Interview

Ivor Tan Yan : «Il faut un seuil salarial pour les diplômés»

Ivor Tan Yan, négociateur syndical de la Federation of Progressive Unions (FPU), est catégorique. Le Budget 2016-2017 n’est nullement populaire. Il nous en donne les raisons.

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Le Budget est, dans l’ensemble, favorablement accueilli. Partagez-vous ce sentiment ?
Ceux qui affirment que c’est un super budget n’y trouvent rien ou ont choisi d’ignorer certaines réalités. Ce budget donne l’impression qu’on n’est pas loin d’une campagne électorale. Il est plutôt axé sur des aspects politiques que sur les réformes économiques. Il ne soulagera en rien le quotidien de la population.

Il y a cependant des mesures populaires telles que la baisse du prix du gaz ménager…
Certes, la population a eu un soulagement côté gaz ménager, mais qu’en est-il du prix de l’essence et du diesel ? Ils sont frappés d’une taxe de Rs 4 par litre. Cela dit, dans le concret, les consommateurs n’utilisent pas une bonbonne de gaz tous les jours. Par contre, les automobilistes sont obligés de faire le plein chaque semaine. Si on met  20 litres d’essence dans la voiture, on est frappé d’une taxe de Rs 80. Déjà, la baisse de Rs 60 sur le gaz ménager est engloutie par la taxe de Rs 4 par litre d’essence.

Je remarque aussi que plusieurs articles de consommation ont augmenté avant le budget. On a aussi supprimé la taxe sur certains types de voitures, et non sur des bicyclettes qui sont grandement utilisées par les plus défavorisés pour aller travailler. Imaginez donc que dans ce pays qui se dit moderne, les petites gens ne peuvent voyager au-delà d’une certaine heure, car les autobus cessent de rouler après 21 heures. Ce qui les prive d’une vie sociale après les heures de travail. Je peux également citer plusieurs mesures qui n’ont pas été considérées dans le budget pour améliorer la vie des petites gens. Ma réflexion est : peut-on vraiment parler de mesures populaires ?

Selon vous, les autobus publics doivent assurer un service de nuit  ?
Pour moi, c’est une obligation, car tous les Mauriciens n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture ou une motocyclette. 

Que pensez-vous des mesures annoncées pour combattre le chômage ?
Permettez-moi de commencer par les services publics. Il est du devoir du gouvernement d’effectuer des recrutements judicieux pour améliorer le secteur financé par les contribuables. Malgré plusieurs plaintes formulées sur les ondes des radios privées, dans certains bureaux, il n’y a toujours pas de Help Desk. Dans d’autres, c’est tellement mal organisé qu’on doit y retourner plusieurs fois pour obtenir un renseignement. Les autorités parlent de 7 200 nouvelles recrues : qu’elles commencent par l’installation de Help Desks dans tous les services publics.

Que proposez-vous ?
Les autorités auraient dû trouver le moyen d’imposer un seuil salarial acceptable pour les jeunes diplômés. Car ils refusent de travailler pour des salaires dérisoires. Parallèlement, le gouvernement aurait dû créer des centres de formation pour former les jeunes et les rendre polyvalents, afin qu’ils se trouvent un emploi plus facilement. Certes, il existe le MITD, mais les cours y sont payants et les jeunes chômeurs n’ont pas les moyens de les financer.

 

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