L’EDB entame un changement de stratégie de marketing. Elle mise davantage sur la qualité et non sur le nombre de missions. Ces dernières restent néanmoins d’actualité avec une soixantaine prévues à l’agenda, confie Ken Poonoosamy.
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L’Economic Development Board (EDB) a réalisé son premier grand chantier avec la création d’une «e-licensing platform» afin de faciliter davantage les affaires et ainsi remonter au classement de la Banque mondiale. Comment se passe la fusion vers l’EDB ?
La plateforme du e-licensing, placée sous l’égide du Economic Development Board (EDB), a pour objectif d’attirer les investisseurs. Ceux-ci disposent maintenant d’un point d’entrée unique pour soumettre leurs demandes de licence, de permis ou d’autorisations diverses pour démarrer une entreprise. C’est un mécanisme qui lève les contraintes liées aux lourdeurs administratives. La création de l’EDB s’est faite dans une logique de performance. Il fallait rendre plus efficaces les efforts de promotion de l’investissement en vue de booster l’exportation.
La participation à des missions de prospection se fait maintenant dans un cadre bien défini, ce qui suscite des retombées importantes en termes d’investissements, d’exportation, de visibilité et de valeur ajoutée aux secteurs en difficulté ou naissants.
Cette rationalisation réduira le nombre de déplacements à l’étranger. Nous encourageons des missions plus ciblées. Nous avons d’ailleurs déjà approuvé presque soixante missions de prospection pour la prochaine année fiscale, dont la plupart avec des opérateurs privés.
Avec la nouvelle structure organisationnelle qui combine les fonctions de promotion à l’investissement et l’exportation à travers le «double hatting», nous allons assurer plus de coordination, de convergence d’actions de marketing et de synergie avec nos effectifs. Nous privilégions aussi deux nouvelles stratégies de promotion, notamment l’utilisation des TIC et la diplomatie économique. Notez aussi qu’à l’ère numérique, la prise de contact peut être tout autant efficace sans nécessiter un déplacement physique.
Citez-nous quelques exemples concrets de recours à la technologie ?
Dans le cas de l’industrie du cinéma, par exemple, nous avons eu un atelier de travail avec des investisseurs de Johannesbourg par vidéo-conférence. Cela nous a permis d’attirer des investissements, surtout dans le secteur de la production cinématographique, mais également celui des services tels que la location d’équipements spécialisés. De manière similaire, en collaboration avec la Mauritius Ports Authority, nous avons animé trois e-workshop par vidéo-conférence dans le domaine du bunkering, avec pour résultat une augmentation significative des exportations.
L’EDB a-t-il pu parvenir à rassembler de manière effective le personnel des différentes agences de promotion ?
La fusion des trois différentes agences de promotion a été réalisée de façon harmonieuse. Lors de cette transition, tous les éléments essentiels pour réussir la fusion de cette envergure – un nouvel organigramme, le redéploiement des effectifs, l’alignement et l’harmonisation des postes et des salaires, le développement d’une nouvelle identité visuelle et d’une nouvelle culture d’entreprise – avaient été considérés en concertation avec le personnel. Avec un effectif total de 176 personnes, l’EDB peut se réjouir que la fusion se soit faite dans les meilleures conditions possibles et avec le soutien de tout le personnel.
Notre stratégie de marketing s’appuie davantage sur la qualité que sur la quantité.»
Parlez-nous des missions de promotion qui ont été organisées et de leurs retombées ?
Depuis janvier 2018, les bureaux d’EDB à l’étranger ont participé à 13 événements de promotion du commerce et de l’investissement et a généré 27 missions internes à Maurice. L’EDB a été créé aussi dans le but d’éviter le gaspillage de fonds publics.
Grâce à cette nouvelle approche, l’EDB a, depuis janvier 2018 et jusqu’à présent, participé à 20 missions promotionnelles, dont des foires, des rencontres individuelles très ciblées, des forums d’affaires ou des parrainages dans des conférences internationales.
Nous avons également sponsorisé et participé au Sommet China Offshore à Shenzhen pour améliorer la visibilité de l’IFC de Maurice dans la juridiction chinoise avec les opérateurs du secteur privé. Des missions similaires ont été organisées pour le secteur des services financiers à Abu Dhabi, Dubaï et Qatar et pour le Freeport à La Réunion.
Certaines entreprises estiment, cependant, que Maurice souffre d’un manque de visibilité sur les marchés étrangers…
La tendance haussière des Investissements Directs Etrangers (IDE) témoigne clairement que Maurice est bien représenté sur la scène internationale et démontre le succès de notre stratégie de ciblage.
Ce «manque de visibilité» des secteurs économiques que vous citez pourrait n’être qu’une perception développée à la suite d’un changement de notre stratégie de marketing. Elle s’appuie maintenant davantage sur la qualité que sur la quantité. Cependant, les résultats sont bel et bien là.
Les entrées d’IDE ont atteint Rs 17,5 milliards en 2017, sans compter les bénéfices réinvestis, ce qui représente un record en termes absolus pour les entrées sur une seule année. En outre, les flux d’investissements se diversifient. La part de l’investissement immobilier représente aujourd’hui environ la moitié des entrées totales, contre près de 84% il y a deux ans. L’investissement privé total a augmenté de 7,6% l’année dernière.
Ceci dit, nous continuons d’organiser des missions de promotion d’investissements dans des marchés spécialisés. Par exemple, l’EDB a participé la semaine dernière à la 6ème édition du Forum Expat à Paris avec des opérateurs du privé.
Considéré comme un centre névralgique pour attirer les investissements et trouver les ouvertures sur de nouveaux marchés, voire consolider le positionnement de Maurice dans des marchés traditionnels, comment l’EDB mène-t-il campagne sur autant de fronts ?
L’EDB est appelé à devenir une institution incontournable dans l’écosystème économique de Maurice. Il s’engage sur plusieurs fronts à la fois, notamment la promotion, la planification économique et le ‘branding’ de la destination mauricienne.
L’institution agit aussi comme conseiller économique du gouvernement sur plusieurs dossiers, dont les propositions budgétaires et la législation ayant trait au monde des affaires. Nous investissons dans la mise en œuvre des outils de communication, des supports numériques et d’expertises pour affiner notre capacité à répondre aux attentes du pays.
La mise en opération d’un département de planification stratégique nous permet de cibler nos activités de promotions.
À quelle fréquence l’EDB rencontre-t-il les opérateurs des différents secteurs et comment les attentes de ces derniers sont-elles prises en considération ?
Comme guichet unique pour les investisseurs, nous rencontrons chaque jour des opérateurs pour faciliter la concrétisation de leurs projets et ainsi répondre à leurs besoins. De plus, l’EDB organise des ateliers de travail et des réunions de concertation sur une base régulière.
L’EDB travaille en étroite collaboration avec diverses associations comme l’OTAM, la MCCI, la MEXA et Business Mauritius, entre autres, afin de faciliter l’élaboration de stratégies sectorielles d’investissement, de développement et de promotion des exportations. D’ailleurs, lors d’un atelier de travail consultatif, organisé en mars dernier, nous avons réuni tous les principaux acteurs économiques, comprenant des intervenants du secteur privé, de hauts fonctionnaires, des représentants de la Banque mondiale et des experts spécialisés dans divers secteurs et surtout les associations afin d’identifier ensemble les axes prioritaires de l’EDB pour la réalisation de la vision économique du gouvernement. Ces diverses interactions nous permettent de bien maîtriser les besoins et attentes des opérateurs.
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