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Journée mondiale de la voix : se taire pour se faire entendre

Céline Dion En août 2014, Céline Dion a dû annuler cinq de ses concerts prévus à Las Vegas en raison d’une inflammation des cordes vocales. En 2011, elle est sortie aphone d’un concert. « Je m’étais mal entraînée, j’avais trop parlé et chanté », avait alors déclaré l

Outil professionnel de l’enseignant, du chanteur ou encore du journaliste, la voix est précieuse.

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Mais bien souvent, on  ne fait pas attention à elle. Parfois, on la malmène. La Journée mondiale de la voix, célébrée le 16 avril, est une occasion de découvrir comment la préserver.

L’enrouement, la voix cassée jusqu’à l’extinction de voix sont des motifs fréquents pour une consultation oto-rhino-laryngologiste (ORL).

Le Dr Mukhesh Sooknundun.

« Ces troubles vocaux, avec ou sans douleur, touchent surtout les professionnels de la voix, tels enseignants, chanteurs, animateurs, journalistes, avocats et marchands ambulants », constate le Dr Mukhesh Sooknundun, ORL et directeur de la Clinique du Nord.

La cause la plus courante reste le forçage vocal : une sollicitation trop forte de la voix qui entraîne des lésions bénignes des cordes vocales, selon le spécialiste. « Mais il existe beaucoup d’autres raisons à une extinction de voix : un rhume, une inflammation du larynx ou une infection virale du pharynx ou des amygdales. L’aphonie peut aussi être engendrée par la présence de polypes ou nodules sur les cordes vocales, une allergie, le tabagisme ou un traumatisme chirurgical. »

Rééducation vocale nécessaire

Toutefois, si les symptômes persistent plus d’une semaine, il est important de consulter un spécialiste. « Le traitement dépend évidemment de la cause. Pour l’aphonie liée à un forçage vocal, le repos vocal sera obligatoire. Pour une extinction de voix d’origine inflammatoire ou infectieuse, la prescription d’anti-inflammatoires locaux et généraux est quasi incontournable, ainsi que la suppression des facteurs irritants, comme le tabac. Une microchirurgie peut aussi s’avérer nécessaire pour enlever les polypes ou nodules sur les cordes vocales. À la suite de quoi, une rééducation vocale, soit une thérapie de la voix, est fortement recommandée », précise le médecin. 

Les enseignants les plus exposés aux troubles vocaux

Stéphanie : « C’est frustrant et démoralisant de ne pas pouvoir parler »


Parler toute la journée, s’égosiller pour se faire entendre au milieu d’enfants survoltés, cela fatigue forcément et c’est surtout la voix qui en prend un coup. D’ailleurs, les enseignants sont plus touchés que la population générale par les troubles de la voix, selon les spécialistes. Stéphanie, enseignante au primaire depuis plus de 15 ans, en a fait  les frais. « Après quelques années dans l’enseignement, j’ai commencé à avoir fréquemment des problèmes de voix. J’avais souvent la gorge irritée et la voix enrouée. Je n’y ai pas prêté attention jusqu’à ce qu’un beau matin je me réveille sans voix ! Et là c’était la panique. »

Stéphanie s’est alors tournée vers un ORL qui a examiné ses cordes vocales avant de lui recommander une thérapie. « Pour une enseignante, comme pour toute autre personne, je pense que c’est frustrant et démoralisant de ne pas pouvoir parler. » Comble de l’ironie, se taire serait le meilleur remède aux troubles de la voix. L’enseignante n’a pas cessé de se l’entendre dire, tout au long de ses six séances de thérapie.

« Ce problème m’a valu plusieurs semaines d’arrêt de travail. Mais combien bénéfique en fait. Parce que plus on n’a pas de voix, plus on a tendance à forcer pour se faire entendre. Et plus on fait pression sur ses cordes vocales, plus elles se resserrent et ne laissent pas sortir la voix. Certes, j’ai appris à mieux gérer l’utilisation de ma voix et à m’imposer des moments de silence pendant la journée, mais les mauvaises habitudes prennent souvent le dessus », avoue l’enseignante.

Veronique Zuël-Bungaroo : « Tout est une question de maintien de son corps »


Célèbre chanteuse d’opéra originaire de Maurice, Véronique Zuël-Bungaroo porte une attention particulière à ses cordes vocales, l’organe de la voix. Celles-là mêmes qui nous permettent de parler, murmurer, chanter, crier, fredonner. Pour cette chanteuse professionnelle, il y va de sa carrière et de son gagne-pain. Ainsi, très jeune, elle a développé tout un rituel quotidien pour ménager son principal outil de travail.

« Par exemple, le matin, j’évite de répondre au téléphone. Un exercice qui nécessite de parler beaucoup et vite. D’ailleurs, je limite, de manière générale, les conversations téléphoniques, tout au long de la journée. Au réveil, je me donne du temps pour quelques exercices de respiration et je bois beaucoup d’eau pour humidifier mes cordes vocales. Autrement, surtout au lendemain d’une représentation, j’ai la voix rauque et je dois forcer pour parler. Ce qui n’est pas du tout recommandé. Et avant toute représentation, je suis très avare de ma voix : j’écris au lieu de parler », explique Véronique Zuël-Bungaroo.

Sans en faire une « maladie », la célèbre chanteuse d’opéra fait en permanence attention à ses cordes vocales et adopte ce qu’elle considère être les bonnes attitudes. « Pour moi, tout est une question de maintien de son corps. Je fais donc régulièrement du sport ainsi que des exercices d’étirement au quotidien.

Il est aussi très important de reprendre son souffle et de toujours prendre le temps de respirer, tant pour parler que pour chanter. J’évite bien évidemment de crier ou d’interpeller quelqu’un à haute voix, d’autant que les intonations du créole nous contraignent à faire pression sur nos cordes vocales. Comme on est sous les tropiques et que le temps est changeant, je veille à ce que j’aie toujours un petit foulard dans mon sac. Il est très important aussi de bien dormir. »

10 bons gestes pour ménager et entretenir sa voix

Allant de simples dysphonies (difficultés à parler et à émettre des sons, voix enrouée) à une extinction totale (aphonie), les troubles vocaux résultent d’un malmenage ou d’un surmenage de la voix. Pour les prévenir, il suffit parfois de quelques gestes simples. En voici quelques pistes :

  • Contrôler son stress peut éviter de s’emporter et donc de hausser inutilement le ton.
  • Utiliser la respiration abdominale permet de moins solliciter le circuit respiratoire et de ménager les cordes vocales.
  • Prendre le temps de respirer et penser à avoir une respiration nasale.
  • Boire de l’eau ou avaler sa salive régulièrement : cela permet d’éviter de se racler la gorge ou d’avoir des petits toussotements, qui sont irritants pour les cordes vocales.
  • Se tenir droit : toujours adopter une bonne posture, afin d’obtenir un bon geste vocal.
  • Éviter la consommation d’alcool, de tabac et de café.
  • Humidifier l’air : cela permet de pallier les inconvénients de l’air sec et chaud procurés par le chauffage.
  • Éviter de crier à tort et à travers. Non seulement cela n’est pas forcément le meilleur moyen de se faire entendre, mais surtout parce qu’il fatigue énormément la voix.
  • Diminuer si possible le niveau de pollution sonore de l’environnement quotidien. Si le niveau de bruit dans une pièce est élevé, hausser la voix pour parler est un réflexe naturel, difficile à éliminer.
  • Enfin bien dormir : la voix étant tributaire de la santé en général, la fatigue a un effet sur les muscles vocaux.
 

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