Interview

Jean-François Chaumière, nouveau Senior Adviser au PMO: «Je n’ai jamais rien demandé à qui que ce soit»

Jean-François Chaumière
Il est la dernière recrue dans le giron du Premier ministre. Jean-François Chaumière est, depuis le 1er novembre, le Senior Adviser de sir Anerood Jugnauth. L’ancien rouge viré à l’orange se défend d’être un ‘roder bout’. Il est confortable le fauteuil d’Ah Fat ? Pourquoi cette question?
Il semblerait que vous avez hérité de son fauteuil du temps où était le conseiller de Navin Ramgoolam... Je ne crois pas qu’il y ait des similarités entre la personne que vous nommez et moi-même. J’ai été choisi pour mes compétences. Et aussi pour vous récompenser ? S’il m’a choisi et si je suis là, c’est parce que le Premier ministre sait reconnaître ceux qui travaillent. Ses choix sont basés sur la méritocratie. En tout cas, je ne sais pas ce que Ah-fat faisait et cela ne m’intéresse pas de le savoir. Je sais juste ce que j’ai à faire. Et vous allez faire quoi ? Mes attributions sont très larges. Je suis un professionnel, un juriste, j’ai travaillé dans le secteur financier, j’ai été Deputy Speaker, Junior Minister et ministre du Travail. J’ai de l’expérience.
[panel contents="Élu pour la première fois en 1995 sous la bannière du Parti travailliste (PTr), Jean François Chaumière est nommé Deputy Chief Whip et Junior Minister à l’Environnement successivement. Après les élections de 2005, il est nommé Deputy Speaker et en 2008 ministre du Travail et des Relations industrielles. En 2010, il n’est pas élu et démissionne de toutes les instances du PTr en 2011. Il a été président du parti de 1997 à 2007. Marié, il est père d’un fils. " label="Riche carrière" style="info" custom_class=""]
Et quid de la politique ? Bien sûr, l’aspect politique est non négligeable. En tout cas, je ne vais pas me cantonner à un aspect spécifique. Le PM a besoin d’une personne versatile. Le rôle de conseiller est très large et riche. J’ai un rôle à jouer par rapport aux personnes les plus vulnérables de la société. Je vais aussi faire l’interface avec les secteurs économique et social. C’est toute une stratégie que les autres conseillers et moi-même devrons mettre en place. Les autres ont une avance sur vous. Votre nomination a pris quand même dix mois. Comment expliquez-vous cela? Quand j’ai décidé de donner un coup de main à l’Alliance lepep et à son leader, je l’ai fait sans condition. Je ne voulais pas rester sans rien faire. Il ne m’a rien proposé et je n’ai rien demandé. Je voulais que l’Alliance lepep gagne les élections et que sir Anerood Jugnauth (SAJ) devienne Premier ministre. Pourquoi avoir changé d’allégeance ? Est-ce parce que vous n’avez rien eu avec le Parti travailliste (PTr) de 2010 à 2014 ? Rumeurs et médisances ! Navin Ramgoolam avait fait une déclaration à Pointe-aux-Sables me reprochant mon ingratitude ! Mais c’est sans connaître qui je suis exactement. Qui êtes-vous exactement ? Je suis quelqu’un qui fait de la politique par conviction. J’ai un idéal. Quand j’ai perdu les élections en 2010, j’avais déjà pressenti la débâcle qui se préparait. Navin Ramgoolam s’était proclamé propriétaire du pays et donnait l’impression qu’il avait droit sur tout. Il avait pris le pays en otage. J’ai témoigné de sa dérive totalitaire. Cela m’embarrassait beaucoup. Et pour ceux qui ne le savent pas, j’ai démissionné de toutes les instances du parti en 2011 et non pas à la veille des dernières élections générales. Pourquoi ? Parce que j’étais mal à l’aise. Ne serait-ce pas plutôt parce que vous ne voyiez rien venir ? Je ne suis pas de ceux qui aiment danser dans le bal des frustrés. Ce n’est pas dans mon tempérament. Après une étape, je passe à la prochaine. À dire vrai, dans ma tête, j’avais déjà pris ma décision depuis 2010, après les élections. Il y avait des choses qui me dérangeaient… Par exemple ? J’ai été le président du PTr pendant quand même dix ans. Je n’ai jamais rien demandé à qui que ce soit. On m’a traité de manière cavalière en m’envoyant dans une circonscription abattoir dix jours avant les élections de 2010 (No 1 GRNO/PL Ouest). Vous n’avez pas protesté ? Non. Je suis un battant. Monn ale, monn perdi. À partir de là, j’ai commencé à me poser des questions. Je me suis demandé si cela valait la peine de se tuer à la tâche pour un homme comme Navin Ramgoolam. Et pour SAJ ? SAJ est un homme franc et loyal. He means business. C’est l’homme de la situation. Il est celui qui a libéré le pays. Tel un patriarche, il s’efforce de consolider les tissus social et économique du pays, lui donner un nouveau souffle. Dieu a préservé sir Anerood car il est le seul qui a pu mater et terrasser Navin Ramgoolam. Pourquoi est-ce que vous n’avez pas obtenu un ticket lors des dernières élections? Tout simplement parce que je n’ai rien sollicité. Quand j’ai rencontré SAJ, je lui ai dit que je voulais aider et non pas que je voulais un ticket. Par contre ce que j’ai demandé, c’est de m’engager dans une circonscription spécifique, la No 4 (PL Nord/Montagne Longue). Pourquoi ? Parce qu’elle me tient vraiment à cœur. J’y ai été élu la première fois et j’y ai conservé une bonne assise. L’accueil que j’y ai reçu m’a fait chaud au cœur. Bientôt un an que l’Alliance lepep est au pouvoir. Et ce n’est pas vraiment la joie dans la rue... L’Alliance lepep a pris les rênes à un moment critique. L’économie du pays était en pilotage automatique. Le gouvernement s’est retrouvé face à une tâche herculéenne. Il a fallu enclencher le grand nettoyage et il y a eu des dommages collatéraux inévitables. Je demande à la population de nous faire confiance et d’être patiente et indulgente. Que ce soit pour les mesures impopulaires ou les décisions douloureuses, le gouvernement n’avait pas le choix. La priorité de ce gouvernement est de remettre le pays sur les rails. Et c’est ce que fait SAJ. 2014 a été une année de transition, 2015 sera celle du développement. Le Good Governance and Integrity Reporting Bill divise les parlementaires. Qu’en pensez-vous ? Honnêtement, je n’ai pas eu l’occasion de l’étudier. Ce que j’en déduis toutefois, c’est qu’il y a unanimité à mettre de l’ordre dans le secteur financier, quel que soit le bord politique. Et je pense que la grosse majorité des Mauriciens pense ainsi. Maintenant, s’il y a des améliorations à apporter, le chef du gouvernement avisera.
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