Economie

La révolution verte: lentement mais sûrement

Le gouvernement vient d’annoncer l’extension du ‘Calf Productivity Incentive Scheme’ pour relancer la production bovine. Les éleveurs bénéficieront d’un ‘bonus’ de Rs 2 500 pour chaque veau. Les autorités veulent aussi implémenter le ‘Non-Sugar Sector Strategic Plan’ 2016-2020. Ce nouveau plan sauvera-t-il notre secteur agricole en déclin ? Le secteur agricole attend son heure de gloire. Ce secteur en déclin constant s’efforce de faire face aux défis. Les autorités viennent de l’avant avec un nouveau plan, le ‘Non-Sugar Sector Strategic Plan 2016-2020’. Ce plan redessinera l’avenir du secteur non-sucre durant les prochaines cinq années. Selon Statistics Mauritius, au 30 juin dernier, près de 352 000 tonnes de cannes ont été récoltées sur une surface totale de 4 173 hectares sous cannes. La Chambre d’Agriculture prévoit une production totale de sucre de 410 000 tonnes cette année, soit une hausse de 2,5 % par rapport à l’an dernier où la production de sucre s’élevait à 400 173 tonnes. Par ailleurs, le ministre de l’Agro-industrie a annoncé, lundi, l’introduction d’une taxe de 15 % sur le sucre importé. Pour rappel, la totalité du sucre produit à Maurice est exportée et le pays importe du sucre de l’étranger pour sa consommation domestique. Depuis quelques années, l’importation du sucre a été libéralisée. Dans le secteur non-sucre, la production de thé est en déclin. Au 30 juin 2015, environ 574 hectares de terre étaient sous culture de thé, contre 672 hectares en 2014. Pendant la même période, la production de thé était de 669 tonnes, contre 890 tonnes l’an dernier. Concernant la culture vivrière, 3 307 hectares de terre sont concernés cette année, alors que la surface cultivée était de 3 737 hectares en 2014. La production de légumes durant le premier semestre 2015 s’élevait à 30 944 tonnes, alors qu’elle était de 41 948 tonnes durant la période correspondante en 2014. Même la production de riz a chuté de 1 146 tonnes durant le premier semestre 2014 à 91 tonnes cette année. Dans le secteur de l’élevage, quelque 1 014 tonnes de viande bovine locale ont été produites durant le premier semestre, alors que la production ovine a baissé de 24,1%. Le ‘Calf Productivity Incentive Scheme’, déjà en vigueur, a été étendu et 300 petits éleveurs environ en bénéficieront. Toutefois, le secteur de l’élevage continue à faire face à d’énormes difficultés. Le marché du lait frais local peine à se développer, les consommateurs préférant de loin le lait importé. Les coûts de production de la viande locale sont élevés, surtout avec la cherté des aliments pour bétail et un fort taux de mortalité.

L’impact des Smart Cities

Le secteur agricole subira les soubresauts des ‘Smart Cities’ à venir. En effet, la superficie sous culture agricole se rétrécira davantage avec la conversion de milliers d’hectares de terre pour la construction des villes intelligentes. Cela impactera sur la production de sucre, mais aussi de légumes. Il se pourrait que la ‘Smart Agriculture’ vienne à la rescousse, avec de nouvelles pratiques agricoles pour booster la productivité. D’ailleurs, le gouvernement encourage les planteurs à intégrer la production d’énergie renouvelable, à travers des installations solaires dans les champs. Le ‘Hi-Tec Farming’ est également au cœur de l’agenda agricole des institutions comme le Board of Investment, qui s’efforce d’attirer des investisseurs vers ce secteur. En revanche, un mouvement vers les Smart Cities augmentera la population urbaine et occasionnera une hausse de la demande de produits agricoles. À noter qu’avec l’exemption fiscale, cela représentera un manque à gagner de plusieurs milliards de roupies pour l’État.

