Interview

Kreepalloo Sunghoon, de la Small Planters Association : «Les pertes liées à Carlos pourraient atteindre Rs 160 millions»

Le secrétaire de la Small Planters Association affirme que selon les premières évaluations, près de la moitié de notre production de légumes a été affectée par la tempête tropicale.

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Avez-vous déjà fait une évaluation des dégâts dans le secteur agricole après le passage du cyclone Carlos ?
Plusieurs plantations, notamment dans le Sud du pays et se trouvant dans des endroits humides, ont été affectées par des accumulations d’eau. D’après une première évaluation, près de la moitié de notre production de légumes a été affectée. Des planteurs de pommes d’amour ont même complètement perdu leur production.

De plus, les eaux ont complètement emporté les fertilisants dans certaines plantations et les planteurs doivent de nouveau les fertiliser, sans compter le prix de la main-d’œuvre. Pis encore, on n’écarte pas la possibilité que l’eau ait transporté des maladies d’un champ à l’autre. Si cela s’avère, cela pourrait être catastrophique pour les plantations.

À combien estimez-vous les dégâts ?
Nous n’avons pas encore toutes les données. Mais d’après un premier constat, près de 2 500 arpents ont été affectés et les dégâts pourraient avoisiner les  Rs 160 millions.

Une augmentation des prix des légumes est donc inévitable ?
On prévoit une hausse d’au moins 20 % de certains légumes, notamment la pomme d’amour.

Quelles sont les plus grandes faiblesses des planteurs à Maurice, selon vous ?
Le manque d’information en premier lieu. Je trouve qu’il est temps que les planteurs évoluent dans un cadre scientifique avec toutes les données mises à leur disposition. Par exemple, quand produire tel ou tel légume, le nombre d’arpents à exploiter pour satisfaire nos besoins, les risques de maladies et les précautions à prendre. Malheureusement, il nous manque cette visibilité et j’espère que les autorités concernées vont réagir.

Nous avons aussi un problème de disponibilité des terrains pour la plantation. À ce jour, 20 000 arpents de canne à sucre ont été abandonnés et ces terres n’ont pas été mises à la disposition des planteurs de légumes, malgré les doléances de ces derniers. D’où mon appel incessant pour la mise en place d’une Land Bank pour faciliter l’accès aux terres agricoles aux planteurs qui en font la demande.

Toujours est-il que chaque année, les planteurs font toujours face à la sécheresse. Comme vous le constatez, les années passent et se ressemblent. Savez-vous que des planteurs sont contraints d’acheter un baril d’eau à Rs 40 pour l’irrigation ? Imaginez maintenant combien ils doivent en acheter pour l’arrosage de leurs légumes avec deux arrosoirs à la main. Il est temps que les autorités construisent des barrages pour capter l’eau des rivières pour l’irrigation, entre autres. Il faut aussi amender les Water Rights.

Qu’en est-il de la canne à sucre ?
Je peux vous dire que les pluies ont été bénéfiques pour le Nord mais, selon mes renseignements, l’eau s’est accumulée dans des champs dans certaines régions du Sud du pays. Les racines des plantes pourraient être affectées si la situation persiste. De plus, les planteurs devront fertiliser de nouveau leurs champs, ce qui représente une dépense additionnelle.

À combien estimez-vous la production sucrière cette année ?
À mon avis, je pense qu’elle tournera autour de 385 000 tonnes au lieu de 400 000 comme les années précédentes.

 

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