«La guerre ne connaît pas de religion» : la plus ancienne église de Gaza abrite musulmans et chrétiens 

L'église Saint-Porphyre est devenue un sanctuaire pour les personnes déplacées par les bombardements israéliens, toutes confessions confondues, rapporte Al Jazeera dans un article publié sur son site Web lundi 16 octobre. 

Voici l'article dans son intégralité :

Lorsqu'un raid aérien israélien a détruit la maison de Walaa Sobeh et une grande partie de son quartier, cette Palestinienne musulmane a cherché refuge dans la plus vieille église de Gaza.

À l'église Saint-Porphyre, elle a trouvé non seulement refuge, mais aussi un sentiment d'appartenance à "une seule famille", unie à la fois par la terreur des bombes qui explosaient autour d'eux et par l'espoir de survivre aux attaques israéliennes.

Elle a alors appelé d'autres membres de sa famille dans le nord de Gaza et leur a demandé de se rendre également à l'église. Sobeh et sa famille font partie des centaines de Palestiniens de différentes confessions qui ont trouvé refuge, du moins pour le moment, à l'église.

À l'heure où l'attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre et le bombardement de Gaza par Israël qui s'en est suivi ont provoqué une montée de l'islamophobie dans certaines parties du monde, l'Église orthodoxe grecque est apparue comme l'emblème d'une identité plus profonde en tant que Palestiniens.

"Nous vivons ici le jour, sans savoir si nous survivrons jusqu'à la nuit. Mais ce qui soulage notre douleur, c'est l'esprit humble et chaleureux de tous", a déclaré Sobeh. Elle a décrit le "soutien énorme des prêtres et des autres personnes de l'église qui se portent volontaires sans relâche, jour et nuit, pour aider les familles déplacées".

Jusqu'à présent, l'église a échappé aux missiles israéliens.

"L'armée israélienne a bombardé de nombreux lieux de refuge", a déclaré le père Elias, un prêtre de Saint-Porphyre, ajoutant qu'il n'était "pas sûr qu'Israël n'attaquera pas l'église", même si elle abrite des centaines de civils.

Les bombes israéliennes ont touché plusieurs mosquées et écoles abritant des personnes dont les maisons ont été détruites.

Toute attaque contre l'église "ne serait pas seulement une attaque contre la religion, qui est un acte ignoble, mais aussi une attaque contre l'humanité", a déclaré le père Elias. "Notre humanité nous appelle à offrir la paix et la chaleur à tous ceux qui en ont besoin.

Construite entre les années 1150 et 1160, et nommée d'après le 5e évêque de Gaza, Saint-Porphyre a offert du réconfort à des générations de Palestiniens de Gaza, notamment en période de peur.

Et alors que les cris d'enfants et de ceux bouleversés par le fait de vivre sous les bombardements israéliens résonnent maintenant dans un espace autrefois empli de prières et de chants, il y a de l'espoir.

Aujourd'hui, les anciennes cours et les couloirs abrités de l'église offrent refuge aussi bien aux musulmans qu'aux chrétiens, "car la guerre ne connaît pas de religion", a déclaré le père Elias.

"Ensemble en tant que Palestiniens, musulmans et chrétiens"

George Shabeen, un chrétien palestinien et père de quatre enfants abrité dans l'église avec sa famille, a déclaré qu'ils n'avaient nulle part ailleurs où aller ; leur rue a été prise pour cible par trois raids aériens israéliens.

"Venir ici a sauvé nos vies", a-t-il déclaré à Al Jazeera. "La nuit, nous nous serrons les uns contre les autres, musulmans et chrétiens, jeunes et vieux, et nous prions pour la sécurité et la paix."

Pour Sobeh, le fait que des familles de différentes religions se retrouvent sous les toits de l'église au milieu du traumatisme des bombardements est en soi un acte de résistance.

"Le but d'Israël est de briser notre communauté et de nous déplacer", a-t-elle ajouté d'une voix tremblante. "Ils pourraient nous tuer. Mais nous continuerons à être ensemble en tant que Palestiniens, vivants et morts, musulmans et chrétiens."

Al Jazeera