Les pères français pourront davantage s'investir auprès de leurs nouveaux-nés, avec un congé paternité porté jeudi à 28 jours, contre 14 précédemment, qui marque une avancée importante sans, toutefois, mettre le pays au niveau de certains de ses voisins.
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Cette réforme de société, attendue de longue date, impose une semaine de congé obligatoire au père - ou au second parent - et sera financée par la Sécurité sociale, seuls trois jours dits "de naissance" étant à la charge de l'employeur. (Dans le cas d'une naissance multiple, sept jours de congés sont ajoutés).
Annoncée en septembre 2020 par le président Emmanuel Macron, elle vise à permettre une plus grande implication des pères au sein du foyer, notamment auprès des enfants. Et, à la clef, à faire progresser les mentalités dans un pays où, encore aujourd'hui, "être parent a plus de conséquences sur l'emploi des femmes", que sur celui des hommes, selon une enquête menée en 2018 par l'Institut national de statistiques.
Pourtant, les papas du XXIe siècle sont souvent demandeurs. A deux semaines de la naissance de sa fille - son premier enfant -, Nicolas, infirmier dans une maison de retraite médicalisée, dit avoir "hâte" de la "rencontrer". "Pouvoir prendre un mois de congé, c'est un droit et un acquis social très fort pour entrer de plain-pied dans la paternité et aussi être là pour suppléer la maman à la maison", estime le quadragénaire, qui a prévu de fractionner son congé - un peu en juillet-août, le reste en septembre - pour permettre à ses collègues de "souffler aussi pendant l'été".
"Ce n'est pas qu'une question d'envie des pères, il y a encore de nombreux freins psychologiques notamment vis-à-vis de l'entreprise", confirme la psychothérapeute Isabelle Filliozat, vice-présidente de la "Commission des 1.000 premiers jours" qui avait recommandé au gouvernement de porter ce congé à neuf semaines.
Selon elle, cette réforme devrait "inciter davantage de pères à le prendre" car "la semaine obligatoire pourra les aider dans leurs négociations avec leur patron".
"Une réelle évolution", estime David Malczuk, 27 ans, qui accueillera son deuxième enfant fin juillet et compte bien s'absenter un mois de son travail.
Répartition des tâches
A la naissance de son premier enfant, ce dessinateur industriel avait gardé ses 11 jours de congé pour partir avec sa femme et leur fils de quelques semaines en Russie, d'où son épouse est originaire.
"Elle avait accouché un mercredi. J'étais resté avec elle à la maternité jusqu'au dimanche et, le lundi, c'était retour au boulot. J'étais crevé, j'avais des poches sous les yeux", se souvient-il. "Cette fois, je vais pouvoir créer un rythme avec le bébé et récupérer un peu d'énergie".
Optionnel, le congé paternité est actuellement pris par environ sept pères sur dix, un chiffre qui a peu évolué depuis son instauration en 2002 et dissimule de fortes inégalités sociales: 80% des salariés en CDI y ont recours, contre moins de 60% en CDD.
En matière de parentalité, beaucoup se joue dès les premiers jours.
"Ce n'est pas une question de rôle ou de sexe", insiste Mme Filliozat. "Si on est au quotidien auprès d'un enfant, on devient plus sensible, attentif et on développe ses compétences parentales".
Or, "les pères n'ont pas suffisamment d'occasion d'avoir du temps avec leurs tout-petits, ils tissent moins d'attachement, se sentent un peu moins concernés et peuvent avoir tendance à laisser les tâches parentales à la mère, ce qui génère de nombreux conflits", analyse-t-elle.
Ces 28 jours restent toutefois "dérisoires" pour Marie-Nadine Prager, du Collectif PAF (pour une Parentalité féministe), qui plaide pour un congé parental sur le modèle scandinave, bien rémunéré et réparti entre les parents.
En Suède, les parents se partagent ainsi 480 jours, dont trois mois sont réservés aux pères. Mais plus au Sud, certains pays font aussi mieux que la France: championne de l'UE, l'Espagne propose ainsi 16 semaines aux pères.
© Agence France-Presse
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