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Journée mondiale de la jeunesse : Des jeunes cadres mettent en avant leurs attentes

Concrètement, comment peut se traduire la nouvelle normalité sur le plan économique ? Comment favoriser la relance, alors que la pandémie de Covid-19 domine le monde depuis presque deux ans ? À l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse, célébrée le 12 août, nous avons donné la parole aux jeunes cadres.

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Jeevesh AugnooJeevesh Augnoo, Lecturer et Coach, 35 ans : « Un ‘brain drain’ pas à écarter »

Le gouvernement, souligne-t-il, a pris une pléiade de mesures, tant au niveau économique que social, pour favoriser la relance, dans le sillage de l’impact de la Covid-19. « La question au niveau de l’impact de ces initiatives reste pertinente. » 

Jeevesh Augnoo cite notamment les mesures prises pour favoriser l’investissement étranger. « Ceux ayant la possibilité d’investir à Maurice ont plus de flexibilité maintenant pour franchir le pas, avec de nombreux projets immobiliers en chantier en ce moment, qui semblent être hors de portée des jeunes professionnels mauriciens. » 

Ce qui lui fait dire que « la question à se poser est de savoir si l’impact positif d’une telle mesure se fera sentir au niveau de la population ». 

Le chargé de cours s’inquiète aussi d’un éventuel brain drain. « La possibilité de travailler à distance et la réouverture des frontières d’autres pays pourraient nous mener vers un brain drain. De plus en plus de jeunes Mauriciens se tournent vers des destinations comme l’Australie et le Canada, qui offrent des programmes d’émigration attirants, surtout pour ceux ayant le savoir-faire. » 


Yovan Umrit

Yovan Umrit, Software Engineer, 25 ans : « Il faut réfléchir différemment »

Sa principale préoccupation porte sur l’emploi. « Il est temps d’avoir l’espace pour un dialogue entre les attentes des employeurs et celles des jeunes », estime Yovan Umrit. 

Il évoque aussi une responsabilisation envers l’environnement. « Le changement climatique est réel et c’est l’un de nos principaux devoirs de protéger notre terre. » 

Pour le jeune homme, si la relance économique reste une priorité, « il est temps de think out of the box et de changer le modèle économique. Nous devons penser à une réorganisation et une nouvelle orientation, qui permettront au pays de sortir la tête hors de l’eau ».


Saazia DowlutSaazia Dowlut, HR and Legal Consultant, 30 ans : « De nombreux jeunes ne trouvent pas d’emploi »

« En tant que jeune cadre des ressources humaines, je suis plus ou moins préoccupée par le secteur de l’emploi. » De nombreux jeunes peinent à trouver du travail, souligne Saazia Dowlut. D’ailleurs, observe-t-elle, « le taux de chômage est croissant et la population est contrainte de revoir son mode de vie ».

Elle craint que si « les entreprises ne se rééquilibrent pas d’ici un ou deux ans, en pensant à leurs employés ou à la future génération, nous nous retrouverons dans une impasse où on prônera l’exploitation ». Saazia Dowlut estime que les entreprises auront besoin du soutien du gouvernement pour repenser, entre autres, les conditions de travail.

Autre facteur de préoccupation : la dette publique grandissante, qui risque d’avoir un impact irrémédiable sur le pouvoir d’achat, prévient la jeune professionnelle. « Nous devons prendre tout cela en compte. » 


Adrien FineAdrien Fine, Junior Architect, 24 ans : « Diversifier nos sources de revenus »

« La pandémie de Covid-19 nous a tous pris de court, au point de créer une nouvelle normalité au bout de deux ans. » Aujourd’hui plus que jamais, insiste-t-il, le gouvernement doit diversifier ses sources de revenus et ne plus être dépendant financièrement d’un secteur spécifique. « Une alternative au secteur touristique est devenue primordiale », dit-il. Cela, souligne-t-il, favoriserait une relance, tout en stimulant la création d’emploi. 

Adrien Fine suggère aussi d’impliquer la population dans le processus de relance économique. Pourquoi pas par le biais d’une compétition « où des personnes auront la possibilité de proposer une idée novatrice, car seul, on avance vite, mais ensemble, on avance loin ».


Belal JhoomunBelal Jhoomun, ingénieur, 38 ans : « Un retour vers une économie primaire »

« Le pays va très mal en ce moment. Cela va continuer ainsi pendant les deux prochaines décennies, si rien n’est fait. » Belal Jhoomun fait remarquer que Maurice ne produit plus comme avant. « La diversification vers une économie tertiaire a fait qu’aujourd’hui tout reste stagnant. »

Selon l’ingénieur, « nous devons retourner vers une économie primaire ». Ce qui, dit-il, va favoriser la création de richesse. « La richesse produite va engendrer la diminution du chômage par le biais de la création d’emploi et l’innovation. »

Il a toutefois peu foi qu’un tel changement de paradigme se produise. « Le politicien mauricien n’a aucun intérêt à changer les choses. Il ne regarde qu’à court terme. Il faut de la volonté politique. » 

Belal Jhoomun s’appesantit notamment sur l’économie bleue. « Maurice n’exploite pas sa richesse marine. Malheureusement les ministres de l’Économie bleue que Maurice a connus n’y comprennent rien. Il faut envoyer des Mauriciens pour des formations dans le domaine avec une obligation de revenir servir le pays. »


Tahir WahabTahir Wahab, banquier et expert-comptable, 37 ans : « Se tourner vers les technologies nouvelles »

« Quand on parle des préoccupations pour le pays, on ne peut occulter le fait que les décideurs politiques ont un rôle primordial à jouer aujourd’hui et leurs actions et décisions peuvent avoir un long-lasting effet », fait valoir d’emblée Tahir Wahab. À ce propos, précise-t-il, « il est indispensable que l’ensemble des décideurs politiques soient dignes de confiance, travaillent dans l’intérêt public, donnent le bon exemple, respectent l’éthique et démontrent un comportement exemplaire dans la gestion des affaires publiques, en toute transparence ». 

Il rappelle que la taxation est l’un des moyens à la disposition du gouvernement pour mener des projets et favoriser le développement. « Le récent changement du système de pension, passant du NPS à la CSG, est dangereux et fait peur. » Car pour Tahir Wahab, la CSG n’est rien d’autre qu’une taxe. Et cela, prévient-il, risquera de peser très lourd sur les jeunes qui devront contribuer encore plus aux caisses de l’État à l’avenir. « Toute cette panoplie de taxes sur les particuliers et les entreprises va avoir un impact très conséquent sur la sécurité d’emploi pour les jeunes et la création d’emploi. »

L’expert déplore, dans la foulée, le fait qu’il n’y a pas assez d’accent sur les technologies nouvelles pour développer et créer des perspectives d’emploi. Et tandis que le taux de chômage augmente, des jeunes finissent par se tourner vers des fléaux tels que la drogue, qui fait des ravages dans la société, alors qu’ils seront appelés à prendre plus de responsabilités à l’avenir. « Ce qui entraîne une criminalité grandissante au sein de la société et n’améliore guère la qualité de vie. »


Abhishek RamfulAbhishek Ramful, Assistant HR Manager, 30 ans : « Des mesures concrètes attendues »

« Notre économie a beaucoup souffert de l’impact de la Covid-19. De ce fait, le gouvernement doit proposer des mesures concrètes. » Lesquelles ? Premièrement, répond Abhishek Ramful, soutenir et financer les PME à hauteur de Rs 500 000, sans oublier le suivi. 

« Deuxièmement, réduire les dépenses publiques inutiles, comme préconisé dans le rapport de l’Audit. Troisièmement, lutter contre la corruption et instaurer une image propice pour motiver les investisseurs étrangers à venir à Maurice. » Au dire du jeune homme, cela devrait être l’une des priorités gouvernementales. 

En sus, « en tant qu’Assistant HR Manager d’une firme de marketing (Agilius Global), je suis conscient que le taux de chômage est grandissant dans le pays ». Il propose que davantage de Graduate Schemes soient développés. Cela, afin de donner « davantage de compétences à nos jeunes Mauriciens dans le milieu professionnel ».


Bhavish JugurnathBhavish Jugurnath, expert en Fintech, 40 ans : « La situation est inquiétante »

« Économiquement, la situation est inquiétante. En tant que professionnel, voir une décroissance est préoccupant », soutient le docteur en économie, Chartered Accountant et expert en Fintech. 

Si le tableau est sombre, tout n’est pas perdu. Il y a des technologies émergentes que Maurice pourrait utiliser pour sortir de cette crise, fait valoir le Dr Bhavish Jugurnauth : « Les coûts opérationnels des compagnies ont augmenté. Elles peuvent investir dans de nouvelles technologies, qui restent un moyen soutenable pour réduire les coûts. » Et cela, malgré l’investissement initial. 

« En tant que jeune cadre, je réfléchis avec d’autres professionnels sur des pistes à exploiter pour booster les entreprises. Nous allons diffuser des vidéos sur YouTube. J’espère pouvoir aider mon pays à sortir de cette crise économique. » 

 


Salmaan GafoorSalmaan Gafoor, chef, 24 ans : « Un ras-le-bol généralisé »

« J’ai peur pour mon pays. Fraude, corruptions, nominations scandaleuses, skandal lor skandal…

Aujourd’hui, il y a un sentiment de ras-le-bol généralisé parmi la population », soutient le jeune homme.

Sa principale préoc-cupation ? « Comment sauver le pays », répond-il. Salmaan Gafoor soutient que l’avenir des Mauriciens doit être prioritaire. « Il faut mettre de côté les ego et les ambitions personnelles, et être à l’écoute de la population. » Il plaide notamment pour un renouveau de la classe politique. « Il nous faut éradiquer les fléaux comme la drogue et la corruption, tout en remettant l’économie sur les rails. »


Ameerah BhatooAmeerah Bhatoo, Agronome, 22 ans : « Produire ce qu’on mange localement »

« En tant qu’agronome, ma préoccupation principale reste l’autosuffisance alimentaire pour mon pays. » Pour Ameerah Bhatoo, il est « primordial qu’on produise ce qu’on mange localement ». Surtout au vu de la facture d’importation, qui est appelée à croître davantage en raison de la hausse du fret et du dollar. « Grâce à mon travail, j’aide dans la production de produits locaux tels que pomme de terre, oignon, carotte, pistache, giraumon, canne à sucre et autres. »

Mais l’agronome met en garde : « Quand on dit produire à tout prix, ça ne veut pas dire au coût de l’environnement. Il faut s’engager dans l’agriculture raisonnée. Si on produit en contribuant au réchauffement climatique, cela sera un cercle vicieux et la situation déjà alarmante va empirer. » 

 

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