Japon: dix morts dans un nouveau séisme, de nombreux habitants pris au piège

Ces nouvelles secousses ont mis à rude épreuve les nerfs des habitants, éprouvés par les répliques à répétition
Des dizaines d'habitants étaient pris au piège samedi après un nouveau tremblement de terre dans le sud-ouest du Japon, qui a tué au moins dix personnes et provoqué destructions, incendies et glissement de terrain.     "Nous avons connaissance de nombreux endroits où des gens ont été ensevelis. La police, les pompiers et les soldats font tout leur possible pour les secourir", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'un point presse à la mi-journée. Il avait évoqué plus tôt 76 cas. Neuf personnes avaient déjà péri dans un premier séisme d'une magnitude de 6,5 survenu jeudi soir. Ces nouvelles secousses ont mis à rude épreuve les nerfs des habitants, éprouvés par les répliques à répétition, et déclenché une gigantesque coulée de boue et de pierres dans la zone de Minami-Aso, emportant des maisons et coupant une autoroute. Contrairement au précédent séisme, qui a affecté surtout des maisons vétustes, celui-ci a endommagé ou fait basculer des bâtiments plus importants à travers la préfecture de Kumamoto, à quelque 900 km de Tokyo. "Le bilan est maintenant de dix morts", a indiqué à l'AFP Tomoyuki Tanaka, un fonctionnaire de la province. La chaîne de télévision NHK a pour sa part fait état de 18 décès. "C'était tellement fort, il y avait plein de gens paniqués dans la rue", a relaté un de ses collègues, Shotaro Sakamoto. 65.000 habitants sans toit "Nous devons avant tout sauver des vies. Nous devons agir vite", a lancé le Premier ministre Shinzo Abe qui a annulé sa visite dans la région et convoqué un conseil de crise. "La météo devrait se dégrader, des pluies et du vent sont attendus et nous redoutons des glissements de terrain et autres désastres", a-t-il averti. Le gouvernement va envoyer des renforts au cours du week-end, portant à 20.000 les effectifs sur place. "Des incendies ont éclaté" et de "graves dommages sont constatés dans de vastes zones", a relevé M. Suga. Un pont de 200 mètres effondré, des routes fissurées voire éventrées, un sanctuaire séculaire démoli: des images télévisées montraient des scènes de désolation. Quelque 65.000 habitants, se retrouvant sans toit, ont trouvé refuge dans des centres d'accueil, tandis que des dizaines de milliers de foyers étaient toujours privés d'eau, d'électricité et de gaz. "Je n'ai rien à manger, rien à boire, je ne sais pas quoi faire", a confié à la presse Tomoko Goto, 67 ans. Le nouveau tremblement de terre, de magnitude 7,0, d'après l'Institut de géophysique américain (USGS), est survenu samedi à 01H25 locale (16H25 GMT vendredi) à une profondeur de 10 km seulement, suivi de multiples répliques. L'agence de météorologie japonaise l'a évalué à 7,3, précisant que celui de jeudi était en fait un choc "précurseur". Une petite éruption du volcan Aso, situé sur la même île de Kyushu, a par ailleurs été observée, selon les autorités, mais le niveau d'alerte n'a pas été élevé et le lien avec les séismes n'a pas été formellement établi. 'Tellement peur' "Nous sommes sorties de la maison à cause des secousses qui n'en finissaient pas", a raconté Hisako Ogata, 61 ans, évacuée avec sa fille dans un parc de Kumamoto où une cinquantaine de personnes étaient assises sur des bâches de plastique bleu. "On a eu tellement peur, mais heureusement nous sommes vivantes!" "J'ai été réveillé par le séisme. Mon corps rebondissait sur le lit. Le téléviseur est tombé", a témoigné un photographe de l'AFP. Un hôpital de la ville de Kumamoto qui penchait dangereusement a été évacué en fin de nuit samedi. L'aéroport a été fermé en raison de la chute du plafond du terminal. La première secousse dans la nuit de jeudi à vendredi, d'une violence inédite pour bien des riverains, avait endommagé le château de Kumamoto, vieux de 400 ans, et détruit de nombreuses maisons dans la petite ville voisine de Mashiki. Les sauveteurs avaient sorti saine et sauve des décombres une fillette de huit mois, plus de six heures après le tremblement de terre. Au total, 171 personnes ont été gravement blessées et 738 plus légèrement, selon la préfecture de Kumamoto. Aucune anomalie n'a été relevée dans la centrale nucléaire de Sendai où se trouvent les deux seuls réacteurs du Japon en service, a assuré la compagnie Kyushu Electric Power. Situé à la jonction de quatre plaques tectoniques, l'archipel subit chaque année plus de 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre. Les Japonais sont encore plus sensibles aux risques depuis le tsunami de mars 2011, qui a tué quelque 18.500 personnes et provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima. Avec AFP
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