Avec la rentrée scolaire, le projet de la réforme du système éducatif revient sur le tapis.
D’autant que cette année est annoncée comme la dernière en ce qu’il s’agit des examens du CPE, qui seront appelés à être remplacés l’an prochain par le Primary School Achievement Certificate (PSAC) qui, selon la ministre de l’Éducation, ne serait qu’une évaluation formelle des élèves en vue de leur admission en Grade 7. Mais dans les milieux concernés, le scepticisme prévaut. Les conditions de base sont-elles réellement réunies pour la mise en pratique du 9-year basic continuous education ? C’est la question primordiale que beaucoup se posent.
Surtout que la scolarité sur neuf ans est le noyau du projet de réforme, dont le but recherché est, selon toute évidence, de tordre le cou à cette compétition féroce et malsaine parmi les enfants de 11-12 ans et en même temps, aux leçons particulières au primaire. Celles-ci, au fil des ans, se sont converties en une école parallèle payante avec la bénédiction du gouvernement – les écoles publiques y sont mises à contribution – qui, pourtant, ne rate aucune occasion de faire les éloges de la « gratuité » de notre système éducatif.
Or, force est de constater que même si les collèges nationaux seront convertis en académies l’année prochaine (et donc accessibles uniquement aux élèves après la Grade 9), les collèges régionaux, eux, demeureraient toujours très inégaux. Et dans les quatre zones éducatives, la compétition pour l’admission à ces collèges, qui seraient encore qualifiés de « bons » et de « mauvais », serait tout aussi aiguë qu’elle ne l’est actuellement. C’est pourquoi la mesure fondamentale préliminaire visant à garantir le succès de la réforme serait d’abord de ramener, autant que faire se peut, les différents niveaux des collèges à un standard acceptable.
Dans ce contexte, une restructuration en profondeur des établissements secondaires privés en vue de leur centralisation constituerait la solution la plus convenable. Pourtant, avec la construction des dizaines de collèges par l’État après le changement de régime en septembre 2000, bon ordre aurait déjà dû être mis au sein de ces collèges, financés par le gouvernement à travers la Private Secondary Schools Association (PSSA), mais dont l’administration et le recrutement du personnel sont laissés au bon vouloir des managers. Une telle situation laisse le champ libre aux abus de toutes sortes se répercutant sur le processus éducatif et finalement sur les élèves. Or, manifestement, en introduisant d’abord la réforme, la ministre ne fait que mettre la charrue avant les boeufs.
Par ailleurs, en parlant de réforme éducative, comment peut-on passer sous silence le problème de l’indiscipline, qui est devenu un fléau hautement préoccupant dans le milieu scolaire ? Il est malheureux de constater que devant le laxisme, pour ne pas dire la négligence voire la démission pure et simple des autorités concernées – responsables éducatifs à différents niveaux, parents, mais surtout les forces de l’ordre –, la situation n’a fait qu’empirer ces dernières années – langage ordurier des élèves (garçons comme filles), comportements immoraux dans les lieux publics, actes obscènes dans les autobus, consommation d’alcool et d’autres produits illicites, pagaille sur les gares routières et vagabondage dans les shopping centres après les heures de classes ...
Certes, s’il ne s’agit pas de mettre toute la classe estudiantine dans le même panier. Le nombre d’élèves concernés par cette attitude de dévergondage est suffisant pour jeter l’opprobre sur la jeunesse dans son ensemble. Il est temps d’attraper le taureau par les cornes et de mettre un terme à cette dérive estudiantine, l’une des causes principales d’ailleurs de l’échec scolaire, mais aussi de la dégradation sociale dans le pays.
Certes, le gouvernement a promis d’introduire, dès cette année, un National Student Behaviour Policy, mais que peut-on réellement attendre d’une jeunesse constamment exposée à la violence et à l’obscénité sous toutes leurs formes, dans les médias – internet, télévision, entre autres ? N’est-ce pas à ce niveau que doit d’abord débuter tout projet d’assainissement social ?
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