aux yaourts. Mais il a également des applications dans d'autres secteurs. Les produits cosmétiques l'utilisent pour blanchir (dentifrice), pour colorer (maquillage) ou pour ses propriétés d'absorption des rayons ultra-violet (crèmes solaires). Le secteur médical y a aussi recours pour les vaccins (excipient) et pour les médicaments. L'ONG Agir pour l'Environnement estime que 4.000 médicaments en contiendraient.
Il peut aussi être présent dans certains textiles comme les vêtements de pompier, pour ses propriétés de retardateur de flamme. En France, les produits alimentaires contenant des nanoparticules doivent porter la mention « nano », mais des manquements ont été constatés par la DGCCRF (répression des fraudes) et les associations de défense des consommateurs.
De manière générale, la minuscule taille des nanoparticules les rendent plus susceptibles de pénétrer dans l'organisme par différentes voies (ingestion, inhalation, voie cutanée...), ce qui inquiète les associations de défense de l'environnement. En 2006, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS a classé le TiO2 comme « cancérogène possible chez l'homme » par voie pulmonaire.
La dernière évaluation de l'EFSA de 2016, qui se penche uniquement sur ses applications alimentaires, estime qu'il n'est « pas de nature à entraîner un risque sanitaire », mais recommande de nouvelles études pour combler des « lacunes » dans les données concernant de possibles effets sur le système reproducteur. Sous l'impulsion de la France, qui a présenté quatre nouvelles études, la Commission européenne a demandé récemment à l'EFSA de se pencher sur l'opportunité d'une nouvelle évaluation. Son avis est attendu d'ici l'été.
L'une de ces études, publiée en 2017 par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), concluait que l'exposition chronique au E171 favorisait la croissance de lésions précancéreuses chez le rat. Sans que ces résultats ne permettent de conclure sur ses effets sur l’homme ni de remettre en cause « à ce stade » l'évaluation de l'EFSA, selon l'Anses.
AFP
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