La guerre des gangs : des trafiquants qui dénoncent d’autres trafiquants… à la police

Plusieurs réseaux se partagent le marché lucratif du business de la drogue à Maurice. L’île est ainsi répartie en plusieurs territoires… des chasses gardées farouchement protégées. Selon nos renseignements, avant 2017, des trafiquants « collaboraient » entre eux, réunissant leur argent afin de commander de la drogue (Subutex, héroïne et la matière première de la drogue synthétique) de l’étranger. Ces derniers récupéraient ensuite leurs marchandises à l’aéroport ou encore dans des conteneurs. Mais les choses ont changé depuis peu. Des transporteurs (jockeys) sont passés au statut de trafiquants et c’est dorénavant chacun pour soi. En gros : gare à celui qui marche sur les plate-bandes de l’autre. De nos jours, les « patrons » (Ndlr : terme utilisé pour désigner un trafiquant de drogue) sont prêts à tout afin de se faire respecter, ou encore à affirmer leur supériorité dans leur territoire.

« Zot met zot bann martin (jockey) partou dan zot landrwa. Zot pay bann la Rs 1 000 par zour, donne zot manze bwar ek dir zor veye », apprend-on. C’est ainsi que le « baron » de la région arrive à savoir si des individus travaillant pour le compte d’un autre trafiquant sont dans le coin. Si tel est le cas, les représailles ne sauraient tarder. Armes à feu ? Gourdins ? Armes blanches ? Rien de tout cela. La nature du règlement de compte, indique-t-on, a évolué. La police est immédiatement alertée et le trafiquant (dont le transporteur sillonnait une autre région) est immédiatement épinglé avec de la drogue. C’est ce qui explique les quantités conséquentes de drogue retrouvées sur certains individus soupçonnés d’être des maillons importants dans le trafic de drogue. Et dans les milieux, on avance, qu’ils sont dénoncés par un gang qui a lui des liens privilégiés avec la police.