Le pédagogue et recteur de l’Orchard Secondary School of Excellence évoque la rentrée scolaire pour le troisième trimestre. Jacques Malié soutient que de nombreux défis guettent les élèves qui ne veulent plus faire d’effort pour réussir.
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Enfants rebelles, mauvais comportements et bullying… Les enseignants et administrateurs font face aujourd'hui à des cas d’indiscipline et de violence. Où se situe le problème ?
C’est le reflet de notre société. Il y a de nombreux facteurs qui en sont la cause, mais qui sont difficiles à cerner. Il s’agit aussi des facilités qu’on met à la disposition des élèves. Toutefois, ces derniers temps, il y a une prise de conscience. Même les autorités organisent des sessions de travail sur la question. Les échanges entre les divers acteurs concernés aident à comprendre ce qui se passe. Même des élèves ont eu droit à la parole. C’est appréciable, car auparavant ce n’était pas le cas. La prise de conscience apporte déjà des résultats positifs à travers des surveillances accrues et même la participation des parents. Il semble qu’il y ait une reprise en main de la situation par les autorités.
Comment contrecarrer ce problème ?
Cela devrait être possible puisqu’il existe des règlements dans les établissements scolaires. Tout est bien stipulé. Tout ce qui est permis ou pas. Au cas où ces règlements ne sont pas suivis, il faut pouvoir sévir quand le besoin se fait sentir. Même un élève qui est intervenu lors de la session de travail a évoqué, je cite, le trop de clémence au sein des institutions. Il ne faut pas oublier que l’éducation est une affaire tripartite avec l’élève au centre, les enseignants et les parents. S’il y a un recul dans la discipline, il ne faut pas négliger le rôle des parents sans généraliser.
La ministre de l’Education, qui participait à un atelier de travail sur l’indiscipline au courant de la semaine, estime que les recteurs doivent être des modèles pour inspirer et apprendre le savoir-être aux élèves. Partagez-vous cet avis ?
Dans le secteur privé, ceux qui sont nommés à cette fonction sont triés sur le volet en fonction de leur expérience et vécu au sein des institutions. Aussi au vu de l’autorité qu’ils représentent. Ce qui est important dans les institutions privées, c’est que les recteurs ont beaucoup plus d’autonomie que dans les collèges d’État. Dans le privé, il y a la mise en place de toute une culture et le recteur est bien épaulé par une équipe soudée pour mener à bien sa tâche. D’ailleurs, une quelconque ingérence est mal vue. Il s’agit avant tout d’une affaire de confiance dans l’autorité et le rectorat.
Outre les cas d’indiscipline et de violence, il faut ajouter la drogue qui continue à faire des ravages dans des établissements scolaires…
Effectivement, la drogue fait des ravages. J’ai toujours dit qu’il ne faut pas prôner une politique de l’autruche en banalisant ou en faisant semblant que le problème n’existait pas. La prise de position de certains a été bénéfique. Surtout la prise de conscience au niveau national. Encore une fois des mesures prises par le ministère ou la Private Secondary Education Authority (PSEA), dont la surveillance des entrées et des sorties dans les établissements scolaires et des colloques. Il y a des signes encourageants. Cependant, cela ne veut pas dire que le problème est endigué. Il faut continuer à faire preuve de plus de vigilance. On rassure les parents que notre ultime intérêt reste les enfants. Souvent il y a des parents qui s’y méprennent pensant que les enseignants sont là pour gronder, punir et « victimiser ». Or, il n’a jamais été dans l’intérêt des enseignants de se mettre à dos. On veut travailler en toute confiance tout en nous adaptant aux exigences nouvelles que ce métier requiert. Aussi faire face au changement de mentalité chez des ados et parents.
Force est de constater que la situation devient de plus en plus difficile à gérer. Les parents qui se dédouanent de leurs responsabilités ne sont-ils pas à blâmer ?
Il faut revenir au rôle extrêmement important des parents. Les parents deviennent trop protecteurs. Ils prennent la défense de leurs enfants même quand ces derniers ont tort. Ils les gâtent en leur offrant des portables dernier cri et s’en prennent aux enseignants qui essayent de ramener ces enfants à l’ordre. Ce qui n’est pas pour leur rendre service. Je crois que tout pédagogue a l’intérêt des enfants qui lui sont confiés à cœur. Je ne vois aucun enseignant qui voudrait nuire à un élève. Je ne vois pas d’où vient cette phobie.
