L'accord de trêve entre Israël et le Hamas sur la libération de 50 otages en échange de 150 prisonniers palestiniens n'entrera pas en vigueur avant vendredi, ont annoncé jeudi des responsables israéliens et palestiniens sur fond de poursuite des combats dans la bande de Gaza.
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Le Qatar, qui agissait comme médiateur, avait annoncé mercredi une trêve renouvelable de quatre jours dans les combats, doublée d'un échange d'otages retenus à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus en Israël.
Des médias et des responsables avaient affirmé que la trêve entrerait en vigueur jeudi à 08H00 GMT, un cadre du Hamas disant s'attendre dans la journée à "un premier échange de 10 otages contre 30 prisonniers".
La communauté internationale avait salué cet accord, y voyant un premier pas vers un cessez-le-feu durable.
Mais le chef du Conseil national de la sécurité israélien, Tzachi Hanegbi, a déclaré dans la nuit que la libération des otages n'interviendrait "pas avant vendredi" et que les négociations se poursuivaient.
Un responsable palestinien ayant requis l'anonymat a expliqué jeudi à l'AFP que les discussions achoppaient sur les "noms des otages israéliens et les modalités de leur remise" à une tierce partie.
- Frappes sur Khan Younès -
L'accord a été annoncé au 47e jour de la guerre, déclenchée par une attaque d'une ampleur et d'une violence inédites dans l'histoire d'Israël menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien. Selon les autorités, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées.
Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l'attaque du mouvement palestinien.
En représailles, Israël, qui a promis "d'anéantir" le Hamas, bombarde sans relâche depuis le 7 octobre la bande de Gaza, où plus de 14.000 personnes ont été tuées dont plus de 5.800 enfants, selon le gouvernement du mouvement palestinien qui y a pris le pouvoir en 2007.
Les combats se sont poursuivis toute la nuit sur le territoire de quelque 360 km2, assiégé depuis le 9 octobre par Israël, qui y a coupé les approvisionnements en eau, électricité et carburant et y mène une offensive terrestre depuis le 27 octobre.
L'agence de presse palestinienne Wafa a évoqué des "dizaines" de morts dans différents secteurs de Gaza.
Le Jihad islamique palestinien, qui participe aux combats, a fait état d'affrontements au coeur de la ville de Gaza, dans le nord. Dans le sud, les frappes ont visé Khan Younès, d'où s'élevaient d'immenses colonnes de fumée noire, éclairées par les explosions des bombes.
Selon des journalistes de l'AFP à Rafah (sud), ces frappes, pourtant à plusieurs kilomètres, ont fait trembler les maisons de la ville frontalière de l'Egypte.
Des dizaines de personnes non identifiées, mortes dans des hôpitaux du nord du territoire, ont été enterrées mercredi dans une fosse commune d'un cimetière de Khan Younès.
Dans la ville de Gaza (nord), le directeur de l'hôptal al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya a été arrêté avec plusieurs autres cadres, selon un médecin du plus grand établissement de Gaza. L'armée israélienne contrôle l'hôpital où elle cherche des infrastructures militaires du Hamas.
- "Choix difficile" -
Le gouvernement israélien a approuvé l'accord de trêve malgré des dissensions internes.
"Je dois souvent trancher entre un choix difficile et un choix encore plus difficile, et c'est particulièrement le cas avec les otages", a souligné mercredi soir Benjamin Netanyahu dans une allocution télévisée.
Le président iranien Ebrahim Raïssi, soutien du Hamas et dont le pays ne reconnaît pas Israël, a pour sa part estimé que "le cessez-le-feu temporaire" était "une grande victoire" du mouvement palestinien.
Le porte-parole des Affaires étrangères du Qatar, Majed Al-Ansari, avait indiqué que 50 otages devraient être libérés en quatre jours de trêve. L'accord ne prévoit pas la libération de militaires enlevés.
Selon les autorités israéliennes, la trêve pourrait être prolongée pour atteindre 100 otages libérés contre 300 prisonniers palestiniens.
Israël a diffusé une liste de 33 femmes et 267 jeunes de moins de 19 ans, dont 49 membres du Hamas, susceptibles d'être relâchés.
La principale association de familles d'otages s'est déclarée "heureuse" d'un accord pour une "libération partielle" d'otages, sans savoir pour l'instant "qui sera libéré et quand".
"Cela me donne l'espoir de voir mes filles revenir", a déclaré Maayan Zin, mère de deux enfants retenues à Gaza.
A Jérusalem-Est occupée, la Palestinienne Samira Douayyat a évoqué la possible libération de sa fille Shourouk, 26 ans, qui aura purgé la moitié de sa peine de 16 ans de prison. "Je pleure, je ris, je tremble", dit-elle à l'AFP.
- Trêve insuffisante -
Les bombardements ont dévasté le territoire palestinien et provoqué une grave crise humanitaire selon l'ONU, avec notamment le déplacement de plus de 1,7 million des 2,4 millions d'habitants de Gaza, où l'aide entre au compte-gouttes.
La pause humanitaire associée à la trêve permettra l'entrée d'un "plus grand nombre de convois humanitaires et d'aide, y compris du carburant", a indiqué le Qatar.
Quelque 200 à 300 camions d'aide entreront dans Gaza, dont huit avec du carburant et du gaz, a précisé un cadre du Hamas, Taher al-Nounou.
Mais cette trêve est "insuffisante" pour faire entrer l'aide nécessaire à Gaza, ont souligné plusieurs ONG internationales, réclamant un véritable cessez-le-feu alors que de nombreux camions attendent le feu vert israélien pour passer le terminal de Rafah.
"Avant la guerre, on travaillait deux, trois jours avant une pause. Aujourd'hui, ça fait sept jours qu'on est au même endroit sans bouger", raconte à l'AFP un chauffeur égyptien, Alaa Moustafa. Avant ces hostilités, la bande de Gaza était soumise à un strict blocus israélien depuis 16 ans.
Malgré l'accord, Israël a affirmé que la guerre se poursuivrait pour "éliminer le Hamas et garantir qu'il n'y ait plus aucune menace (...) depuis Gaza".
"Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette", a averti de son côté le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
"Ils parlent de trêve ? Une trêve avec des blessés, des morts et des maisons détruites ? Nous ne voulons pas de trêve si nous ne pouvons pas retourner dans nos maisons, nous ne voulons pas de trêve pour un peu de nourriture", a lancé Maysara al-Sabbagh, 42 ans, qui s'est réfugié à Khan Younès.
- Hezbollah et Houthis -
La guerre fait craindre une escalade régionale entre d'un côté Israël et ses alliés et de l'autre l'"axe de la résistance" formé de groupes soutenus par l'Iran dont le Hezbollah et les Houthis.
Le Hezbollah a annoncé la mort d'Abbas Raad, fils du chef du groupe du mouvement au Parlement libanais Mohamed Raad, dans un bombardement israélien ayant tué mercredi quatre autres combattants dans le sud du Liban.
D'autre part, un navire de guerre américain patrouillant en mer Rouge a intercepté jeudi des drones explosifs lancés du Yémen par les rebelles Houthis, selon le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom).
Dans un entretien téléphonique avec Benjamin Netanyahu, le président américain Joe Biden a souligné l'importance de maintenir le "calme" à la frontière avec le Liban et en Cisjordanie occupée, théâtre au cours de la nuit de heurts entre des Palestiniens et les forces israéliennes.
© Agence France-Presse
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