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Jean Michel Lee Shim : le magnat des paris, le caméléon politique

Il était une fois Jean Michel Lee Shim qui, sous le règne de Navin Ramgoolam, obtint le fameux permis d’opération pour lancer SMS Pariaz. Ah, les belles années travaillistes où tout était plus simple : une poignée de main, une licence et hop, les paris étaient ouverts ! 

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Puis dans un twist digne des meilleures séries dramatiques, voilà que notre magnat des paris décida de soutenir le MSM aux élections générales de 2019. Et pas avec une petite somme, non monsieur. Il misa Rs 10 millions sur le cheval orange. Une véritable mise royale… 

Mais attendez, l’histoire devient encore plus savoureuse. En guise de remerciement, le gouvernement s’empressa de faciliter l’ascension de la toute nouvelle People’s Turf PLC (PTP), au détriment du vénérable Mauritius Turf Club (MTC). Tout cela parce que cette institution bicentenaire refusa de se plier aux caprices de la PTP. 

Et les victimes ? Elles sont nombreuses. L’écurie Gujadhur, légendaire et respectée, dut se retirer, refusant de collaborer avec la PTP. Avec ses Rs 10 millions investies dans la campagne du MSM en 2019, Jean Michel Lee Shim prouva que dans ce grand bal politique, c’est celui qui paie l’orchestre qui choisit la musique. 

Maintenant que le gouvernement décide de jeter la PTP par-dessus bord afin de renouer avec le MTC, notre cher Jean Michel Lee Shim devient soudainement orphelin politique. Que fera-t-il ? Tout porte à croire qu’il pourrait renouer avec son ancien amour, le PTr, bien sûr ! 

Rien de tel qu’une ancienne relation pour se rappeler les bons souvenirs. « J’étais membre du Parti travailliste », a-t-il déclaré fièrement. Les paris, c’est bien, mais la politique, c’est tout un art ! 

Prostitution politique

Avec une sincérité désarmante, Jean Michel Lee Shim a assuré qu’il ne financera qu’un seul parti. « Je soutiendrai un seul parti, mais je n’ai pas encore choisi. Nous ne ferons pas de prostitution politique en en soutenant plus d’un », a-t-il clamé. Prostitution politique, dites-vous ? Venant d’un homme qui change de camp comme de chemise, on pourrait y voir une certaine ironie. 

En dépit de ses déclarations sur son aversion pour la « prostitution politique », ses actions parlent d’elles-mêmes. Il est clair que pour les bailleurs de fonds, le soutien politique est avant tout une question de retour sur investissement. Ce comportement met en exergue une figure paradoxale : un homme qui, tout en rejetant publiquement la multiplicité des allégeances, n’hésite pas à naviguer entre différents camps politiques pour préserver voire étendre son empire financier. 

Ces relations incestueuses entre politiciens et bailleurs de fonds, combinées à l’absence de réglementation du financement des partis politiques, permettent à des hommes d’affaires de jouer un rôle disproportionné dans les élections et les décisions gouvernementales. Leur capacité à influencer les décisions politiques et économiques souligne la fragilité des institutions face au pouvoir de l’argent. 

Les bailleurs de fonds deviennent des acteurs-clés, orientant les politiques publiques non pas en fonction de l’intérêt général, mais de leurs intérêts privés. Les marionnettes politiques dansent au gré des intérêts financiers. Cette situation crée un terrain fertile pour la corruption, l’abus de pouvoir et l’injustice. 

Le parcours de Jean Michel Lee Shim illustre les dangers d’un système où les bailleurs de fonds bousculent le rapport des forces entre deux blocs. Le financement des partis politiques à Maurice ressemble à une valse des ombres où l’argent coule à flots et où les faveurs s’échangent plus vite que des cartes à un jeu de poker. Mais en fin de mandat, si on a l’impression qu’ils mettent du plomb dans l’aile du parti au pouvoir, ces bailleurs de fonds sont jetés comme des chaussettes usées.

Parieur compulsif 

La fidélité politique de ce gros bailleur de fonds est aussi stable qu’un parieur compulsif face à une roulette russe. En évoquant l’éventualité de soutenir financièrement un autre parti que le MSM aux prochaines élections, Jean Michel Lee Shim rappelle que dans le monde des affaires et de la politique, la loyauté est aussi rare qu’un cheval de course avec des ailes. 

Il incarne ainsi à merveille le caméléon politique, prêt à changer de couleur pour s’adapter à son environnement… pour la simple et bonne raison que c’est un bailleur de fonds atypique. Contrairement à lui, la grande majorité, si ce n’est la quasi-totalité, des gros bailleurs de fonds garde un pied dans chaque plat en finançant deux blocs. Bien entendu, pas de façon équitable. La part du lion des donations ira au bloc pour lequel ils ont un penchant ou pour celui qui se dirige vers une victoire certaine. 

Jean Michel Lee Shim risque d’avoir la Mauritius Revenue Authority et la Financial Crimes Commission à ses trousses s’il ne se rétracte pas pour avoir osé dire : « Je soutiendrai un seul parti, mais je n’ai pas encore choisi. » Est-ce une grossière maladresse de sa part ? Attendons voir !

N. B : Les éléments de cette analyse sont puisés des propos de Jean Michel Lee Shim qui était l’invité de Nawaz Noorbux sur le plateau de Radio Plus lors de l’émission « Au cœur de l’info », vendredi dernier, laquelle était coanimée par Patrice Esmyot et Santosh Ramdin.

 

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