Quid des enseignants qui ne font plus ce métier par vocation…
Malheureusement, beaucoup n’endossent pas cette lourde responsabilité par vocation. Je fais référence aux enseignants qu’on a connus et qui inspiraient le respect de par leurs connaissances (pas simplement spécifiques à leurs sujets) mais aussi de par leur personnalité. Ceci dit, il faut revoir la formation des enseignants. Tout est axé sur le côté académique. Ils sont souvent lancés dans l’arène sans les outils nécessaires. Il faut donc revoir le système de formation.
La ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun a annoncé la mise sur pied d’une Teachers’ Academy. En quoi cela peut aider ?
Le mot académie peut vouloir dire beaucoup de choses. J’aimerais avoir plus d’information car je ne sais pas ce que la ministre a en tête. Si c’est une école spécialisée un peu comme le Teachers’ Training College dans un passé lointain, cela ne peut être que bénéfique. Il faut mettre les enseignants en situation réelle. Il faut aussi plus de contrôle. Pour cela, il faut un système d’inspectorat avec des inspecteurs qualifiés.
Il ne faut pas oublier que l’éducation est une affaire tripartite avec l’élève au centre, les enseignants et les parents
Sans oublier que nous avons affaire à une génération qui est scotchée à l’écran de son portable ou tablette…
Eh oui ! Vous savez, c’est le modernisme. Les adultes en font de même. Mais là aussi, il faut savoir s’en servir à bon escient, que ce soit à la maison ou à l’école. Bien souvent il y a un laisser-aller et des abus qui compliquent la situation. Il y a des règlements clairs interdisant l’utilisation des portables en classe. À travers le dialogue, on peut faire comprendre que le trop nuit.
Est-ce que les méfaits de la technologie ne se reflètent pas sur l’apprentissage de ces jeunes ?
Certainement. Je peux vous dire qu’au niveau de l’enseignement, il y a un nivellement vers le bas. Au niveau des langues, il y a de plus en plus de fautes de grammaire ou il y a des copies conformes qu’on trouve sur Internet pour ce qui est des compositions. La performance de l’élève est en baisse car il y a une utilisation exagérée de la technologie. Aujourd’hui chez les élèves, il y a la recherche de la facilité. On a perdu le goût de l’effort.
Comment inculquer le savoir-vivre en société à nos jeunes qui sont de plus en plus en manque de repères ?
Ce manque de repères est dû au recul des croyances religieuses. Il y a la perte des valeurs. Tout cela peut être inculqué pas qu’au niveau de l’école. Le lieu principal où cela doit se faire est à la maison. L’école a sa part de responsabilité. Les parents doivent également apporter leur pierre à l’édifice.
Votre opinion sur l’appel de la ministre de l’Éducation pour que nos jeunes, notamment les lauréats pour qu’ils rentrent au pays après leurs études ?
Je suis un peu dubitatif quand on fait cet appel. Qu’est-ce que le pays a à offrir en termes d’emplois et de facilités ? Est-ce qu’il y aura moins de favoritisme ? Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. Souvent ceux qui vont étudier à l’étranger trouvent un emploi et un certain confort qu’ils ne sont pas sûrs d’obtenir en rentrant à la maison. Il ne faut pas jeter la pierre à ceux qui ont la chance d’embrasser une carrière internationale. Ils sont assurés que leur mérite sera reconnu.
Le troisième trimestre débute cette semaine. En quoi il est important ?
Ce qui est malheureux, c’est que le troisième trimestre est le plus important et est aussi le plus court. Les classes reprennent à la mi-août. Les élèves en classes supérieures (SC et HSC) ont des examens qui débutent dans un mois. Nombreux sont ceux qui ont un programme de révisions personnel. Ce sont les élèves qui travaillent bien qui peuvent mener à bien leurs révisions. Il faut également mentionner que les absences sont contrôlées. Force est de constater qu’on va vite arriver à la fin de ce trimestre. Ainsi, l’accent doit être sur la révision. Il faut pouvoir faire un maximum en peu de temps. Quant aux administrateurs et enseignants, nous sommes déjà axés sur l’année scolaire 2020. Particulièrement sur le programme d’études, le recrutement... tout en prenant compte des changements qui peuvent surgir. Au final, c’est un éternel recommencement.
C’est aussi la période pré-examens. Est-ce que les élèves peuvent toujours se rattraper ?
Je crois que les étudiants consciencieux peuvent le faire. D’ailleurs, on ne doit jamais abandonner. Il y a le travail de groupe. Aussi, si un enfant a des lacunes, il faut demander de l’aide. Il suffit de se fixer des buts et viser la réussite.
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