Le montant de la compensation salariale, Rs 150, fait débat. Les syndicalistes représentant les travailleurs du privé, notamment Jane Ragoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé, sont ulcérés.
Vendredi, vous êtes sortie en larmes du comité tripartite. Étiez-vous à ce point déçue ?
Le Mahatma Gandhi disant juste en expliquant que c’est lorsqu’on vit aux côtés des personnes dans la misère qu’on est réellement en mesure de comprendre leurs problèmes. Au sein de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), nous côtoyons tous les jours des gens vivant dans l’extrême pauvreté. Par exemple, les cleaners des écoles primaires touchent entre Rs 1 500 et Rs 2 000 par mois. Vendredi, en me rendant au comité tripartite, je leur ai donné l’espoir qu’elles auraient une compensation acceptable du gouvernement Lepep. Je savais qu’elles n’allaient pas recevoir Rs 600, comme pour 2014, mais je ne m’attendais pas à un montant aussi dérisoire. Imaginez ma déception quand j’ai appris que les travailleurs mauriciens ne recevraient qu’une compensation de Rs 150.
Ne faut-il pas cibler la compensation salariale afin que seuls les plus démunis puissent en profiter ?
La CTSP a toujours préconisé l’octroi d’un salaire minimal pour tous les travailleurs, sur lequel se greffera automatiquement une compensation salariale calquée sur le taux de l’inflation. De cette façon, le gouvernement n’aura pas à faire bouger tout le monde pour participer à un comité tripartite bidon.
Êtes-vous en faveur d’une compensation salariale ciblée ?
Je ne suis pas d’accord avec une compensation salariale ciblée car, comme je vous l’ai dit, la formule idéale pour nous est l’introduction d’un salaire minimal entre Rs 8 000 et Rs 9 000, sur lequel viendrait se greffer la compensation salariale. Tout le monde, quel que soit son salaire, en profiterait. Que l’on touche Rs 5 000 ou Rs 30 000, on achète les commodités au même prix.
En janvier, tous les salariés ont bénéficié d’une compensation de Rs 600. 11 mois après, en avait-on réellement besoin d’une autre de Rs 500 ?
C’est un cadeau que nous avons apprécié. Toujours est-il que nous avions, à l’époque, fait une demande pour Rs 1 400, somme incluant un rattrapage sur la perte du pouvoir d’achat. Cette somme de Rs 600 n’était pas suffisante. Comme le taux d’inflation est relativement bas, c’était l’occasion pour le gouvernement d’accorder un rattrapage aux salariés, surtout en l’absence d’un salaire minimal. Tous les syndicalistes présents au comité tripartite ont défendu intelligemment leurs propositions, chiffres à l’appui, mais le gouvernement a un autre agenda.
Quelle est la marge de manœuvre des syndicats ?
Il est évident que le gouvernement et le patronat ont le même agenda. Cela se comprend, car le secteur privé finance les élections. Il n’est pas exclu non plus que l’annonce de la perte de 12 000 emplois cette semaine n’ait été qu’un subterfuge pour ne pas payer la compensation salariale. Face à cette situation, les travailleurs doivent prendre une décision. Ils doivent réaliser que nous sommes dans un système capitaliste et que tout gouvernement, malgré les promesses faites, défendra en priorité l’agenda du patronat. Les travailleurs doivent avoir leur propre parti politique pour défendre leurs intérêts.
Radhakrishna Sadien: « Pas de distinction entre fonctionnaires et employés du privé »
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Les fonctionnaires ont eu droit à une compensation salariale, même si, selon le ministre des Finances, ils n’y avaient pas droit. Pourquoi leurs représentants syndicaux ne sont-ils pas satisfaits du taux accordé ?
Tous les travailleurs du pays, qu’ils soient fonctionnaires ou du secteur privé, ont droit à une compensation salariale. Les fonctionnaires n’en obtiennent pas quand le paiement coïncide avec la publication du rapport du Pay Research Bureau (PRB), car elle y est intégrée. Le gouvernement a fait une exception cette année. Comme le rapport du PRB ne sera publié que durant le premier trimestre 2016, avec effet rétroactif à janvier 2015, il a pris la décision d’enlever la compensation salariale du prochain rapport. Les fonctionnaires bénéficient aussi d’un rattrapage pour toutes les compensations salariales qu’ils n’ont pas obtenues durant un certain nombre d’années. L’érosion du pouvoir d’achat affecte toute la population et le gouvernement, en tant qu’employeur, ne peut refuser d’octroyer une compensation salariale à ses propres employés. En 2014, ceux ayant un salaire supérieur à Rs 20 000 n’ont pas eu de compensation salariale. Le PRB doit donc aussi prendre cet aspect en considération. Je pense que c’est un faux débat de faire la distinction entre fonctionnaires et employés du secteur privé. Nous sommes tous des travailleurs. Surtout, il ne faut pas oublier que les Remuneration Orders dans le secteur privé sont aussi révisés régulièrement par le National Remuneration Board.
Est-ce qu’un fonctionnaire avec un salaire de Rs 80 000 a besoin d’une compensation salariale de Rs 150 ?
Même si les revenus par tête d’habitant du pays ont augmenté, l’écart salarial ne cesse de s’agrandir. D’accord, Rs 150 ne représente rien pour quelqu’un touchant Rs 150 000 ou Rs 200 000, mais cela compte pour une personne ayant moins de Rs 5 000 par mois. On aurait pu faire plus d’efforts de ce côté-là.
Le paiement d’une compensation est-il justifié avec un taux d’inflation inférieur à 5 % ?
Le calcul de la perte du pouvoir d’achat est comptabilisé sur douze mois. Donc, si le prix d’une commodité a connu une hausse en janvier ou février et que le prix a baissé par la suite, les consommateurs ont souffert durant cette hausse. Cela justifie le paiement d’une compensation. Cela dit, le gouvernement doit mettre en place le salaire minimal au plus vite.
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Raj Makoond: « Pas justifiée »
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Raj Makoond, CEO de Business Mauritius, affirme qu’avec un taux d’inflation à 1,3 %, « la question de compensation ne se pose
pas ». « Le contexte actuel ne justifie pas une compensation. Notre lecture de la situation est que la compensation ne sera pas discutée lors des débats budgétaires. Certaines entreprises pourront la payer, alors que d’autres en seront incapables. Il faut prendre en considération les petites et moyennes entreprises. La véritable question n’est pas le quantum de Rs 150. Le développement se fait sur des principes », affirme Raj Makoond sur Radio Plus.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !