Interview

Laurent Bosquet, professionnel du tourisme et des ressources humaines : «L’hôtellerie mauricienne doit être plus attractive pour attirer les jeunes»

Laurent Bosquet

Dans cet entretien, Laurent Bosquet, professionnel du tourisme et de la gestion des ressources humaines, revient sur les causes du manque accru de main-d’œuvre dans le secteur hôtelier. Que recherchent les jeunes aujourd’hui ? Quelle est la marche à suivre pour les institutions hôtelières ? Réponses.

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Certains professionnels de l’hôtellerie déplorent un manque cruel de main-d’œuvre. Qu’en est-il de la situation ?
Effectivement, il y a de moins en moins d’employés dans le domaine hôtelier. L’hôtellerie est un métier de service. Cela implique le don de soi, de longs horaires souvent décousus. La jeune génération recherche souvent un boulot aux horaires de bureaux, à un poste semi-managérial, digital et avec une assez forte rémunération.

Peu d’entre eux sont enclins à débuter au bas de l’échelle et une partie de ceux qui le font démissionnent ou abandonnent rapidement car ce n’est pas ce qu’ils recherchent ou alors ils ne s’adaptent pas.

Quels sont les postes les plus touchés par rapport à ce manque de main-d’œuvre ?
Il n’est pas rare de voir des annonces d’embauche de groupes hôteliers proposant divers packages les uns plus attractifs que les autres. Force est de constater que les postes en recherche sont souvent les mêmes : serveurs, employés de bar, cuisiniers, valets/femmes de chambre, employés de maintenance, entre autres. Ces métiers, souvent manuels, sont injustement perçus comme dévalorisants et les postes deviennent difficiles à remplir.

Dans quelle mesure les compagnies de croisières et certains pays, notamment les émirats arabes unis, qui recrutent pas mal de Mauriciens, contribuent à ce manque de main-d’œuvre ?
Le monde des croisières représente le nouvel eldorado. Pour celui qui a les compétences et la volonté, il est plus facile de s’en sortir financièrement.

Je pense que les croisiéristes ne sont pas à blâmer car ils ne font que répondre à une demande croissante.

Si des Mauriciens préfèrent travailler dans les croisières et à l’étranger, c’est pour une question de salaire. Les hôteliers ne doivent-ils pas revoir leur grille de salaire ?
Le salaire a beaucoup à voir dans la prise de décision. Auparavant, l’attrait du voyage et l’expérience acquise à bord étaient les raisons de départ, mais l’aspect pécuniaire a pris le dessus. Plusieurs Mauriciens ont des projets personnels avec pour but d’améliorer leur situation. Il est donc évident qu’ils se tourneront vers les salaires attractifs que propose le monde des croisières.

Quant à la grille salariale, chaque hôtelier peut revoir sa fourchette salariale à sa discrétion. Certains le feront plus aisément que d’autres mais au final, il est quand même difficile de les concurrencer.

Existe-t-il des solutions pour contrer ce manque de main-d’œuvre et pour retenir les professionnels mauriciens ?
Des solutions viables n’existent pas et nous ne pouvons retenir des gens qui souhaitent tenter leur chance ailleurs. L’hôtellerie mauricienne devra peut-être se réinventer, être plus attractive pour des employés, revaloriser ou réévaluer certains métiers en demande.

Une solution pourrait aussi être un partenariat avec les compagnies de croisières et éventuellement de convenir d’une rotation ponctuelle de main d’œuvre qui travaillerait un temps sur les navires et l’autre temps à Maurice.

 

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