Ce n’est pas un hasard si le conseil d’administration de cet organisme a approuvé un paiement de Rs 19 millions à Kailash Trilochun, puisqu’il ne se réunit pas depuis des mois et prend des décisions importantes par notes circulées…
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Comment une institution gouvernementale en vient-elle à approuver une facture de Rs 19 millions pour les services d’un avocat ? À travers une note envoyée aux membres du conseil d’administration. C’est ainsi que la facture de Kailash Trilochun a été approuvée par l’Information and Communication Technologies Authority (Icta). Selon certaines sources, cela fait plusieurs mois que les décisions importantes sont prises de cette manière. Sans oublicer les minutes of meetings approuvés après six mois, les recrutements décidés et effectués en seulement quelques heures, la disparition inexpliquée de serveurs... Autant de choses étranges qui se déroulent au sein d’une institution qui serait aujourd’hui, selon des employés, « paralysée ».
Le conseil d’administration de l’institution ne se réunit plus depuis que son président Bhanooduth Beeharee a été agressé en mai. C’est ce qui explique que les décisions sont prises par notes circulées. Or, selon un membre du board, « cette façon de décider des choses avec des notes circulées est la cause de tout ce qui se passe aujourd’hui ». Avec cette façon de faire, argue notre source, il y a peu d’opportunités pour analyser un dossier avant de prendre une décision. « Avec une vraie réunion, chacun aurait pu donner son opinion sur les USD 400 par heure de Kailash Trilochun et en débattre. Quand c’est une note circulaire, on ne peut qu’approuver ou pas. » Dans le cas du salaire de Kailash Trilochun, si la majorité des membres l’ont approuvé, personne ne sait combien exactement ont voté pour.
Mais les problèmes de l’Icta remontent à plus longtemps que l’absence forcée du président. Notre source révèle d’autres dysfonctionnements du conseil d’administration de l’Icta : il est arrivé par exemple qu’on demande aux membres d’approuver des procès-verbaux d’anciennes réunions avec six mois de retard.
« C’est le statu quo depuis plus d’un an. Il n’y a pas de projet nouveau », confie un cadre de l’institution. Un ancien membre de la direction de l’Icta affirme que cette absence de nouveaux projets a coûté cher au pays : pour la première fois, Maurice a chuté dans le Network Readiness Index du Forum économique mondial, passant de 4,5 points à 4,1 points. « En 2001, Maurice avait commencé à 2,8 et avait grimpé petit à petit, explique cet ancien de l’Icta. Cette chute est le signe d’un dysfonctionnement. L’Icta ne fait plus que les opérations de routine, comme l’approbation de licences et des tarifs. »
Autre incident qui paralyse l’organisme : plusieurs serveurs ont été saisis l’année dernière et n’ont jamais été retournés. « Un samedi, le Central Criminal Investigation Department a débarqué et saisi plusieurs serveurs », explique cet interlocuteur. Parmi les serveurs qui ont disparu : celui qui contenait le système de comptabilité et la gestion des licences. « Depuis, on le fait manuellement, sur papier », déplore notre source. Cependant, selon un membre du conseil d’administration, l’explication officielle reçue était que c’est le National Security Service et des techniciens de Mauritius Telecom qui étaient venus se saisir des serveurs. « On nous a dit que la raison était secrète et qu’on ne pouvait la révéler », se remémore notre interlocuteur.
Contrat sur-le-champ
Ishwar Boodram, ancien officier de police et secrétaire du conseil d’administration, est aussi la cible de nombreuses critiques. La manière dont il été recruté a fait tiquer un membre du board :
« C’est du jamais vu ! Le président a proposé une motion pour renvoyer l’ancien secrétaire. Et tout de suite après, il a proposé une motion pour le remplacer par une personne qui attendait déjà au rez-de-chaussée ! » Cette personne était Ishwar Boodram. « Le même jour, il a assisté au reste de la réunion pour consigner le procès verbal ! » raconte notre interlocuteur.
Aujourd’hui, c’est Ishwar Boodram l’homme clé à l’Icta, avancent les sources approchées par Le Défi Plus. « Il est le principal conseiller du chairman, mais il s’ingère dans les affaires quotidiennes », regrette l’employé que nous avons approché.
Le recrutement du nouveau directeur, Sunjiv Soyjaudah fait polémique. Le conseil d’administration avait décidé de nommer un comité indépendant pour s’occuper de tout le processus.
La direction a également décidé d’offrir une police d’assurance à tous les membres du conseil d’administration, après l’agression du président. « Seuls les employés sont censés être couverts. C’est comme si on décidait nous-mêmes de revoir nos terms of service alors c’est au ministre de tutelle de le faire », s’insurge le membre du board.
Nous avons à maintes reprises tenté de joindre au téléphone Ishwar Boodram et Bhanooduth Beeharee pour leur version des faits, mais ils sont restés indisponibles.
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