La journée mondiale des villes est observée le 31 octobre chaque année. Selon les Nations Unies, les villes mieux administrées apportent une meilleure qualité de vie. Le sous-thème cette année est « Bâtir des villes durables et résilientes ». À Maurice, deux facteurs récents rejoignent ces objectifs : le lancement du projet E-Licensing pour révolutionner l’administration et le durcissement des lois pour sévir contre la construction illégale.
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La journée mondiale des villes sera observée aujourd’hui mercredi 31 octobre 2018 à travers le monde. À Maurice, les collectivités locales vont marquer cette journée à travers diverses activités. Alors que le thème général de cette journée est « Une meilleure ville, une meilleure vie », le sous-thème choisi cette année est « Bâtir des villes durables et résilientes ». Selon les chiffres des Nations Unies, près de quatre milliards de personnes (54 % de la population mondiale) vivent dans les villes et ce chiffre passera à environ cinq milliards d'ici 2030. À Maurice, la population urbaine est estimée à 514 260 personnes, soit environ 40 % de la population.
Ces dernières années, il y a eu une baisse dans la population urbaine, en raison de la migration des gens vers le milieu rural ou le littoral, mais il y a aussi eu l’extension des frontières urbaines, amenant des régions rurales sous l’administration urbaine, renversant ainsi la tendance.
À Maurice, deux facteurs importants vont contribuer à une meilleure administration et un meilleur aménagement du territoire. D’abord, il y a l’entrée en vigueur du projet de National E-Licensing, financé par l’Union Européenne à hauteur de Rs 420 million, ensuite, les récents règlements pour sévir contre la construction illégale.
Éradiquer la bureaucratie
Le projet de National E-Licensing comprend la réorganisation de la gestion des demandes de permis et le traitement de dossiers. Une fois le projet complété, tout citoyen pourra faire toute demande de permis en ligne. La délivrance des ‘e-permits’ sera aussi une réalité. Déjà, au niveau des collectivités locales, les demandes de Building and Land Use Permit se font en ligne et les autorités sont tenues de déterminer une demande en 14 jours. Avec la révolution administrative, les villes seront appelées à être mieux gérées, au grand bénéfice des citadins. Les Conseils de District sont aussi concernés. Pour rappel, les doléances du public sont déjà recueillies à travers le système de Citizens’ Support Unit, avec une plateforme en ligne. Bientôt, ce sera au tour du ‘National Payment Systems’ d’entrer en vigueur pour faciliter les paiements en ligne, surtout les frais des permis, etc.
Éliminer la construction illégale
L’aménagement du territoire a pris un sale coup depuis assez longtemps, avec la construction illégale qui défigure nos villes et villages. Il y a deux types de construction illégale : construire sans obtenir les permis nécessaires et construire avec les permis, mais sans respecter les règlements et conditions. La loi a été renforcée pour sévir contre le non-respect des règlements de construction, avec des fortes amendes pour décourager toute entorse à l’urbanisme. L’objectif est d’éliminer le développement sauvage, surtout l’empiètement sur les drains. En parallèle, il y a en ce moment un rehaussement infrastructurel, surtout le ré-asphaltage des routes et la construction de drains dans la capitale.
La qualité de vie affectée
Malgré plusieurs lois en vigueur pour contrer les atteintes à l’environnement, l’affichage sauvage continue de plus belle. L’ONG Clean Up Mauritius a tiré la sonnette d’alarme sur sa page facebook : abribus, transformateur du CEB, bâtiments privés, boîtiers de Mauritius Telecom, façades des boutiques, jardins d’enfants, rien n’est épargné. Ce sont plutôt les partis politiques qui s’adonnent le plus à cette pratique qui défigure l’environnement visuel des villes. Selon l’ONG, les autorités et la police ne réagissent pas malgré les plaintes. Ces ‘eye sore’ affectent le quotidien des citoyens et l’impunité encourage les autres à faire de même.
