La Journée mondiale des personnes âgées, qui sera célébrée le mardi 1er octobre, sera marquée par un contexte particulier : celui des futures élections générales. À ce titre, le discours du Premier ministre, Pravind Jugnauth, sera très attendu.
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Cet événement vient clôturer une année riche en activités, dont celle de la semaine dernière qui a vu la finale des concours de chants-danses bhojpuri, séga et européens. Vendredi dernier, le Senior Citizen Council (SCC), organisme qui regroupe les associations de seniors de Maurice, s’employait à trouver le ‘fine tuning’, pour un des événements décisifs pour l’ex-alliance lepep qui, rappelons-le, avait remporté les législatives de 2014, en relevant, entre autres, la pension universelle à Rs 5 000. Cette fois-ci encore, après avoir laissé courir la rumeur d’une augmentation à hauteur du salaire minimum, l’Alliance Lepep est confrontée aux exigences des seniors qui n’en attendent pas moins.
Bien-être
Depuis plus d’une dizaine d’années, les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ne sont épargnés aucun effort en faveur du bien-être des seniors de Maurice. L'institutionh du SCC, ainsi que la mise pied de centre récréatifs régionaux témoignent de cette volonté. Mais, au-delà de ces accomplissements, c’est sur les consciences que le plus dur reste à faire, notamment, le respect des personnes âgées. À ce titre, le SCC a tenté de développer un dialogue intergénérationnel, au cours des rencontres entre des collèges et des associations regroupant les seniors.
Le SCC a mis à la disposition des seniors des avocats pour faire le point sur leurs droits.
Dans le même souffle, le SCC a mis à la disposition de celles-ci des avocats pour faire le point sur leurs droits, le plus important étant relatif aux droits de succession. L’avocate Vishnee Nursimhulu, qui a travaillé durant des mois au sein des associations de seniors, leur a prodigué des conseils et répondu aux nombreuses interrogations relatives aux droits des personnes âgées. « Comme dans de nombreux autres pays », fait-elle ressortir, « nos personnes âgées sont confrontées à la solitude en raison du décès d'un conjoint ou d'amis : sentiment d'isolement social lorsque les enfants sont occupés par leur propre vie ou déménagent dans une autre ville ou un autre pays ; dépendance à l’égard des soignants pour les activités de la vie quotidienne ou même le stress lié à des problèmes financiers liés à la perte de revenus réguliers. »
Problème juridique
Indépendamment de cela, il existe un problème juridique très particulier à Maurice qu'elle a rencontré lors de ses sessions, poursuit-elle. « C’est la transmission de la propriété sous forme de vente déguisée plutôt que d'héritage où ils sont incapables de conserver leur usufruit jusqu'à la mort et sont souvent expulsés de leurs domiciles par leurs enfants, lesquels décident de vendre la maison ancestrale ou n’ont plus d’espace pour leurs vieux parents, où ils sont parfois expulsés par la banque parce que leurs enfants avaient emprunté un prêt qu’ils ne sont plus en mesure de rembourser. »
Pour le District Representative de Lower Plaines Wilhems, Vinod Dookhit, le défi intergénérationnel, de même que le respect à l’égard des seniors doivent être traités avec le plus grand sérieux à Maurice, compte tenu de l’ampleur de la drogue et de la petite délinquance. Dans certaines localités, la sécurité des retraités est assurée grâce à la vidéosurveillance du voisinage qu’ils ont eux-mêmes mise sur pied. « Mais pour y arriver, il faut que tout le monde arrive à un consensus sur les moyens à déployer », explique-t-il.
Quant à la perspective de vivre en maisons de retraite, à l’heure d’un mode de vie en pleine mutation pour les jeunes couples, l’avocate Vishnee Nursimhulu tempère les propos de ceux qui y voient un échappatoire funeste :
« Les maisons de retraite étant destinées aux personnes âgées, les médecins sont toujours à portée de main et les services d’urgence sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La sécurité est définitivement un problème pour les personnes âgées. La sécurité constante dans une maison de retraite les protège des intrus et les aide à vivre en sécurité. Ils obtiennent également de la compagnie pendant que leurs enfants sont occupés avec leur vie. Les 'homes' ne sont ni des orphelinats ni des prisons. Nous devrions adopter une vision ouverte plutôt que de la rendre effrayante. Après tout, nous voulons qu’ils vivent bien et nos aînés peuvent toujours partir en vacances chez leurs enfants ou recevoir une visite. »
Sega, bhojpuri et ‘oldies’ : pérenniser des traditions
L’organisation des concours de chants-danses et d’art dramatique en créole et bhojpuri reste sans conteste le plus grand succès personnel du SCC. Ces activités, auxquelles participe l’ensemble des associations de seniors, rendent compte de la vivacité des traditions ancestrales à Maurice, et du coup, démontre que les langues mauriciennes, le créole et le bhojpuri, restent la meilleure courroie de transmission entre la modernité et le passé. Que ce soit en régions urbaines ou rurales, ces concours mobilisent des groupes ou familles entières, souvent d’origine modeste et leur permettent de faire valoir leur ingéniosité, tout en conservant leur caractère purement festif. Il n’est pas rare que des associations dépensent des petites fortunes en vêtements pour ‘briller’ durant les concours de chants-danses. Ce qui a fait dire à un haut cadre du SCC que « les seniors savent mieux faire la fête que les jeunes. » Ces concours mettent également en relief le véritable tissu associatif qui permet de mettre en contact et sans heurt les différentes traditions culturelles de l’île. L’alternance de la culturelle bhojpuri, issue de la tradition du ‘gamaat’ et du séga sur une même plateforme et le même jour, n’a pas son pareil ailleurs, que ce soit dans le circuit des hôtels ou durant les fêtes nationales officielles.
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