Cela fait huit ans qu’Allan Wright a intenté un procès en réclamation pour dommages contre les autorités, après la mort de son épouse et de son fils dans les inondations meurtrières du 30 mars 2013. Il attend toujours une résolution, tout comme les familles d’autres victimes.
Il y a dix ans, la capitale a été touchée par des inondations meurtrières ayant causé la mort de 11 personnes. Aujourd’hui, les familles des victimes attendent toujours de pouvoir faire leur deuil. Allan Wright, porte-parole de ces familles et ancien élu municipal, appelle à une résolution rapide des procès en réclamation pour dommages intentés par les proches et qui sont toujours en cours devant la Cour suprême.
Le 30 mars 2023, une cérémonie de dépôt de gerbes a eu lieu près du tunnel du Caudan Waterfront, à Port-Louis, en présence du Premier ministre Pravind Jugnauth et des proches des personnes disparues dans les inondations de 2013. Allan Wright, qui a perdu son épouse Sylvia et son fils Jeffrey, décédés dans le tunnel du Caudan ce jour-là, était présent à la cérémonie. Il a évoqué l’idée d’une voie rapide en cour, pour les « affaires émotionnelles ».
Cela fait huit ans qu’Allan Wright a intenté un procès en réclamation pour dommages de plus de Rs 10 millions contre les autorités. « L’idée de suggérer une voie rapide pour ce genre de procès m’est venue après mûre réflexion. Je m’adresse ici en tant que victime. C’est difficile pour moi de devoir revivre ce calvaire à chaque présentation en cour. Il m’est arrivé d’être en larmes, assis sur le banc de la cour », relate-t-il.
Il dit espérer un dénouement rapide pour les affaires suscitant de vives émotions auprès des familles victimes. « Je ne parle pas uniquement de mon cas ou de ceux des familles ayant perdu leurs proches dans les inondations de mars 2013. Je pense aussi à d’autres personnes qui attendent que justice soit faite. Comme c’est le cas pour les proches de Vanessa Lagesse. Il faut que ces familles puissent faire leur deuil », soutient Allan Wright.
Il est d’avis qu’il faut revoir la procédure dans le cas de certaines affaires. « On m’a expliqué que si j’avais attendu un jour de plus pour déposer ma réclamation en cour, celle-ci aurait pu être caduque en raison du délai », ajoute Allan Wright.
À 65 ans, il a aujourd’hui des problèmes de santé. « J’avais 55 ans quand ma femme est morte », dit-il. Le sexagénaire souhaite que ses propositions arrivent aux oreilles des autorités concernées : « Ce n’est pas à moi de faire des recommandations dans ce sens. Je souhaite que ceux qui ont le pouvoir de décider puissent prendre une décision. »
Ce qu’en pensent deux juristes
Selon Me Dev Ramano, « il est souhaitable de trouver rapidement une solution pour soulager ceux qui ont subi des pertes et des préjudices importants ». L’avocat dit être de ceux qui croient que « justice delayed is justice denied ». Bien qu’il reconnaisse qu’un délai dans une affaire n’est pas nécessairement illégal, il souligne que « moralement, il est souhaitable qu’une affaire ne soit pas prolongée indûment ». Cela dit, il ne faut pas non plus précipiter la justice.
Me Siddhartha Hawoldar explique, pour sa part, que notre Constitution ne nous permet pas de faire de discrimination entre les affaires. « La Constitution garantit à tout citoyen un procès équitable dans un délai raisonnable. Par conséquent, chaque affaire doit être traitée avec la même priorité. Il est impossible de déterminer qui, entre les victimes d’un délit ou d’un autre, a subi le plus de souffrance. Ce serait arbitraire », martèle l’avocat.
Il ajoute qu’il faut « affûter » notre système de justice en recrutant plus de personnel dans différents secteurs, notamment les tribunaux, le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), le bureau de l’Attorney General et le bureau du Solicitor General. « Cela permettra de traiter les dossiers plus rapidement et de rendre la justice plus fonctionnelle », affirme-t-il.
Onze victimes en un jour
Les inondations du 30 mars 2013 ont fait onze victimes. Elles sont Rabindranath Bhobany, Stevenson Henriette, Pravin Kumar Khoosye, Vincent Lai Kin Wong Tat Chong, Christabel Moorghen, Toolseram Ramdharri, Retnon Ramdhani, Amrish Tewany, Trishul Tewary, Sylvia Wright-Fokeer et Jeffrey Allan Wright.
Le Directeur des poursuites publiques avait lancé une enquête judiciaire sur cette tragédie, présidée par la magistrate Ida Dookhy-Rambarun, siégeant alors au tribunal de Port-Louis. Bien que concluant que ce drame résultait principalement d’un changement climatique avec des effets catastrophiques, elle avait néanmoins identifié plusieurs failles ayant contribué à aggraver la situation, notamment des constructions sur des canaux qui ont été autorisées par des lois passées au Parlement. Cela comprend les parkings d’Air Mauritius et de Rogers, ainsi que le local de KFC sur la rue La Chaussée.
Le rapport avait également critiqué un service d’entretien inefficace des drains de la capitale. Après les inondations, 300 tonnes de débris avaient été enlevées des drains, dont des matelas usagés et des vieux réfrigérateurs.
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