Trublion de la politique indienne né il y a moins de dix ans, l'Aam Admi Party ("Parti de l'homme ordinaire", AAP) a été reconduit mardi à la tête de la capitale Delhi, infligeant une défaite cinglante au Premier ministre Narendra Modi.
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Selon le dépouillement encore partiel du vote de samedi pour l'assemblée législative de la mégapole indienne, qui permet de former le gouvernement régional, l'AAP devrait obtenir une large majorité et rester aux commandes de la capitale pour les cinq prochaines années.
À 17H30 locales (12H00 GMT), l'AAP avait remporté ou était en tête du dépouillement dans 63 circonscriptions sur 70, selon le site de la commission électorale indienne.
Le Bharatiya Janata Party (BJP) de Modi devrait obtenir sept législateurs, soit quatre de plus qu'en 2015, contre zéro au parti du Congrès.
"Cette victoire a donné naissance à une nouvelle forme de politique, la politique du travail", s'est félicité Arvind Kejriwal, ministre en chef de Delhi et fondateur de l'AAP, devant ses partisans en liesse.
"C'est ce type de politique qui fera progresser le pays au XXIe siècle", a ajouté l'ancien militant anticorruption de 51 ans.
Cet ex-inspecteur d'impôts était quasiment inconnu du grand public jusqu'à son entrée en politique dans la lancée des grandes manifestations contre la corruption qui ont secoué l'Inde en 2011, à l'époque dirigée par le parti du Congrès.
Élu une première fois à la surprise générale à la tête de la capitale fin 2013, il avait démissionné au bout de 48 jours seulement en protestation aux blocages opposés à une loi contre la corruption.
Les électeurs avaient ramené l'AAP - dont l'acronyme signifie "vous" en hindi - au pouvoir l'année suivante, en lui accordant 67 sièges sur 70 à l'assemblée législative.
Grâce à son parcours et un programme centré sur l'amélioration de la vie quotidienne des petites gens (électricité, eau courante, transports en commun...), Kejriwal bénéficie d'un large soutien parmi les classes populaires, qui voient en lui l'un d'entre eux.
Conscient de la popularité de Narendra Modi, triomphalement réélu à la tête du géant d'Asie du Sud l'année dernière, le ministre en chef de Delhi évite désormais d'attaquer de front l'homme fort de l'Inde et se concentre sur des questions locales, cultivant une image d'homme humble.
Dans sa tentative de reconquête de la capitale, le BJP a mené une campagne électorale d'une violence inouïe. Certains de ses responsables sont allés jusqu'à qualifier Arvind Kejriwal de "terroriste" à la solde du Pakistan.
Pour l'universitaire Yogendra Yadav, qui était un haut cadre de l'AAP jusqu'en 2015 avant de quitter le mouvement à la suite de différends, la défaite du BJP traduit un rejet du discours agressif de Narendra Modi et du BJP.
"Le BJP a fait un calcul électoral désespéré en se laissant aller à l'une des campagnes les plus communautaristes, haineuses et au vitriol", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Si cela avait réussi, cela aurait été une stratégie reproduite par tout le monde", a-t-il estimé.
AFP
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