Expertise étrangère

Le gouvernement a sollicité les services d’un botaniste de renom international, Gilles Clément, pour le conseiller dans la réhabilitation du Jardin botanique de Pamplemousses. Le botaniste a également conseillé dans la rénovation d’autres jardins et la création de nouveaux jardins publics et espaces verts à Maurice.

Les ONG de la partie

Le ministère de l’agro-industrie a récemment invité les organisations non gouvernementales à soumettre des microprojets agricoles afin de bénéficier d’une assistance maximale de Rs 100 000. L’objectif est d’encourager l’initiation agricole afin de produire pour la consommation et protéger l’environnement.

Wholesale market

Pour mieux encadrer les planteurs de légumes, le gouvernement veut construire un ‘National Wholesale Market’, à Belle-Rive. Ce bâtiment, qui s’étendra sur une superficie de 13 hectares, sera le centre névralgique du commerce des fruits et légumes à Maurice. Conçu d’après les normes internationales, le ‘Wholesale Market’ contribuera à une meilleure distribution des produits agricoles à travers des procédés structurés tout en maintenant la qualité.

La paille de canne

Si les planteurs de canne à sucre bénéficient de revenus additionnels à travers la vente de la mélasse et de la bagasse, un autre produit dérivé à haute valeur ajoutée reste sous-estimé. En effet, la paille de canne revêt toute son importance, car elle est utilisée dans l’industrie touristique. Nos touristes paient une fortune pour dormir sous un toit de chaume, fait de paille de canne, obtenue peut-être… gratuitement ! Or, les planteurs pourraient monnayer ce résidu et générer un revenu additionnel. Les toits en chaume deviennent de plus en plus populaires, et c’est un créneau à ne pas négliger par les petits planteurs.

Les pépinières en poupe

Avec l’accélération du développement foncier, provoquée par les futurs ‘Smart Cities’, les projets sous le ‘Property Development Scheme’ et d’autres projets immobiliers de grande envergure, y compris dans l’hôtellerie, ce sont les pépinières agricoles qui voient éclore de nouvelles opportunités. La demande de plantes s’accentuera et les pépinières doivent déjà investir dans l’expansion de leurs capacités.

Obstacles au développement agricole

Le secteur agricole fait face à plusieurs défis. Les petits et moyens agriculteurs ont un accès limité aux nouvelles technologies, et pèchent par manque d’innovation. Il y a un manque aigu de main-d’œuvre alors que la mécanisation coûte cher. Les petits planteurs sont également réticents au regroupement des exploitations qui leur aurait permis de réaliser des économies d’échelle. Les jeunes ne sont pas intéressés à intégrer ce secteur qui présente pourtant des opportunités intéressantes. La dernière campagne pour former des jeunes ‘agro-preneurs’ a été un échec. Le pays compte 5 500 éleveurs et 30 000 petits planteurs. Le secteur agricole emploie au total 44 000 personnes.

Michael Valère: « Les choses bougent, mais beaucoup reste à faire »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5369","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-10665","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Michael Val\u00e8re"}}]]Cet éleveur de Nouvelle-Découverte se débrouille tant bien que mal. Michael Valère dit que les choses commencent à bouger, mais qu’il reste encore beaucoup à faire. « Les problèmes auxquels nous faisons face commencent à trouver des solutions. Les subventions sur les aliments ont été augmentées. Le service vétérinaire s’améliore », confie Michael. Cependant, il n’encouragerait personne à s’engager dans le secteur. « L’élevage n’est plus un secteur prometteur, il y a trop de défis à relever. Un nouvel entrepreneur ne pourra durer. Ceux qui sont déjà dans le secteur se débrouillent, mais c’est très difficile de réussir pour ceux qui sont sans expérience. Par exemple, je dois faire mon propre marketing pour vendre mon lait, car il n’y a aucune structure établie. Le plus gros problème, c’est de trouver un marché pour le lait frais ».

<
Publicité
/div>
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !