L'Afrique du Sud se prépare à une journée de grève générale et de manifestations lundi à l'appel d'un parti d'extrême gauche, faisant craindre aux autorités une réédition des émeutes meurtrières de 2021 dans un pays touché par une grave crise économique.
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Dimanche, les autorités ont annoncé une forte présence policière en prévision de cette journée, pour éviter "toute forme d'anarchie ou de violence".
"Le président a ordonné aux forces de l'ordre de faire en sorte que nous n'assistions pas à la répétition des scènes que l'on a vues en 2021", a déclaré le porte-parole du président Cyril Ramaphosa, Vincent Magwenya, lors d'une conférence de presse.
Au moins 350 personnes avaient été tuées en juillet 2021, lorsqu'un mouvement de protestation déclenché par l'emprisonnement de l'ancien président Jacob Zuma (2009-2018) avait dégénéré en émeutes et scènes de pillage.
Le parti des Combattants pour la liberté économique (EFF, extrême gauche), le troisième du pays, a appelé samedi les Sud-Africains à descendre dans la rue lundi et mettre le pays à l'arrêt pour demander la démission du président Ramaphosa, à cause de sa mauvaise gestion de l'économie en berne, du chômage stratosphérique et des constantes coupures de courant.
Il a prévenu les manifestants que leur action devait être "militante et radicale tout en étant pacifique" et les a mis en garde contre "les agents provocateurs" qui tenteraient de casser la grève.
"Personne ne peut arrêter une révolution", a déclaré vendredi le chef des EFF, Julius Malema.
Les ports, le Parlement, les postes frontaliers et la Bourse de Johannesburg notamment seront des points de ralliement pour les actions de protestation, selon M. Malema.
- "Nous ne permettrons pas le désordre" -
M. Magwenya a affirmé que certains commerces ont été menacés d'être la cible de "pillage et d'autres formes de violence" s'il restaient ouverts durant la grève. Des commerces ont d'ores et déjà baissé leur rideau de fer.
Un important syndicat a déclaré qu'il se joindrait à la grève, mais d'autres ont pris leurs distances.
Le parti EFF, deuxième parti d'opposition, représente moins de 15% des suffrages, selon les sondages.
"Nous sommes au courant d'une manifestation programmée. Mais dire qu'il y aura une mise à l'arrêt nationale est trompeur", a déclaré vendredi l'organisme national qui coordonne les opérations de sécurité et de renseignement ("National Joint Operational and Intelligence Structure").
"Tout ce qui concerne le commerce et les services sera pleinement opérationnel et accessible. Nous ne permettrons pas le désordre et les actes criminels", a ajouté la même source.
Samedi, un tribunal de Johannesburg a interdit aux EFF de fermer les écoles, les magasins, les entreprises, les commerces et de couper les routes, ainsi que d'inciter à la violence, après que le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), lui eut demandé d'interdire la manifestation.
"Les EFF ont le droit de manifester, mais le parti n'a pas le droit de prendre l'Afrique du Sud en otage en agissant ainsi", a déclaré le chef de l'Alliance démocratique John Steenhuisen.
L'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent africain, affronte une situation économique très difficile depuis la pandémie, avec un fort taux de chômage, une inflation galopante et des coupures de courant constantes et prolongées dues aux défaillances de l'entreprise publique d'électricité Eskom.
© Agence France-Presse
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