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La marmite politique sera en ébullition en 2017

2017 sera une année éminemment politique, bien que plus d’un, souhaitent que l’attention soit focalisée sur l’économie et les projets de développement.

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Il y a deux raisons évidentes pour expliquer la prédominance de la chose politique cette année : une opposition renforcée avec l’arrivée du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) dans l’opposition et la détermination de l’alliance Mouvement socialiste militant (MSM)-Muvman Liberater (ML), comme annoncé par le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, de réunir une majorité de trois quarts à l’Assemblée nationale pour faire adopter le Prosecution Commission Bill. Ainsi, la nouvelle année tournera autour de cinq R : remaniement, recomposition, réforme, renforcement et revigorer.

Remaniement ministériel

À la rentrée 2017, les yeux seront rivés sur le gouvernement MSM-ML. Tous attendent le remaniement ministériel qui, aux dires de sir Anerood Jugnauth, devrait avoir lieu durant le premier trimestre. Plus précisément avant la rentrée parlementaire prévue le mardi 28 mars. À coup sûr, la vanne des spéculations sera grande ouverte et les rumeurs à propos des ministrables se propageront comme une traînée de poudre à travers l’île.

Ce remaniement ministériel est loin d’être un exercice aisé. Autrement, au lendemain du départ du PMSD du gouvernement, le Premier ministre aurait nommé quatre nouveaux ministres et aurait procédé à un reshuffle des maroquins ministériels. L’exercice se complique avec la volonté affichée de l’alliance gouvernementale de réunir une majorité de trois quarts pour faire passer le Prosecution Commission Bill à l’Assemblée nationale. Comme pour faire un pied de nez à Xavier-Luc Duval qui a voulu tuer dans l’œuf ce projet, si cher au MSM et au ML. Et surtout, pour porter le coup de grâce politique au leader du PTr, Navin Ramgoolam, qui a vu la majorité des charges logées contre lui rayées. Déjà, Pravind Jugnauth présente Navin Ramgoolam comme le futur allié de Xavier-Luc Duval.

Recomposition du gouvernement

L’année débutera avec d’intenses tractations.  L’alliance gouvernementale veut  gonfler son effectif au Parlement. Ce ne sera pas une mince affaire pour Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo, car l’opposition est hétéroclite. Les leaders du MSM et du ML devront négocier avec le Mouvement Patriotique (MP) qui ne compte que deux députés, avec les cinq députés indépendants et les potentiels démissionnaires du PMSD. Tout compte fait, le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM) ne sont pas des éléments compatibles dans cette formule. Sauf imprévu !

Ce ne sera guère aisé pour le Premier ministre, car il ne dispose que de deux portefeuilles ministériels et deux postes de PPS pour appâter tout ce beau monde. Tout laisse croire que le député de la circonscription no 17 (Curepipe-Midlands), Stephan Toussaint pourrait prochainement  faire son entrée au Cabinet. Cette semaine, il est monté en grade. Mardi, Pravind Jugnauth a donné une première indication en l’invitant à participer à la conférence de presse restreinte du MSM, au Sun Trust. Le leader du MSM avait à ses côtés Showkutally Soodhun, Nando Bodha, Leela-Devi Dookun Luchoomun et Stephan Toussaint… Du côté du ML, on souhaite vivement qu’Eddy Boissezon soit nommé ministre.

Réforme électorale

Si Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo n’arrivent pas à composer la formule des trois quarts, il ne leur restera que deux options. Primo, abandonner le projet en attendant de recueillir la majorité nécessaire aux prochaines élections. Et cela au prix d’une nouvelle alliance électorale dans trois ans. Il ne leur reste que deux partenaires probables : le MMM et le MP. Comme en 2013 pour le PTr de Navin Ramgoolam, mercredi, Paul Bérenger a déclaré aux mauves à la fête de fin d’année que « tout sépare le MMM du MSM ». Et on sait le résultat. Une alliance PTr-MMM au prix d’une succession désagréable de « on and off ».

Secundo, amadouer Paul Bérenger dès maintenant pour un rapprochement rapide, quitte à aller aux élections en 2017. Cela en utilisant l’appât de la réforme électorale comme l’avait fait Navin Ramgoolam en 2013. C’est le talon d’Achille du leader mauve. Cependant, à la lumière des résultats de décembre 2014, il semble que Paul Bérenger devra mettre en veilleuse son aspiration à un partage du poste de Premier ministre.

Renforcement de l’opposition

Au cas où le tandem Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo est contraint d’abandonner la stratégie des trois quarts, 2017 s’annonce une année politiquement torride. Ce sera l’effervescence bien qu’en cours de route le MP ou certains députés indépendants pourraient décider de jurer allégeance au gouvernement en place. Pour la bonne et simple raison que trois des quatre principaux partis du pays forment désormais l’opposition. Le MSM se retrouve ainsi seul contre tous.

Au début de 2017, PMSD, MMM et PTr vont accorder leurs violons pour que l’action de l’opposition soit plus incisive. Le but étant de mettre le gouvernement dos au mur. Mais, tôt ou tard, l’on assistera à un rapport de force entre les partis de l’opposition. Chacun cherchera à être plus percutant dans ses actions pour faire la différence, surtout au moment de négocier les prochaines alliances électorales.

Le premier objectif de l’opposition : ouvrir la voie à une alliance entre deux partis de l’opposition aux prochaines élections. Une alliance électorale entre le PTr, le PMSD et le MMM est quasi-impossible. Deuxième objectif : réduire le bargaining power du MSM pour qu’arrivé le temps des négociations, son futur allié actuellement dans l’opposition puisse avoir « enn mari deal ».

La politique étant notre sport national, ce sera l’effervescence en 2017, au détriment de l’intérêt national.

Revigorer le gouvernement

Dans ce rapport de force, le gouvernement peut avoir le dernier mot. Tout laisse présager que sir Anerood Jugmauth et le tandem Pravind Jugnauth-Ivan Collendavelloo n’ont nullement l’intention de laisser s’affaiblir le gouvernement en se prêtant au jeu de la politicaillerie. Dans les couloirs du pouvoir, on laisse entendre que l’attention ne sera focalisée que sur les projets qui créeront des emplois et feront renaître le feel good factor. D’ailleurs, plusieurs ministres ont annoncé que 2017 sera « l’année des grands chantiers ». Au MSM, on sait bien que 2017 est une année cruciale. Ça passe ou ça casse !

 

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