Population urbaine et rurale en 2017
Urbain/Rural | Hommes | Femmes | Total |
---|---|---|---|
République de Maurice Total | 625 727 | 638 886 | 1 264 613 |
Population urbaine | 252 269 | 261 991 | 514 260 |
#NAME? | 73 849 | 73 977 | 147 826 |
#NAME? | 51 698 | 52 551 | 104 249 |
#NAME? | 37 773 | 39 585 | 77 358 |
#NAME? | 51 219 | 54 872 | 106 091 |
#NAME? | 37 730 | 41 006 | 78 736 |
Population rurale | 352 630 | 355 327 | 707 957 |
Rodrigues | 20 947 | 21 691 | 42 638 |
Vikram Jeetah : « Il faut mieux sensibiliser »
Vikram Jeetah, un professionnel du secteur de la construction, accueille favorablement les nouveaux règlements pour combattre la construction illégale. Il est d’avis que beaucoup de Mauriciens ignorent les règlements concernant la construction et ils sont nombreux à ne pas retenir les services d’un professionnel pour les conseiller sur leurs projets de construction de maisons. « Parfois, même le contracteur lui-même ignore la loi », déplore Vikram Jeetah. Il pense que le durcissement de la loi ne suffit pas, mais qu’il faut aussi des vastes campagnes d’éducation et de sensibilisation pour mieux faire comprendre la notion de construction illégale auprès du public.
« Nous dépensons beaucoup sur l’administration et la répression, mais pas assez sur la sensibilisation. Il faut développer cette culture de toujours avoir recours aux professionnels pour avoir les bons résultats », conseille Vikram Jeetah.
Bashir Nazeer : « La municipalité n’a plus de vocation sociale »
Bashir Nazeer, ancien conseiller municipal de Port-Louis, se dit concerné par une insatisfaction généralisée des citadins, principalement à Port-Louis, par rapport à l’administration des villes. Il déplore le manque d’activités organisées à l’intention des jeunes qui, ainsi, deviennent la proie des fléaux sociaux comme les drogues synthétiques.
« À part l’administration, le ramassage d’ordures et l’éclairage des routes, le conseil municipal a aussi pour vocation de rehausser le bien-être des citadins à travers des activités sociales, culturelles et autres. Mais c’est dommage que la municipalité rejette beaucoup de demandes des associations des jeunes et autres, arguant qu’elle n’a pas de fonds », dit Bashir Nazeer. En tant qu’ancien conseiller municipal, il note aussi un déficit de communication entre le ministère des Administrations régionales et les collectivités locales. « Il y a une léthargie sans précédent », observe-t-il. Il reconnaît, cependant que les municipalités ont des contraintes financières et il pense que le gouvernement doit augmenter le budget municipal. Pour une meilleure administration, afin d’améliorer la qualité de vie des citadins, il propose la création d’une police municipale pour la capitale et pense que les revenus des 'parkings' payants dans la capitale doivent renflouer les caisses municipales. Finalement, il déplore la lenteur de la réparation par phase du Théâtre de Port Louis, alors que des dizaines de millions de roupies sont allouées à la rénovation du Plaza.
Vikram Hurdoyal : « Donnez-nous les mêmes facilités »
Vikram Hurdoyal, qui a été élu deux fois comme président du Conseil de District de Flacq, explique que la principale contrainte du conseil est le manque de fonds pour pouvoir répondre à toutes les attentes des habitants. « Les revenus ne suffisent pas pour entretenir les infrastructures, offrir de nouveaux services et satisfaire les habitants », dit le président, qui pense que les municipalités sont mieux loties, contrairement aux Conseils de District.
« Les municipalités génèrent des revenus additionnels à travers la taxe municipale, alors que les Conseils de District dépendent beaucoup sur le ‘grant-in-aid’ du gouvernement, mais c’est insuffisant. Nous avons aussi un manque de main-d’œuvre, alors que les municipalités sont comparativement mieux équipées en termes de ressources humaines », constate-t-il. Un Conseil de District couvre plusieurs villages et les coûts d’administration et d’entretien sont énormes.
« Nous offrons plusieurs services, afin de réduire les disparités entre villages, que ce soit l’éclairage des terrains de jeux, l’organisation des cours de yoga, le self-defence ou l’aménagement de centres récréatifs. » Même le quartier général du conseil manque d’espace pour loger tous les employés.
Les collectivités locales
Le pays compte cinq conseils municipaux et sept Conseils de District. À noter que trois Conseils de District, à savoir Pamplemousses/Rivière-du-Rempart, Moka/Flacq et Grand-Port/Savanne ont été scindés en deux pour améliorer l’administration rurale. La taxe municipale n’est pour l’instant applicable que dans les villes, l’administration rurale en étant toujours exemptée.
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