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Jennifer Cangy « Band Mistress » de la prison : une femme qui mène les hommes à la baguette

Jennifer Cangy

Grande première mondiale dans le monde carcéral. Pour la première fois, une femme y dirige un orchestre, composé d’hommes.

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Jennifer Cangy, officier de prison, mène les hommes à la baguette et dirige la fanfare de la prison avec maestria. Avec son œil de lynx, elle dirige sa troupe d’une main de maître et  fait jouer des morceaux pour le plaisir des oreilles. Quand elle est devant son orchestre, la baguette à la main, c'est elle qui commande et il n'y a pas de fausse note ni de demi-mesure dans ses prestations. Jennifer Cangy se sent à l'aise sur scène.  Ayant une préférence pour un maquillage simple, léger et discret, elle se permet tout juste  un peu de rouge à lèvres pour laisser apparaître son sourire. Les cheveux en chignon cachés sous son chapeau, ses yeux marron brillent  de mille feux.  Arborant des chaussures à talons pour battre la mesure, Jennifer est fière de diriger  l'orchestre de la prison. Dans un univers depuis toujours dominé par les hommes,  elle symbolise la femme qui  veut montrer au monde entier qu’elle est aussi capable que ses collègues masculins. Jennifer dirige aussi son orchestre durant les grandes occasions et c'est elle qui ouvre la marche lors des parades avec son bâton à la manière d’une majorette .

Depuis son enfance elle a toujours aimé les parades et se mettait dans la peau du chef d'orchestre. Elle avait l'oreille musicale et ne pouvait résister à l’appel  de la musique.  Son rêve allait être réalisé en 2008 quand elle fait acte de candidature pour le poste de « female prison officer ». Sa candidature est acceptée et elle commence ses 6 mois de training intensif.. Elle sort première de sa promotion et rafle le premier prix pour « Best drill ». Jennifer Cangy se fait remarquer par ses chefs hiérarchiques pour ses compétences et son sérieux dans son travail. On lui confie la responsabilité  de la ferme agricole et elle a à sa charge la culture des tomates sous serre. L'élevage de poules et de canards et un grand jardin ouvert sont aussi sous sa responsabilité. Jennifer s'occupe de la réhabilitation des femmes détenues et agit comme psychologue pour les préparer à affronter la société à leur sortie.

En 2011 la chance lui sourit quand le poste de chef d'orchestre de la prison devient vacant. C’est son nom qui est retenu dans une liste comptant une vingtaine de candidats. L'administration pénitentiaire voulait donner la chance à une femme de briller. Le commissaire des prisons d'alors, Jean Bruneau, l'encourage dans ses démarches et lui donne l'occasion de suivre un cours de formation assuré par Phillipe Gentil, ancien mentor de l'orchestre de la police. Jennifer découvre un autre monde musical et apprend les différentes cadences pour diriger la parade.

Elle ne ressent aucune pression quand elle est devant ses musiciens et tend l'oreille à tout ce qui est faux.

Elle ne ressent aucune pression quand elle est devant ses musiciens et tend l'oreille à tout ce qui est faux. Pour Jennifer ce n'est pas difficile quand les hommes la respectent. Chaque mercredi c'est la répétition générale sous la houlette de Percy Appadoo qui a remplacé Phillipe Gentil. Jennifer connaît par cœur toutes les partitions de musique et fredonne les notes sur le bout des lèvres. L'orchestre de la prison est souvent en action lors des parades pour la remise des insignes et aussi lors des remises des diplômes à l'Open University. Très souvent, l’orchestre est sollicité pour les marches caritatives et lors des grandes kermesses. Jennifer jongle avec son bâton comme une majorette lors des parades. C'est elle qui ouvre la marche et elle n'a pas droit à l'erreur.

Elle a déjà participé à une parade à Rodrigues et cela a beaucoup plu aux Rodriguaises de voir une femme chef d'orchestre.

Mariée au policier Dario Cangy, Jennifer a mis au monde des jumeaux, âgés de 6 ans. L’un se prénomme Curtley et l’autre,  Curtleen. Jennifer Cangy, qui est tenue en haute estime par ses collègues,  adore son travail. Quand elle est en congé, elle pense souvent aux détenues qui lui témoignent un profond respect. « Si vous respectez les détenues, elle vont vous respecter », dit-elle.

Rahim Murtuza

 

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