Si de nombreux Mauriciens ne réalisent toujours pas encore l’énorme potentiel provenant de l’énergie solaire, Loovesh Ramwodin, lui, l’a compris. Il a mis au point un fauteuil pour les autrement capables fonctionnant à l’aide des panneaux photovoltaïques et doté d’une autonomie de mouvement.
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C’est comme l’œuf de Christophe Colomb : il fallait y penser. Dans un premier temps, Loovesh, 23 ans, a eu l’inspiration en regardant sa grande mère passant péniblement d’une chambre à une autre. Puis, en 2015, il y a eu ces projets sur lesquels ses copains de classe et lui-même à l’Université de Technologie (UTM) avaient à plancher. « Dans ma classe, chacun des 18 étudiants avait à travailler sur un projet particulier. Moi, l’image de ma grande mère me revenait sans cesse, et, même si elle est encore capable de marcher, j’ai réfléchi à un fauteuil roulant qui fonctionnerait à l’énergie solaire », raconte Loovesh, titulaire d’un degré en Electronical Engineering de l’UTM.
Pour y arriver, l’ex-pensionnaire du collège John Kennedy et fils d’un businessman engagé dans la confection, va s’installer devant son ordinateur pour se documenter. « Je n’avais trouvé aucun site qui faisait mention d’un fauteuil motorisé pour handicapés, utilisant l’énergie solaire. Sauf à Dubai, où une personne avait réalisé ce type de fauteuil roulant, mais il n’existait aucune indication sur sa fabrication », raconte-t-il. Mais qu’à cela ne tienne. Loovesh a trouvé son projet et avec son expérience en mécanique et en informatique, il va s’employer à le réaliser.
Des microprocesseurs et des capteurs
Pour y arriver, il va d’abord se procurer les pièces de base nécessaires chez son employeur port-louisien, spécialisé dans l’outillage. « Mais parallèlement, il fallait faire des calculs pour connaître la capacité de puissance nécessaire pour opérer le fauteuil à l’aide des panneaux solaires. Puis, il me fallait des microprocesseurs et des capteurs afin de rendre le fauteuil autonome et, enfin, étudier les variations du soleil. Chaque détail avait son importance, j’étais dans la mécanique de précision. Rien que pour arriver à des calculs exacts, il m’a fallu deux mois », indique le jeune homme.
Livré à lui-même à son domicile, à Providence, c’est le salon qui lui servira de laboratoire et d’atelier pour les essais. « J’avais déjà eu en prêt le fauteuil motorisé et dès que j’ai eu les références pour les panneaux photovoltaïques, j’ai passé la commande auprès d’une firme allemande sur le net. Il me fallait deux panneaux de 50 volts, qui étaient suffisants pour capter un maximum d’énergie solaire ».
Une fois les panneaux chez lui, ils seront fixés à l’aide de quatre barres sur le fauteuil pour ressembler à un parasol. Mais le plus complexe demeurait la pose de l’appareil servant de guidage autonome grâce aux capteurs. « Là, ça été du travail de robotique. C’est ma maison qui a servi de test pour les essais. Il fallait que je codifie sur un ‘super-computer’ les données sur les portes de ma maison, leurs dimensions, leurs distances et le temps qu’il faut pour passer d’une porte à une autre. Ces données, une fois programmées, permettront à l’utilisateur du fauteuil de rouler partout et librement dans la maison sans bouger le petit doigt. Lorsqu’un obstacle se présente à l’improviste devant lui, le fauteuil s’immobilise grâce à un capteur de mouvements. »
5 à 6 heures d’autonomie
Commencée en août 2015, la mise au point de l’appareil a terminé en 2016. « À chaque étape des travaux, il m’a fallu effectuer des tests, des réglages. Mes parents ont suivi la transformation du fauteuil motorisé dès le départ et à la fin, lorsque j’ai mis un point final à l’ouvrage, île étaient émerveillés. Parfois, tard dans la nuit alors qu’ils dormaient, moi j’étais dans mes travaux. J’étais intimement convaincu que ça allait marcher ».
Présenté à l’UTM, l’appareil de Loovesh a aisément emporté l’adhésion d’un parterre composé du Head of Unit et de ses amis de classe. Il ne restait plus qu’à démontrer sa viabilité : 30 minutes d’exposition au soleil pour 5 à 6 heures d’autonomie, une longévité de 15 à 20 ans et le coût à environ Rs 50 000.
« Moi, j’avais dépensé presque Rs 70 000, parce que j’avais fabriqué un prototype et j’y ai mis du temps. Mais s’il est fait en usine, il y aura certainement des économies d’échelle. Au départ, lorsque l’appareil sera commercialisé, il faudra un professionnel pour régler les codes, mais ensuite, ce sont les parents qui eux-mêmes apprendront à le faire, un peu comme une voiture », sourit Loovesh.
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