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Jugeant le "bilan trop élevé" à Gaza, Blinken rencontrera le président palestinien Abbas

Le bilan des victimes à Gaza est "bien trop élevé", estime le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken qui rencontre mercredi le président palestinien Mahmoud Abbas afin notamment d'aborder l'épineux dossier de l'après-guerre dans ce territoire ravagé par des frappes israéliennes.

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Mardi, M. Blinken s'est entretenu à Tel-Aviv avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour exhorter Israël à épargner les civils palestiniens dans sa guerre contre le Hamas à Gaza.

"Nous savons que faire face à un ennemi qui se cache parmi la population civile, se planque dans des écoles et des hôpitaux pour tirer, rend les choses incroyablement difficiles. Mais le prix payé chaque jour par les civils à Gaza, notamment les enfants, est bien trop élevé", a-t-il déclaré.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque inédite le 7 octobre du mouvement palestinien sur le sol israélien qui a fait environ 1 140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.

En représailles, Israël a juré de "détruire" le mouvement au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23.210 morts - en majorité des femmes, des adolescents et des enfants - selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Les hostilités sont entrées cette semaine dans leur quatrième mois alors que l'ONU tire la sonnette d'alarme sur les conditions de vie désastreuses de la population dans le territoire assiégé.

La "réforme" et "l'après" 

La bande de Gaza a besoin de recevoir "plus de nourriture, plus d'eau, plus de médicaments", a reconnu mardi M. Blinken en exhortant aussi Israël à "cesser de prendre des mesures qui sapent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes".

Peu avant le départ de M. Blinken pour cette tournée au Moyen-Orient, sa quatrième depuis le début de la guerre, le ministre israélien de la Défense avait dévoilé son premier plan pour "l'après"-guerre à Gaza.

Ce plan Gallant prévoit une gouvernance locale qui ne soit "ni le Hamas", "ni une administration civile israélienne", mais dirigée par des Palestiniens qui ne sont "pas hostiles" à Israël.

Des ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu plaident pour une recolonisation de Gaza, tandis que Washington souhaite, selon de nombreux analystes, revoir sur place l'Autorité palestinienne (AP) mais reformée.

En 2007, l'AP avait perdu le contrôle de Gaza au profit du Hamas pour n'exercer son pouvoir, limité, qu'en Cisjordanie, territoire occupé par Israël.

"L'Autorité palestinienne a la responsabilité de se réformer, d'améliorer sa gouvernance. Ce sont là des enjeux que je vais aborder avec le président Abbas lorsque nous nous rencontrerons demain (mercredi)", a déclaré M. Blinken.

Mahmoud Abbas, élu pour la dernière et seule fois en 2005, doit rencontrer mercredi en Jordanie le roi Abdallah II et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour discuter d'un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza et de la livraison ininterrompue d'aide humanitaire selon Amman.

"Tout est perdu" 

Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Gaza, où 85% de la population a été déplacée et où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a d'ailleurs déclaré mardi voir sa capacité à venir en aide aux habitants de Gaza se "réduire", parlant de "catastrophe humanitaire".

"A cause du manque d'eau, nous ne nous douchons qu'une fois par mois, nous souffrons psychologiquement et les maladies se sont répandues partout", témoigne auprès de l'AFP Ibrahim Saadat, un Palestinien déplacé par la guerre.

"Ce n'est pas 100 jours, mais on a l'impression que cela fait 100 ans", déplore à ses côtés Abdulaziz, un autre déplacé rencontré à Rafah, à la pointe sud du territoire où des centaines de milliers de personnes ont trouvé refuge.

"Nous avons perdu tous nos rêves, nous - en tant que jeunes femmes - nous rêvions d'avoir un travail, d'étudier. Les enfants peuvent perdre des années de leur vie en vivant ici. Certains allaient à l'école, d'autres à la maternelle, tout cela n'a servi à rien, tout est perdu", souffle Hadeel Shehata, une Gazouie de 23 ans également déplacée dans le sud du territoire.

Après avoir bombardé massivement le nord du territoire au début, Israël frappe désormais surtout le centre et le sud de la bande de Gaza, théâtre encore dans la nuit de frappes.

Israël a accepté le principe d'une "mission d'évaluation" de l'ONU sur la situation dans le nord de Gaza en vue d'un retour des déplacés, a souligné mardi M. Blinken.

"Approche régionale" 

Le Hezbollah libanais a affirmé avoir ciblé mardi une base militaire dans le nord d'Israël, en représailles à l'élimination ces derniers jours d'un haut responsable militaire du mouvement, Wissam Tawil, et du numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri.

Des centaines de membres du Hezbollah ont participé mardi aux funérailles de Wissam Tawil dans son village de Kherbet Selm, où il a été tué dans une frappe israélienne sur sa voiture, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël.

Il s'agit du plus haut responsable militaire du Hezbollah tué depuis que le mouvement pro-iranien a débuté, le 8 octobre, ses tirs contre Israël pour soutenir le Hamas, faisant craindre une régionalisation du conflit entre Israël et le Hamas que le chef de la diplomatie américaine tente de juguler.

M. Blinken a dit mardi avoir discuté au cours de sa tournée avec plusieurs dirigeants de la région prêts à œuvrer pour une fin du "cycle de la violence" et à assurer la "sécurité d'Israël". "Mais ils ont tous souligné que cela ne pourra passer que par une approche régionale comprenant un chemin vers un Etat palestinien".

© Agence France-Presse

 

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